JEAN-MANUEL MOREAU

test avis costume jean manuel moreau

Si je prends toujours le temps pour rédiger mes tests, je dois dire que là je vais battre un record. Cela fait plusieurs années que j’ai testé la mesure chez Jean-Manuel Moreau. On ne pourra pas dire que je n’ai pas un bon retour d’expérience sur le produit !

Il faut dire que ce n’est pas facile de bloquer Jean-Manuel 30 minutes pour qu’il me raconte son parcours. Il n’y a pas beaucoup de littérature sur cette personne discrète et souriante dont on peut croiser la silhouette longiligne dans les rues du « Triangle d’Or » à Paris, ou dans celles de Florence 2 fois par an pour le Pitti Uomo. Toujours impeccable et en costume même sous 35 degrés, « J 2 M » – qu’il ne faut pas confondre avec un autre businessman – est devenu une figure incontournable dans le domaine du « tailoring » à Paris, et dans le monde.

La création de la boutique « Jean Manuel Moreau »

Selon ses mots, rien ne le prédisposait à se lancer dans le vêtement. Pas un parent passionné ni même une tradition familiale. Sorti d’une grande école de commerce, il allie un côté artiste avec une fibre commerciale nécessaire à faire naitre et perdurer une entreprise.

« C’est le virus du menswear qui m’a gagné petit à petit au fil des années. J’ai une vision à la fois passionnée et réaliste de mon travail. »

Jean-Manuel Moreau

Il a commencé rue de la Renaissance au début des années 2000 sur un concept au départ concentré sur la chemise. Le but était de proposer des chemises sur-mesure à des prix raisonnables. Le concept s’appelait à l’époque « Tailormail », mais au fil du temps le niveau des produits était devenu tel qu’il a eu envie d’y imprimer son nom et de proposer aussi des costumes sur-mesure. Il est certain qu’il faut avoir confiance en ce qu’on vend quand on décide de donner son nom à sa marque.

Le costume « Jean-Manuel Moreau » que je porte ici avec une paire de mocassins Crockett & Jones.

La recette est la même depuis presque 20 ans. Jean-Manuel s’entoure de personnes de confiance à la fois à Paris et en Italie. Pour les chemises, il travaille avec Domenico Mazzarelli de la « Camiceria Mazzarelli » située dans les Pouilles (sud-est de l’Italie) et pour les costumes il fait confiance à Orazio Luciano, un grand nom du tailoring Napolitain. Voila presque 20 ans qu’il entretien des liens très forts avec ses « sous traitants », qu’on peut plutôt appeler des partenaires.

« On est au téléphone toute la journée avec l’Italie. On a l’impression d’avoir l’atelier à côté de la boutique ».

Jean-Manuel Moreau

À Paris, Jean-Manuel est épaulé par Nicolas (ci-dessous avec Jean-Manuel), son bras droit depuis une dizaine d’années. Que dire sur Nicolas, sinon que c’est une personne d’une rare gentillesse, qui transporte avec lui un sourire permanent et communicatif. Toujours impeccablement habillé, il est un modèle d’élégance tant vestimentaire qu’humaine. Un vrai gentleman qui distille discrètement sa bienveillance.

Arrivée récemment, Si Young Park est la benjamine de l’équipe venue la renforcer avec style, et une inimitable bonne humeur. Bref, vous avez sûrement saisi qu’on passe rarement un mauvais moment au 3 Rue Chambiges. Je dois aussi préciser qu’un tailleur-retoucheur vient compléter l’équipe pour effectuer toutes les retouches et modifications nécessaires, sans devoir faire retourner les pièces sur leur lieu de production. C’est une personne clef chez JMM, dont le talent ne cesse d’être salué par Jean-Manuel.

La spécificité de Jean Manuel Moreau

Quand il a débuté, il était presque le seul à évoluer dans une zone un peu à part entre la mesure industrielle et la vraie grande mesure réalisée par une poignée de maisons. L’idée était d’utiliser une méthode « Made to Mesure« , pour pousser au maximum ce qu’un outil comme celui-ci peut donner dans un atelier traditionnel, en plus des modifications faites localement avec un tailleur retoucheur à Paris.

Pour la conception des costume, tout se fait chez Orazio Luciano où travaillent une vingtaine de personnes. Tout est coupé par Orazio lui-même ou son second en chef, Lorenzo. C’est important de le noter car c’est une partie déterminante de la conception d’un costume. S’il y a une chose qui est certaine, c’est que tout est coupé par ces deux personnes, uniquement.

Même si le « style » est bien entendu très propre à la maison Orazio Luciano, il s’avère que la coupe proposée à Paris a été mise au point par JMM avec Orazio. Il y a notamment des spécificités sur le plongé de poitrine sous les bras, l’ouverture du devant, la hauteur du boutonnage et aussi la hauteur de poches. Pour ce dernier détail, Jean-Manuel aime positionner ses poches un peu plus hautes que la « tradition » pour éviter que ce détail ne tasse la silhouette. C’est un peu comme un interrupteur. A la Maison VGL on les a placés un peu plus bas pour donner une impression de hauteur sous plafond.

