J’ai progressivement appris à aimer les vêtements militaires. Vous l’avez peut-être remarqué dans mes dernières sélections leboncoin. Je trouve qu’ils apportent une pointe d’élégance à la fois nonchalante et racée dans un look.Je me suis dernièrement mis à la recherche d’une veste bien particulière dont j’aime le dessin et la forme : la M-1943 Field Jacket, aussi appelée M-43.
On peut en trouver un peu partout sur internet, dans des surplus militaires ou des fripes (je vous mets une liste de boutiques en fin d’article). Les marques produisent d’ailleurs souvent des reproduction de cette veste mythique, avec plus ou moins de réussite. J’ai récemment eu l’occasion de passer chez AW Cooper, une boutique vintage située aux Puces de Saint Ouen, qui propose une belle collection de vestes militaires de l’armée américaine, et notamment cette M-43 originale des années 40 que j’ai adopté !
Pour vous parler de cette veste avec précision, j’ai reçu un coup de pouce de Thibaut Lévêque, un lecteur de VGL passionné de vêtements militaires, fin connaisseur de la Seconde Guerre mondiale et adepte de reconstitutions historiques du quotidien des soldats de cette période. Thibaut, merci pour ton aide et tes conseils.
L’histoire de la veste M43
A l’automne 1942, l’armée américaine cherche à remplacer la tenue M41 – une veste courte doublée en flanelle – et ses dérivés (mackinaw, arctic jacket, etc…). Elle voulait par la même occasion uniformiser les tenues des différents corps de l’armée qui possédaient chacun une tenue propre. D’ailleurs, chaque tenue faisait la fierté des unités qui les portaient (parachutiste, tankiste,…). Mais bon, l’heure était à la rationalisation.
Après avoir développé la tenue et les éléments qui s’y rattachent – pantalon, bonnet, casquette, pullover – l’armée les testa en situation où ils remplirent brillamment les critères d’évaluations qui permettent à tout équipement d’être distribué aux troupes. Car il ne faut pas oublier que ce sont avant tout des outils de travail utilisés de manière intensive dans des situations de crise. Ces vêtements doivent être infaillibles.
Une fois validées, les premières tenues sont distribuées lors de la campagne d’Italie en octobre 1944 – au départ au compte goutte à cause de problèmes d’approvisionnement – puis petit à petit sur le reste du front Européen en novembre 1944 aux parachutistes de la 17th Airborne division, et enfin massivement en 1945.
L’histoire de la M43 venait tout juste de commencer.
Les détails de la M-43 Field Jacket
Le tissu vert olive OD7
Cette veste est taillée dans un tissu en coton satiné type « canvas« , de couleur OD7 – pour Olive Drab n°7 – issu du modèle adopté en 1943.
Les modèles originaux comportent une fine doublure en coton ton sur ton, améliorant le confort de la veste. Cette doublure peut être présente sur les modèles de reproduction, mais parfois avec une couleur différente du tissu principal.
Sur une aussi vieille veste que la mienne, la couleur est passée, mais le tissu a pris une belle patine. Il est très doux et agréable au toucher. On sent qu’il a dû passer bien souvent au lavage.
Le boutonnage et le cintrage
La fermeture de la veste s’effectue grâce à 7 boutons qui sont cachés par une bande de tissu. Ce détail assure une bonne protection thermique, et permet aussi de ne pas accrocher les boutons si on doit se frotter à quelque chose ou ramper à terre sous des barbelés pendant que l’ennemi vous arrose de balles par exemple…
L’extrémité des manches comporte une patte de serrage et un soufflet, pour avoir des manches bien amples qui donne de la liberté tout en gardant des poignets bien ajustés pour ne pas être dérangé dans ses mouvements. N’oublions pas que cette veste est avant tout un outil destiné à des soldats.
La veste comporte un cordon de serrage un peu plus haut que la ligne de la taille, qui permet de faire varier le cintrage : bien la ceinturer l’hiver et éviter que l’air ne circule, ou alors la laisser totalement ample en été pour évacuer la chaleur. En mode urbain, ça permet de la porter chic en lui donnant de la structure grâce au cintrage, c’est très pratique.
