Ce n’est pas la première fois que je vous parle de Citizen sur Verygoodlord. Si la marque japonaise est bien connue pour ses montres de qualité aux prix contenus (la plongeuse NY0040 reste une référence incontournable), on sait moins qu’elle a créé sa propre division haut de gamme en 1995, « The CITIZEN », d’abord destinée au Japon. En 2018, vingt-trois ans après sa création, la France devenait l’unique pays étranger à pouvoir distribuer la distribuer. Nous voici en 2021 et le moment est venu pour nous de comprendre ce qui fait la singularité de cette « marque dans la marque ».
Chronomaster Eco Drive « Blue & Black Eagle »
Que vous jetiez votre dévolu sur le modèle « Aigle bleu » ou « Aigle noir », la marque japonaise les a tous deux dotés d’un cadran de 39mm de diamètre. Ces deux pièces, limitées à 300 exemplaires chacune, partagent beaucoup de points communs mais diffèrent sensiblement dans leur esthétique.
Pour ce qui est des similarités, elles sont toutes deux dotées d’un verre saphir, d’une couronne à 3h, d’un bouton poussoir de réglage de la date à 2h, d’une base de cadran avec index bâtons polis et luminescents, d’un guichet date à 3h encadré par une finition acier brillant, d’aiguilles bâton elles aussi polies et luminescentes et d’un rehaut gradué chaque 5 minutes. Enfin, le logo Citizen est présent à 12h tandis que le symbole de l’aigle représentant la marque se situe à 6h, au dessus de la mention “Chronomaster”.
La Chronomaster Black Eagle
Au risque de décevoir les nombreux fans de Barbara, la version AQ4054-01E a été baptisé « aigle noir » en raison de la couleur du boîtier, obtenue grâce à un revêtement bien spécifique. Concrètement, si les deux montres arborent le même boitier en acier inoxydable, le traitement de surface lui diffère. Dans le cas de la « Black Eagle », c’est le traitement Duratect DLC ( diamond-like carbon) qui a été retenu. En plus d’améliorer considérablement la dureté de surface de l’acier, il permet d’obtenir une couleur éclatante et profonde. Pour les plus curieux, sachez que ce type de revêtement sur métal d’une grande finesse s’obtient grâce à une méthode nommée PVD (dépôt physique par phase vapeur). Pour résumer simplement la chose, la matière de départ (la source), solide ou liquide, passe progressivement par un état gazeux pour pouvoir se fixer finement sur un support sous forme solide. Oh Yeah ! C’est ce traitement qui permet d’obtenir un métal noir très profond. On est très loin de la simple couche de peinture.
Pour vous donner un ordre de comparaison, ce modèle traité Duratect DLC est plus de cinq fois plus dur qu’un modèle en acier inoxydable qui ne le serait pas. Comment calcule-t-on cela ? On utilise l’échelle de dureté « Vickers » (Hv) puis l’on compare les résultats : la dureté de la Black Eagle est comprise entre 1 000 et 1 400 Hv tandis que celle d’une montre en acier inoxydable non traitée a une dureté d’environ 200 Hv, contre 30 à 40 Hv pour un modèle en platine.
Intéressons maintenant aux différences de cadrans. Contrairement à sa petite sœur qui dispose d’un joli cadran bleu soleillé, le modèle « Black Eagle » voit le sien s’orner de stries verticales, apportant du relief et du raffinement. C’est une finition assez originale qui me plaît beaucoup.
La Chronomaster Blue Eagle
La montre « aigle bleu » référence AQ4050-02L, contrairement au modèle précédent, se distingue par un cadran soleillé bleu marine qui contraste parfaitement avec le boitier en acier inoxydable recouvert d’un traitement Duratect Platinum. Ce dernier, en plus de rendre l’acier 5 fois plus résistant (1000 Hv contre 200 Hv pour un acier non traité) permet d’afficher une jolie couleur argentée, brillante et quasi translucide. Le boitier, lui, est travaillé finement, avec de belles arêtes acérées rendues apparentes grâce à la technique de polissage miroir « Zaratsu » dont je vous parlerai plus en détails à la fin de l’article. La lunette polie est quant à elle dépourvue de toute indication pour un rendu épuré. Le bracelet bleu marine en cuir brillant à motifs croco est équipé d’une boucle déployante en acier brillant.
