Au sein du Swatch Group, il n’y a sans doute qu’une seule marque dont l’ancienneté*, l’aura et le savoir-faire permettent de rivaliser face à un Rolex. Vous vous en doutez, je veux bien sûr parler d’Omega. Rien qu’à l’évocation de ce nom, certains doivent avoir tout un tas d’images en tête. De la conquête spatiale aux Jeux Olympiques en passant par le plus célèbre des espions anglais, Omega a imprimé sa marque dans l’imaginaire collectif et a fait fantasmer des générations d’amateurs de belle horlogerie. C’est là sa force. Je vous propose donc de remonter le fil et de découvrir ensemble l’histoire de cette marque d’exception.
*j’ai mis de côté Breguet qui est beaucoup plus classique.
Les débuts : Louis brandt & fils
Tout commence en 1848 lorsque Louis Brandt, horloger de 23 ans, décidé d’ouvrir un petit atelier d’établissage dans sa maison familiale de La Chaux-de-Fonds. Son objectif est clair, produire des montres d’une grande précision. Année après sa réputation grandit en suisse et se propage en Europe.
Après 31 ans d’exercice, Louis Brandt décède et ce sont ses deux fils, Louis-Paul et César qui reprennent son activité. Dès 1880, l’entreprise est renommée Louis Brandt & Fils et déménage dans des locaux plus grands, à Bienne. On peut donc déjà noter que la marque Omega ne s’appelle pas comme cela depuis le début de son existence, ce qui n’est pas rare dans l’horlogerie.
Cinq plus tard, la société va dévoiler son tout premier calibre entièrement fabriqué en série, véritable révolution technologique pour l’époque. Ce mouvement, nommé « Labrador ». Il affiche d’excellentes performances chronométriques et fait la renommée de la « marque ».
En 1892, les deux frères présentent une montre-bracelet atypique, capable de sonner les minutes et les heures à la demande. Ce modèle suscitera l’admiration du public.
La naissance de « Omega »
Deux ans plus tard, en 1894, un tout nouveau mouvement va accélérer la transformation de l’entreprise. Il s’agit du calibre 19 lignes, conçu par François Chevillat et fabriqué en série et dont toutes les pièces sont interchangeables, rendant possibles des réparations par n’importe quel horloger.
C’est également la première fois que le remontage et le réglage de l’heure se fait au niveau de la couronne et de la tige. Ce mouvement est surnommé « Omega », si bien que, face au succès de ce dernier, c’est l’entreprise elle même qui sera renommée Omega Watch Co à partir de 1903. À ce moment-là, Omega devient le plus grand fabriquant de montres finies de suisse.
Récompenses et innovations
Le début du siècle est particulièrement florissant pour Omega. En 1900, la marque remporte le grand prix de l’exposition universelle de Paris grâce à son temple grec, une montre d’un grand raffinement reprenant l’esthétique de la Grèce antique.
Malgré une crise majeur touchant le secteur à la fin des années 1900, la première guerre mondiale et des mouvements sociaux liés aux conditions de travail, la société sort la tête de l’eau en opérant un rapprochement avec Tissot. Ironie du sort, elles sont aujourd’hui toujours toutes les deux dans le « Swatch Group ». Peu de temps après le krach boursier de New-York, Omega remporte le concours de l’observatoire de Genève, où elle bat des records de précision lors de 6 épreuves. Cette précision unique est mise à l’honneur lors de grandes compétitions sportives internationales.
Le chronométreur officiel des Jeux Olympiques
En effet, en 1932, Omega devient Chronométreur Officiel lors des Jeux Olympiques de Los Angeles. Rôle qu’elle conserva au fil des années, tout en améliorant ses technologies de mesure.
Depuis son arrivée en 1932, la marque Omega a été le Chronométreur Officiel des Jeux Olympiques à 30 reprises. Elle a toujours ce rôle aujourd’hui.
Cette même année 1932, Omega s’illustre avec la sortie du modèle Marine. Il s’agit d’une montre unique au monde puisqu’elle dispose d’un système de double boîtier. On note également la présence d’un joint en liège pour l’étanchéité et d’un bracelet avec fermoir ajustable pour porter sur une combinaison de plongée. Pour l’époque, ce modèle étanche à 135 mètres est une révolution.
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En 1936, c’est l’observatoire de Teddington au Royaume-Uni qui attribue à Omega la note record de 97.8 points / 100 au concours international des chronomètres. Aucun calibre n’a battu ce record depuis.
Pendant la seconde guerre mondiale, Omega fournit les forces armées britanniques et les alliés, tout comme Hamilton. L’effort de guerre entraîne des avancées notables en terme d’anti magnétisme, de résistance aux chocs et d’étanchéité.