Les poches
Elle comporte 4 larges poches : deux plaquées et deux passepoilées. Les deux poches plaquées à soufflet sur la poitrine se ferment à l’aide d’un rabat boutonné, dont le bouton est caché, comme la boutonnière principale. Les poches basses sont elles plus classiques, et se ferment également par un rabat boutonné aux boutons non-apparents.
Ces poches sont de grande capacité et permettent d’emporter beaucoup de choses sans trop avoir l’air volumineuses, contrairement à celles à la Jungle Jacket (Vietnam) par exemple qui sont elles tout de suite très bouffantes.
Une version féminine
La version féminine est quelque peu différente de son homologue masculine, puisque les poches hautes/poitrines ne sont plus plaquées mais passepoilées, comme celles du bas. Les boutons sont cousues à gauche et sont apparents – ce qui conforte l’hypothèse selon laquelle les boutons sont cachés pour ne pas être arrachés, car les femmes ne vont pas au combat à cette époque. Elle peut être portée sur une « Liner Field Jacket« , c’est à dire une doublure plus chaude à placer sous la veste.
La capuche
Les modèles féminins et masculins ont la possibilité de fixer une capuche par des boutons situés sous le col. Elle était disponible en trois tailles : S, M et L. La capuche fut très utilisée par les soldats par temps froid (capuche sur la tête et casque en plus) afin d’être mieux isolés du vent glacial, même si la cagoule de laine était quand même préférable.
Elle n’est souvent plus présente quand on achète un modèle « vintage », car elle est généralement perdue. J’ai eu la chance d’avoir une capuche sur la mienne. Dans tous les cas, il est toujours possible d’acheter une capuche vintage pour compléter votre veste, en espérant trouver le même délavage.
Au final, cette veste est considérée comme la « mère » de la veste M-65 porté par les Marines au Vietnam que vous avez certainement dû voir dans Taxi Driver et qui est devenue une veste encore plus populaire aujourd’hui.
Un modèle versatile très apprécié des soldats
C’est une veste qui a permis aux soldats de passer l’hiver relativement au chaud – bien que l’hiver 44/45 fut terrible – puisqu’elle est conçue dans un coton épais et doublé, et qu’elle peut être portée sur une doublure en poils synthétiques, une « Jacket field pile« .
La veste M-43 est le pivot du changement de tenue et de l’uniformisation opéré par l’armée américaine à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est cette veste qui ensuite donnera une image de « bonshommes tout vert faisant la guerre« , très ancrée dans notre imaginaire collectif, en particulier du fait de la guerre du Vietnam.
L’avis de Thibaut* sur la M-43
« L’utilité de la veste M-43 est pour moi son plus grand atout. En effet, les soldats pouvaient porter beaucoup plus de matériel sur eux qu’auparavant avec les anciens modèles – ce qui est frappant sur les photos d’époque – pour lesquels ils étaient forcés d’avoir un sac. Cette praticité est très appréciable de nos jours, plus besoins de déformer ses jeans avec des portes monnaies, des clefs ou autre puisque tout peut tenir dans la veste (sauf la baguette de pain) !
Par exemple, l’étui des Rayban tiens parfaitement dans les poches hautes, évitant par la même occasion de s’asseoir dessus ou de les écraser. On peut également laisser dépasser une branche de la poche, cela donne un charisme fou a ce qui n’est qu’une poche. En somme, c’est une veste très pratique et bien pensée avec des poches accessibles facilement.
Je trouve que les poches hautes ne sont pas trop agressives en dépit du fait qu’elles soient à soufflet. Également, les poches basses n’alourdissent pas du tout la silhouette et permettent (avec un serrage correct à la taille) d’avoir fière allure.
J’aime la porter ouverte car le tissu épais rend la veste rigide et lui donne une belle tenue sur le corps. Le col est aussi un élément important qui permet de porter la veste avec quasiment n’importe quoi en dessous. Avec une chemise comme à l’origine pour les soldats, ou alors un pull col rond à grosse maille ou plus simplement avec un bon vieux tee-shirt blanc. L’écharpe se porte également très bien avec.
