Conduire une i8 n’est pas anodin. Quatre ans après sa sortie, la voilà qui s’affuble d’une version Roadster très attendue. Enfin… très attendue des aficionados de cette auto atypique (oui, oui, comme les lofts de 37 m2 sur trois étages) qui d’ailleurs ne peut être examinée et réparée que par certains garages BMW très précis, ce qui rajoute à la rareté.
Pourtant, une fois installé au volant, après avoir soigneusement rabattu la portière en ellipse (on s’y fait, et surtout on ne s’en lasse pas), on est très loin de l’attitude qu’on adopte au volant d’une Ferrari ou d’une Lamborghini. Je m’explique. La BMW i8 est hybride. Un trois cylindres thermique de 231 chevaux et un électrique de 131. Ce qui fait qu’on devient assez vite nature-friendly, et on essaye – en ville du moins – de maximiser la conduite en électrique.
Seulement voilà : les 37 km d’autonomie s’envolent aussi vite que le Super dans les Silver Shadow des années 70 ! La jauge diminue à vue d’oeil, et on est bien content de se dire que le moteur thermique, le vrai, celui qui fait vroom vroom, est là ! Donc pour maximiser la bête : un chargement chez soi, et un autre au bureau. Et c’est bien là la magie de cette voiture : loin d’une 488 GTB ou d’une Huracan, la i8 est une auto qu’on conduit tous les jours en toute occasion. Personnellement, j’ai fait le test avec femme et enfants en bas âge, les sièges arrières sont pile à leur taille, poussette repliée dans le coffre, et zou !
Car oui, la i8 se pilote volontiers sur circuit. La stabilité est impressionnante, elle double « carré », elle vous propulse dans les lignes droites, vous rassure dans les courbes, bref, un vrai kiff. En ville, dans le quotidien des rendez-vous urbains, quand votre smartphone en bluetooth prend le relais de votre tranquillité, la i8 est un compagnon idéal. D’abord, la voiture n’est pas grande, non. « Je ne suis pas sûre que tu rentres dans cette place… » Eh ben si, madame. Et hop !
Oui c’est vrai, on n’est loin d’une visibilité « aquarium » pour faire le créneau, mais la caméra de recul et le rétro droit qui s’incline vers le trottoir en marche arrière (innovation BMW des années 1990) fait que « ça passe crème », sous les yeux médusés du conducteur de la citadine derrière vous qui n’attendait qu’une chose : que vous ressortiez de la place, furibard, après avoir repeint jantes et pare-chocs.
Ensuite, comme dit précédemment, l’efficience est pensée pour l’urbain, pour le zéro émission. Correctement rechargée, vous vous demanderez pourquoi diable la jauge d’essence ne bouge jamais… BMW annonce d’ailleurs une consommation à 2 l/100 km. Et puis ? Et puis la classe, quoi! Le plaisir ultime étant de faire – justement – savoir que c’est votre voiture de tous les jours. Ne la lavez pas trop, laissez les enfants mettre les pieds sur l’arrière de votre dossier, laissez les marques de gouttelettes sur le capot et la petite boue de la campagne sur le bas des ailes. C’est ça qui lui donne de la classe.
Et c’est ça qui la fait distinguer des bolides de 500, 600, 700 chevaux, qui n’ont d’intérêt que si l’on considère une voiture comme une pièce de joaillerie. Certains d’entre vous me diront: on peut conduire une Ferrari 488 GTB ou une Porsche 911 GT3 Touring tous les jours. Je dis oui, mille fois oui ! Mais franchement, n’est-il pas plus dans l’air du temps, aussi parce que nous pensons aux « futures générations » comme le disait le Commandant Cousteau, ou que le réchauffement nous concerne tous et que les derniers orages violents en sont la conséquence, d’allier sportivité à efficience ?
Vive les voitures de 700 chevaux, bien entendu ! Mais de la même façon que vous ne portez pas une Patek Sky Moon Tourbillon au poignet pour aller au bureau, laissez ces bolides pour les circuits ou les balades sur autoroutes allemandes. La BMW i-8 c’est plutôt votre i-watch !
Et si je devait me mêler de la rubrique mode de VGL, que porter au volant d’une i8 ?
Déjà, évitez les gants. A l’heure de la direction électronique, c’est comme mettre des Moon-Boots à Courchevel au printemps, quand tout a fondu. Laissez cela à votre 3.0 CSL de collection (je reste munichois). Typiquement dans l’air du temps, la i8 préférera l’homme branché, portant bracelets et gri-gri au poignet, oubliant les chaussettes au vestiaire dans de beaux souliers de qualité, ou même des sneakers. Une veste bien taillée, une chemise bras retroussés, un jean foncé, et vous êtes dans le trip.
Le soir, elle accueillera fantastiquement le smoking, mais curieusement, je ne me fais pas à l’idée du costume gris classique, cravate et chaussettes.
Question de goût ?