Le rendu global de cette montre est particulièrement intéressant. C’est le modèle que je préfère. La profondeur de son cadran lui donne une belle présence au poignet et la taille contenue est parfaite pour les petits comme les moyens poignets.
Je crois que je vous ai tout dit concernant ces deux premiers modèles. Comment ça va jusqu’ici ? Plutôt séduits ?
Jounestsu Super Titanium
Pour la seconde référence, j’ai choisi un modèle en titane. Mais pas n’importe quel titane, non non, du « Super Titanium », le métal signature de la maison. Faisons un saut dans le passé pour comprendre le lien qui unit Citizen à ce métal. Prêt Marty ?
Le Super Titanium : ultra léger et ultra robuste
En 1970, Citizen lance la toute première montre-bracelet en titane sous le petit nom de « Citizen X-8 Chronometer ». Le X représentant le signe de l’inconnu et le 8 le symbole de l’infini. La voici ci-dessous, avec son boitier à la forme très originale et son cadran absolument magnifique. Une belle pièce de collection.
Malheureusement, Citizen était un peu en avance sur son temps et le titane de l’époque était très compliqué à travailler et se rayait facilement. Cela a poussé la marque à développer son propre matériau, appelé « Super Titanium™ », qui est à la fois hypoallergénique, 40% plus léger que l’acier, résistant à la corrosion, solide et surtout 5 fois plus résistant aux rayures que l’acier. Avec autant de qualités, pas autant que Citizen ait choisi de créer une gamme exclusive « Citizen Super Titanium », proposant des montres d’exception conçues dans ce métal. La Citizen Jounestsu Super Titanium en fait évidemment partie.
Les première sensations au poignet
Cette édition limitée référence AQ4020-54W possède un boîtier et un bracelet en Super Titanium. Quand on le porte, ce modèle étonne par sa légèreté. Avec seulement 80 grammes sur la balance, voilà une montre qui sait se faire oublier rapidement. D’autant que le boitier ne fait que 37,5mm de diamètre pour 10,5mm d’épaisseur. Il est d’ailleurs équipé d’une couronne à 3h et d’une finition brossée / polie avec de jolies arêtes saillantes, visuellement très réussies.
Côté cadran, la marque a puisé l’inspiration dans la nature, et plus spécifiquement auprès des érables japonais dont les feuilles prennent plusieurs teintes de bordeaux au cours de l’année. Le motif quadrillé évoque quant à lui la trame d’un tissu « Ripstop« , que l’on retrouve sur de nombreux vêtements militaires. Le guichet date à 3h est entouré d’un cadre qui le met en valeur. À l’exception de la date, aucun chiffre arabe n’est présent sur le cadran. Pour lire l’heure, il faudra compter sur les index présents sur le cadran et gravés sur le rehaut. De quoi admirer les sublimes aiguilles « lances » et la trotteuse bâton. Pour protéger le tout, un verre saphir vient équiper le cadran. De quoi voir venir !
On retrouve l’aigle aux ailes déployées, symbole de la collection « The Citizen », sur le
cadran, le fond du boîtier et la couronne de ce nouveau modèle. Pour la marque, « Il symbolise la confiance et la fierté de la maison Citizen dans son horlogerie, et les montres The Citizen perpétuent cette tradition avec la mention Chronomaster, située à six heures.«
Voir la The Citizen « Jounetsu » ref. AQ4020-54W
The Citizen Chronomaster Washi
Je ne pouvais pas terminer cet article sans vous parler de la Chronomaster « Washi ». Le nom de ce modèle vient du papier « washi », dont le « Wa » signifie « japonais » et « Shi » qui signifie « papier ». Il est utilisé notamment pour diffuser la lumière dans les maisons japonaises. Ce papier très résistant est composé de fibres de mûrier sauvage entrelacées. Il est inscrit depuis 2014 au patrimoine immatériel de l’humanité.
