Stop.
Arrêtons d’associer le générique de 007 à Aston-Martin. D’abord, l’espion britannique fut infidèle avec sa propre Bentley conduite par Sean Connery. Puis une série de Lotus avec Roger Moore, des BMW avec Pierce Brosnan, puis tout un tas d’autres voitures comme AMC, Audi, et même une 2CV – scène mythique avec Carole Bouquet dans “Rien que pour vos yeux”.
Ensuite, nous, les cinéphiles autophiles ou vice-versa s’accordons à dire que si James Bond avait préféré une Alvis, une Jensen ou une Bristol, l’une de ces marques serait aujourd’hui au pinacle, peut-être serait entrée en bourse, n’aurait jamais rejoint le musée des constructeurs disparus, tandis que personne dans le grand public n’aurait une idée quelconque d’Aston Martin, qui aurait sans doute fermé peu après la mort de son fondateur, David Brown.
Bref.
Après cette entrée en matière, mon but était quand même de vous parler du nouveau cabriolet de la marque: la DB11 Volante. D’abord pourquoi “Volante” ? Et bien parce que la dénomination, qui existe depuis 1965 sur la DB6 a été extrapolée de l’Alfa-Romeo Discovolante construite par Touring. Et dans l’imaginaire, quelle belle métaphore que voler sur la route, cheveux aux vent…
Bref (c’est le second).
Efficace !
La nouvelle DB11 Volante est efficace. J’aurais pu vous trouver des superlatifs plus romantiques. Mais c’est vraiment ce qui me vient à l’esprit. Depuis l’avènement de la DB11 Coupé en 2016, AMG se charge du moteur. Certains puristes y voient là une hérésie, oubliant sans doute que les Windsor sont cousins avec les familles royales allemandes ! Elisabeth II est cousine avec Ernst de Hanovre. On dit bien “anglo-saxon” que diable ! D’autre part, les clients Aston ont plutôt accueilli la nouvelle avec soulagement, le V12 “maison” ayant parfois manqué en fiabilité et donc … en efficacité. Est-il vraiment ainsi nécessaire de rappeler l’échec au Mans en juin dernier ?
Ainsi, les connaisseurs de Mercedes à l’ouïe fine distingueront la signature sonore au démarrage. Ce léger sifflement par dessus la culasse. Typiquement Mercedes. Mais bon, Aston n’avait pas vraiment de signature sonore, donc mettons ce détail de côté. Deux moteurs au choix: un V8 de 510 chevaux, un V12 de cent chevaux de plus. On est dans l’exceptionnel, l’irrationnel, le pas nécessaire.
Aujourd’hui, toute voiture de plus de 200 chevaux n’est pas nécessaire… Mais en disant cela, certains imaginent déjà une Aston downsizée, 1 litre de cylindrée accouplée à un moteur électrique. Riez, riez… cela arrivera ! Mercedes est aussi présent intérieurement : les connaisseurs reconnaîtront les commodos et la molette pour le divertissement. Le reste en revanche est dans la lignée de ce qu’on a connu sur la DB9, en commençant par la boîte à boutons poussoirs juchée sur la console centrale.
Un moteur époustouflant
Nous avons testé une version équipée du huit cylindres. Plus légère évidemment, elle n’en reste pas moins une voiture de très grand tourisme. Et là où, par exemple, le huit cylindres turbocompressé de la Ferrari GTC4 Lusso pêchait par son bruit peu mélodieux par rapport à l’incroyable V12, ce n’est nullement le cas ici. L’orchestre philharmonique est devenu symphonique, oui, mais la 5ème de Mahler n’est pas devenu du Hard-Métal. Restons calmes.
Nous voilà propulsés de façon digne et sonore. Sur l’autoroute, à la réaccélération, j’ai même eu droit à des sourires complices. C’est un signe, spécialement de la part d’automobilistes qui avaient disposé un gilet jaune sur leur pare-brise.
Comme Arnaud ici, j’aime bien mettre le nez dans le moteur !
Mais une fois après avoir stabilisé le 130km/h, que faire de 510 chevaux ? Et bien roulez. Que vous dire? Roulez autant que vous pouvez. Ne pas faire peiner votre moteur à chaque dépassement. Faire un kick down du bout de l’orteil, pas besoin d’écraser. Si vous préférez actionner les palettes, c’est encore plus grisant. Sous une ligne ostentatoire, qui vous met un peu à distance, comme souvent les voitures britanniques, ce cabriolet est joueur.
Une fois actionné les suspensions sport, on peut s’adonner aux routes à lacets. Le confort est là, même si la capote peut s’avérer bruyante à pleine vitesse. De même, mettez le chauffage, car oui, vous sentirez un peu l’air passer. Les assises enveloppent bien, mais au bout de 300 km sans arrêt, vous sentirez une fatigue dans les fessiers. L’Aston, c’est donc la plus belle fille de la classe, mais elle vous en fait baver un peu.
Totalement addict !
Mais c’est justement comme avec toutes les jolies filles… on leur pardonne tout ! Retenir quelques désagréments dans une voiture aussi magique, aussi attachante, aussi rare ? A quoi bon? L’Aston Martin DB11 Volante vous fait frissonner rien qu’à l’évocation de son nom complet. Elle nous transporte, nous fait frémir.
Et comme nous sommes de grands malades, le soir, en se brossant les dents devant la glace, on se parle à soi-même: vous avez quoi comme voiture ? Une Aston Martin DB11 Volante. Ça y est. Elle nous tient. Elle nous a marabouté. Beigbeder aurait dit “Aston moi un peu, s’il te plait”. Et certains ont bien de la chance, de s’astoner au quotidien.
Que porter dans une Aston Martin ?
Même si les directions assistées et pilotées de 2018 ont totalement supprimé l’utilité des gants, mettez-en. On conduit une Aston avec des gants. Les marques sont nombreuses, différentes. Mon camarade Arnaud pourra vous en conseiller.
Personnellement, je les achète chez Sermonetta, à Rome.
Ensuite, une Aston se conduit en smoking bien sûr (évitez le col cassé, à l’américaine), en costume (de qualité s’il vous plait), en tenue de campagne, et l’été tout en lin. La panoplie est donc grande mais comme c’est une voiture de qualité, mettez-y du vôtre, et privilégiez les belles matières !
Photos : Jean-Philippe Joseph pour Verygoodlord