Pendant les années qui suivent, Omega dévoile son premier modèle automatique, puis sa première montre bracelet à mouvement tourbillon. Ce modèle remporte d’ailleurs de nombreux prix de précision.
Des modèles signatures
À l’occasion du centième anniversaire de la maison en 1948, Omega dévoile un tout nouveau modèle, déclinés en deux versions. Il s’agit bien sûr de la Seamaster, qui bénéficie de toutes les avancées réalisées pendant la période de guerre. En altitude comme sous la mer, cette montre est prête à relever tous les défis. En 1956, la montre sera accrochée à la carlingue d’un avion au départ d’Amsterdam vers le Canada pendant 9 heures de vol. Exploit qui verra la montre intacte à l’arrivée.
Quatre ans après la sortie de la Seamaster, c’est au tour de la Constellation d’être dévoilée. Il s’agit d’une montre élégante et précise, dotée d’un boîtier dorée et d’un cadran facetté sector blanc, rehaussé par des index coniques dorés et facettés. Sur le fond de la montre, on retrouve un observatoire gravé accompagné de 8 étoiles, qui représentent les concours de précision remportés au 20ème siècle.
L’utilise des étoiles comme symbole de précision est souvent retrouvé dans l’horlogerie, notamment chez Longines avec ses 5 étoiles.
La naissance de la Speedmaster
Après une incursion du côté des montres automatiques féminines, Omega va sortir le grand jeu en dévoilant sa gamme professionnelle au public en 1957. Au sein de cette triade légendaire, on retrouve la Speedmaster, certifiée par la NASA en 1965, la Seamaster 300 étanche à 200 mètres et la Railmaster, résistante aux champs électromagnétiques.
Le 21 Juillet 1969, c’est le jour J. L’homme foule la lune de son pied pour la première fois, une Speedmaster au poignet. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour Omega. À partir de cette date, la popularité du modèle et l’aura globale de la marque ne vont faire que croître, au fil des missions spatiales successives et des exploits accomplis.
Cette Speedmaster est encore aujourd’hui le bestseller de la marque. Elle fait partie des montres iconiques qui sont rentrées dans l’histoire par la grande porte. Récemment la marque s’est associée à Swatch pour lancer la Moonswatch qui a été un carton total.
Omega et le quartz
En 1974, après 10 ans de développement, Omega dévoile son tout nouveau mouvement mégaquartz, logé dans une petite montre-bracelet. C’est la première fois qu’un mouvement si petit obtient la certification « chronomètre de marine » avec ses 0.002 secondes de dérive journalière. Une version sera proposée au public par la suite.
En 1978, le modèle Seamaster Professional 200, reconnaissable à son boitier octogonal et à son cadran noir, est officiellement choisi par le service hydrographique et océanographique de la marine française. Depuis, on a pris l’habitude d’appeler ce modèle SHOM.
Omega à l’aube du 21ème siècle
Déjà rattachée à la SSIH depuis les années 30, la crise du quartz force Omega à rejoindre la SMH, plutôt que d’être rachetée par Seiko. Cette fusion a lieu en 1983, un an avant qu’Omega perde son statut de manufacture. Aujourd’hui, elle représente le haut-de-gamme du Swatch Group avec par exemple Breguet ou Glashütte Original.
En plus de ses engagements sportifs, scientifiques et environnementaux, Omega voit ses produits associés à l’univers James Bond. Dès 1995, la Seamaster 300 Quartz est mise à l’honneur dans « GoldenEye« . Des versions Chronometer, Planet Ocean suivront dans les films suivants, avec Pierce Brosnan et Daniel Craig.
En perpétuelle quête d’innovation, la marque dévoile un nouvel échappement révolutionnaire très fiable, sur lequel les frottements sont réduits. Nommé Co-Axial, il va devenir la marque de fabrique Omega sur les modèles à venir. Plus tard, en 2008, c’est un tout nouvel échappement en silicium, le Si14, qui sera ajouté, permettant une meilleure stabilité chronométrique et réduisant les déviations.
En 2000, Omega ouvre sa toute première boutique à Zurich. Aujourd’hui, la marque dispose de 300 boutiques dans le monde et génère pas moins de la moitié de la marge totale du Swatch Group. En termes de résultats, la marque se situe en troisième position, derrière Rolex et Cartier. En 2019, c’est un musée qui a ouvert ses portes à Bienne. Avis aux amateurs de montres et d’Histoire qui voudraient en savoir plus sur l’univers Omega à travers des pièces d’exception et des archives.