Il est ici utilisé pour créer un cadran riche en détails, si tant est qu’on prenne le temps de le regarder de près. De loin, c’est un cadran blanc classique, mais dès que l’on s’approche, on remarque la structure et les reliefs du papier. Ce modèle fait 38,4 mm de diamètre pour 12,5 mm d’épaisseur, et son boitier est aussi conçu en Super Titanium. Elle est disponible et noir ou en blanc.
Voir la Chronomaster blanche ref. AQ4020-54Y – noire ref. AQ4030-51E
Un mouvement commun : le calibre Eco Drive A060
Ce mouvement dit « Eco Drive » est animé par du quartz. En règle générale, ma préférence va aux montres mécaniques plutôt qu’aux montres quartz. Cependant, l’intérêt principal de ce mouvement réside dans le fait qu’il est animé par une sorte de panneau solaire situé derrière le cadran, offrant une « réserve de marche » de 7 mois, en admettant que vous laissiez votre montre dans un tiroir après l’avoir entièrement rechargée.
Mais comment la recharger ? Tout simplement en la portant à votre poignet, sous une lumière naturelle ou artificielle. Le calibre, équipé de 23 rubis, va alors alimenter sa pile Panasonic CTL 621F rechargeable à l’aide de l’énergie photovoltaïque. Cela permet d’avoir une montre toujours à l’heure et à la date du jour, même si vous la laissez plusieurs jours dans l’obscurité. Vous pourrez d’ailleurs afficher le niveau de charge de votre batterie en pressant le bouton situé sur le côté, lequel sera affiché par l’aiguille des minutes.
Ce mouvement extrêmement développé, doté d’un détecteur de choc figera les aiguilles en cas de coup ou de chute de la montre, empêchant ainsi qu’elle ne se dérègle. Si cela arrive, la montre réalignera les aiguilles à la bonne heure. Elle est aussi dotée d’un mode « veille » qui va limiter la consommation d’énergie si vous ne portez pas la montre pendant un certain temps. On peut aussi remarquer que ce mouvement est extrêmement précis, puisque la marque assure une variation maximale annuelle de +/- 5 secondes.
Même si l’on est plus dans le domaine du charme que dans celui de la technique, observez la finition du mouvement et celle du changement de date. Vous ne verrez sans doute jamais votre montre sans son fond mais sachez que le mouvement A060 est joliment décoré et ne ressemble pas aux quartz qu’on a l’habitude de voir. Je vous mets ici une photo provenant du forum Watchuseek qui montre cela.
Enfin, le passage d’une date à la suivante est tout aussi beau. Il change à minuit pile avec un léger glissement d’un chiffre à l’autre, tout en douceur. C’est assez rare. Je ne suis d’ailleurs pas certain d’avoir déjà vu cela ailleurs.
Une collection aboutie et limitée
Citizen montre ici son plus beau visage avec sa division « The Citizen », offrant des produits plus travaillés, confectionnés avec un niveau de technicité supérieur et affichant des finitions qui justifient des tarifs plus élevés que le reste de la gamme.
On peut notamment parler de cette technique particulière de polissage dit « Zaratsu » qui permet d’obtenir un poli miroir sans déformation. Cela est rendu possible grâce à une gestion très précise de la température et de la lubrification des disques de polissage lors de l’opération. C’est un polissage plus long et plus méticuleux, mais il donne in fine un rendu incomparable. Regardez l’image suivante, c’est très parlant.
Polissage Zaratsu Polissage Classique
Je me dois aussi de mentionner la très belle qualité de l’anti-reflets de ces montres qui permet d’obtenir des cadrans très lisibles même dans des conditions ensoleillées. C’est particulièrement sympa quand on souhaite les photographier.
Ces montres sont toutes éditées en éditions limitées. Comptez 400 exemplaires monde pour la « Jounestsu » qui est proposée à 2795€, et 300 exemplaires monde pour la Black Eagle et la Blue Eagle, elles aussi à 2795€.