J’aime aussi la finition des poches. On pourrait s’attendre à une finition droite comme sur la jungle jacket ou sur la veste HBT mais non, c’est une finition en pointe stylisée qui habille bien le rabat tout en masquant le bouton. Au final, je porte dès que je peux cette veste car elle est devenue une pièce importante de ma garde robe, pratique, esthétique et robuste, que demander de plus ! »
*Pour info, Thibaut est un lecteur du blog qui m’a contacté sur Instagram pour discuter de la M43 le jour où j’ai posté une photo de ma veste fraîchement achetée. Il est le co-fondateur de la War Memories Association et m’a aidé à rédiger cet article.
Mon avis sur la M-43
Tout comme Thibaut, j’adore le dessin de cette veste. Comme pour tous les vêtements militaires, rien n’est laissé au hasard. Ici on ne parle pas de style, mais d’efficacité. Tout doit être pratique, utile et costaud. On ne peut pas se permettre d’avoir une veste qui soit juste belle.
Ca me rappelle une phrase qui résume le principe du fonctionnalisme en architecture : Form follows function (la forme suit la fonction). C’est exactement la même chose quand il est question de dessiner une veste militaire ou de travail.
Chaque détail à un sens, et ce sens est d’autant plus fort que cette veste a réellement appartenu à un soldat de l’armée américaine : Private Grafe, dont le nom est marqué à l’intérieur de la veste.
Ce n’est donc pas seulement une veste que je porte ici ; pas seulement un vêtement confectionné pour être acheté, mais c’est surtout un petit bout d’histoire. C’est la veste qui a protégé un homme qui a peut-être donné sa vie pour défendre celle des autres. Il a peut être servi en France qui sait.
J’aime me dire que le soldat Grafe serait content de savoir que sa veste est encore portée 70 ans plus tard dans les rues (libres) de Paris.
Où acheter une M-1943 Field Jacket ?
Plusieurs possibilités. Ca dépend si vous cherchez un modèle original vintage et patiné, ou si vous souhaitez un modèle neuf.
Pour les modèles vintage, allez voir en fripe. Si vous êtes à Paris je vous recommande de passer chez Aw Cooper aux puces de Saint Ouen, vous trouverez certainement votre bonheur. Vous pouvez aussi voir chez Brut, ils peuvent en avoir. Autour de chez vous, vous avez peut-être une boutique qui vend ce genre de vestes, une fripe militaire ou non. Ouvrez l’oeil et partagez l’adresse dans les commentaires !
Pour trouver une originale en ligne on peut aussi regarder sur leboncoin, on peut parfois tomber sur un modèle vintage dont un collectionneur se sépare. Mais le meilleur moyen est d’aller chercher sur ebay, il y a toujours énormément de choix. Attention cependant à ne pas acheter une copie, vérifiez bien la réputation du vendeur.
Si vous cherchez une réplique de veste en ligne, Thibaut vous recommande le modèle de chez De Brabander Mfg. Co. vendu par Qmi.be, qui est selon lui la meilleure réplique. « QMI » est un site belge qui dispose de ses propres ateliers pour fabriquer ses vestes, dont elle contrôle parfaitement la qualité et le prix. Pour 69€ c’est une très belle affaire.
Vous pouvez aussi regardez chez Doursoux, un surplus militaire qui propose aussi un réplique de la M43 et aussi la field jacket pile pour mettre dessous. Celle de chez Atthefrontshop.com à l’air très bien fichu. Enfin, la réplique proposée par The Real McCoy est une petite merveille, répliquée à l’identique, fabriquée au japon, avec tous les moindres détails du modèle original, mais elle vous en coûtera 680€. Aie…
Pendre le temps de dénicher la bonne veste
Finalement, après plusieurs mois à attendre de tomber sur la bonne veste, j’ai enfin acheté la pièce qui me donnerait du plaisir à porter. J’ai appris à aimer les détails et les défauts de cette veste marquée par le temps et l’histoire.
A vous de faire de même et d’intégrer une pièce militaire dans vos looks. Le week-end avec un style décontracté ou même la semaine par dessus un costume avant d’aller au bureau, vous serez très « bad ass » !