Ce qui caractérise aussi JMM, et c’est un peu un « slogan » à double lecture de la maison, c’est le « Sens de la mesure ». C’est à dire savoir la silhouette – au sens de « mensurations » – qu’on veut donner à quelqu’un, et se donner les moyens de lui donner cette silhouette. Mais ce n’est pas évident de savoir ça. Cela prend plusieurs années.

Le second sens, c’est la « mesure » dans les détails, au sens de « modération ». Jean-Manuel aime la souplesse d’une épaule chemise mais il va quand même la rendre portable dans un contexte formel, il va adorer qu’il y a peu de renforts dans la veste sans pour autant qu’elle soit trop légère ; il adore les tissus qui sortent de l’ordinaire sans pour autant faire « carnaval ».

J’aime avoir une maitrise des look qu’on va donner à nos client, même s’il faut dire non à certains. Je dis non à un costume noir. Je dis non à un revers de 3 ou 5cm, ou des coupes slim. Je dis non à des allures qui ne conviennent pas. Cela dit, j’ai récemment eu un client qui voulait un petit revers (ndlr 6,5cm), mais on a retravaillé la totalité de la silhouette, les poches, et ainsi de suite, et j’ai tout repris, pour avoir une silhouette que j’ai trouvé au final très intéressante.

Jean-Manuel Moreau

Le conception d’une costume Jean-Manuel Moreau

La conception d’un costume « Made to Mesure » demande entre 40 et 50 heures de travail à l’atelier en Italie. Il y a de nombreuses parties conçues à la main, mais Jean-Manuel insiste sur le fait que ces « passages main » ne sont intéressants que s’ils apportent un intérêt à la chose. Ce n’est pas un argument commercial, mais un véritable atout stylistique.

Le premier essayage se passe 5 semaines après la prise de mesures. Il peut être le bon, comme ce fut le cas pour moi, comme il peut y avoir 2, 3 ou 4 essayages derrières. Il n’y a aucune limite. Le but est d’avoir un costume parfait. Je fais confiance à Jean-Manuel pour ne laisser sortir de sa boutique que des silhouettes parfaites.

Et c’est d’ailleurs pour cela qu’on passe la porte de cette boutique. On vient pour cet oeil particulièrement bien aiguisé. On vient chercher une réelle prise de position sur l’allure que le costume doit donner au sujet. Si ce que vous voyez sur le compte Instagram de la maison vous plait, alors vous êtes sûrement qualifié pour passer les voir. Je dirais que chez JMM il faut savoir présenter ses envies, puis se laisser faire.

Sûrement mon plus beau costume

Quand on me demande où aller se faire tailler un costume à Paris, je demande avant tout la hauteur du budget consacré pour cela. S’il s’avère que ce chiffre correspond, il y a de fortes chances pour que je vous recommande d’aller chez JMM sans hésiter.

Mon expérience personnelle fut si positive que je peux actuellement dire que ce costume est sûrement celui qui me met le mieux en valeur. Sans offense aux autres, qui ont chacun leur qualité. Le « tombé » de ce costume est – à mon avis – d’une telle justesse par rapport à mes goûts et ma silhouette, qu’il sera sûrement dur de l’égaler. Il en va de même avec le confort. J’ai la chance d’avoir testé de nombreuses maisons, et ce costume est sans aucun doute le plus confortable que j’ai dans ma garde-robe. Pas besoin d’aller plus loin vous comprendrez que je suis convaincu.

Cependant, la médaille a un revers. Rien n’est jamais parfaitement blanc ou noir. Le premier détail, c’est le style. Ne venez pas chercher trop de structure ou une épaule bien généreuse chez JMM. Ne venez pas chercher non plus une coupe slim fit et des petits revers de veste. Vous seriez à la mauvaise adresse. La second détail est le prix. La conception artisanale d’un produit implique un certain coût de main d’oeuvre, qui se ressent sur le prix final. Comptez environ 2400€ pour un deux pièces et 1800€ pour une veste seule. C’est un certain budget, mais le surcoût par rapport à la concurrence est à mon sens totalement justifié par la différence dans la confection.

A noté que JMM s’est récemment diversifié en développant une collaboration avec un pantalonnier qui lui permet de propose des pantalons « Made to Measure » avec une finition tout main à 850€ et des finitions main et machine à 750€. Ils ont aussi travaillé depuis 1 an sur une offre napolitaine « bis » pour les vestes avec un style différent, que JMM qualifie « d’un peu plus moderne », tout en gardant une finition similaire à Orazio Luciano. Le prix est légèrement inférieur, 2100€ pour le costume et 1600€ pour la veste, ce qui est très léger, mais la différence est plus une question de style que de prix.

Pour en savoir plus : https://www.instagram.com/jeanmanuelmoreau/
Jean-Manuel Moreau
3 Rue Chambiges, 75008 Paris

STUDIO VGL © Depuis 2012 | Mentions Legales

Scroll To Top