Dans le paysage des jeunes marques horlogères qui font du bruit, CODE41 est certainement celle qui sait le plus se faire entendre. En 2019, nous avions testé la Anomaly 01, une première montre réussie mais conçue à partir d’un cahier des charges relativement standard. Boitier dessiné par la marque, mouvement fabriqué en série par un industriel réputé, quelques partis pris stylistiques pour rendre le tout plus attractif. Quand on lance une marque horlogère, c’est une manière classique de procéder, qui fonctionne très bien.
Très récemment, cette marque a proposé à sa communauté ce que peu de « petites » marques osent faire : produire un mouvement de « manufacture » à un prix raisonnable et fabriqué dans des quantités relativement importantes (ndlr : plus de 1800 pièces vendues depuis 2019).
CODE41 : l’horloger communautaire
Jeune pousse de l’horlogerie Suisse décomplexée, CODE41 a été fondée en 2016 avec pour objectif de créer une marque communautaire, en lien direct avec ses clients qu’elle sollicite fréquemment au moyen de sondages en ligne, à la manière d’un Forlife ou Asphalte dans la mode masculine. Elle se veut transparente dans ses prix et dans sa fabrication, qu’elle revendique à 90% « Swiss Made ». Proposée en précommande depuis 2019, le modèle X41, fidèle à ces valeurs, revient pour une Édition 6.
Voici la nouvelle X41 Edition 6 en vidéo.
Un mouvement de « haute horlogerie »
Cette appellation de haute horlogerie revendiquée par la marque est osée pour une maison si récente. Cependant, CODE41 s’est donné les moyens d’aller au bout de son projet. Si l’Anomaly n’était alimentée que par un mouvement grand public, la X41 embarque quant à elle un réel mouvement de manufacture développé par la marque et produit par un atelier partenaire (ndlr : Timeless Manufacture).
Ce mouvement automatique heure / minute / seconde centrale / grande date offre une précision de -2s/+10s par jour et une réserve de marche de 45 heures une fois remonté totalement. Ce remontage se fait au moyen d’une masse oscillante périphérique, détail assez rare pour le souligner. Généralement, la masse oscillante d’une montre automatique est fixée à un axe, soit situé au centre en surépaisseur, soit excentré et fixé dans l’épaisseur du mouvement (on appelle cela un micro rotor).
Ici, la masse oscillante encercle le mouvement et transmet son énergie au moyen d’engrenages situés sur sa face interne. La rotation d’une pièce au poids déséquilibré est toujours l’origine de la création d’énergie permettant de remonter la montre, mais la technique est sensiblement différente. Cela permet de réduire l’épaisseur du mouvement, donc du boiter et de la montre au global, mais aussi de se différencier des autres marques, point d’importance pour CODE41. Au final, le boitier de 42mm de largeur ne fait que 11,7mm d’épaisseur.
Les évolutions de la X41 Édition 6
Si le mouvement reste inchangé, il faut d’abord noter les 2 nouvelles couleurs de mouvement X41 retenues par la communauté, sur les 9 qui ont été soumises au vote : le vert olive et l’arc-en-ciel. Ces deux nouvelles couleurs de pont du mouvement viennent compléter les 3 premières : bleu, noir et gris.
Du côté des accessoires, le bracelet translucide est l’autre nouveauté de cette Édition 6. Cela va de paire avec le boîtier entièrement en saphir qu’il complète très bien. Parlons d’ailleurs de cette vraie nouveauté.
Le nouveau boiter Saphir de la X41
Pour cette nouvelle édition, la marque reconduit des matériaux « classiques » proposés précédemment : le titane et le carbone. Le titane utilisé est classé grade 5, c’est à dire qu’il est extrêmement résistant à la corrosion et aux contraintes mécaniques. Le carbone est dit « Aerocarbon », un adjectif propre à la marque pour préciser qu’il s’agit d’un carbone aéronautique haute densité, 2,5 fois plus résistant à la flexion que l’acier, 2 fois plus léger que le titane et 4 fois plus léger que l’acier.
Mais la grande nouveauté de cette année est ce boitier entièrement fabriqué en saphir, le même matériau qui compose les verres saphir. Ce n’est en rien une innovation puisque cela fait plusieurs décennies que l’industrie sait manier le saphir pour en faire des boitiers. Cependant, il est plus que rare de trouver ce type de détail sur une montre à moins de 20.000€ actuellement. Les dernières en date, Bell & Ross X1, Hublot Big Bang Tourbillon Automatic Purple Sapphir ou Richard Mille 56-01 Sapphire Crystal Tourbillon vont bien au delà des 150.000€.
Il est ainsi exceptionnel que la marque arrive ici à proposer une montre à mouvement de manufacture fabriquée en Suisse avec boitier saphir à partir de 14.993€. Une prouesse que seule une startup horlogère peut se permettre de tenter.
Une montre disponible en précommande
Cette nouvelle X41 est disponible uniquement sur le site de la marque (code41watches.com) en précommande du 12 avril au 4 mai 2022. Elle est personnalisable et on peut choisir à la fois matière du boitier, la couleur du mouvement et le type de bracelet qui est livré.
Une marque qui fait parler d’elle
Si la marque hérisse les poils de certains, elle a le mérite d’affirmer son style sans complexes. Elles ne fait pas dans l’historique, le néo vintage ou l’inspiration, mais invente ses propres codes pour conquérir une clientèle qui cherche de nouvelles valeurs. Elle propose aux amateurs d’horlogerie une voie singulière, en dehors des jalons posés par d’autres marques.
J’ai conscience que ce type de marque ne peut pas plaire au plus grand nombre. D’ailleurs, c’est ainsi qu’elle voit les choses. Au delà de la transparence et de l’aspect communautaire, ce courage d’entreprendre force mon respect. Il est aussi courageux d’aller se placer dans un positionnement prix largement au dessus de nombreuses grandes marques réputées, tout en ayant pour vocation de créer une marque « grand public » qui use du financement participatif et d’un marketing loin d’être avare en superlatifs.
Certes, le petit milieu de l’horlogerie consensuel peut se trouver bousculé par une jeune marque un peu trop ambitieuse à ses yeux. Il faut toutefois compter sur elle pour proposer à l’avenir d’autres montres qui bousculeront les « Codes ».
