Voici le second épisode « SAVOIR-FAIRE » qui met à l’honneur des artisans aux mains en or et au talent de plus en plus rare. Après avoir visité les Ateliers Baudin, spécialistes des lunettes sur-mesure, nous voici plongés dans les chaudes vapeurs d’eau du studio de Pauline Brosset, une chapelière de talent installée dans le 3ème arrondissement de Paris.
La chapellerie, un monde unique
J’ai rencontré Pauline il y a quelques années par l’intermédiaire d’un ami commun et je me suis très vite intéressé à son univers passionnant et énigmatique.
D’un conne de feutre, à un chapeau
Passionnant d’abord car la chapellerie c’est avant tout la beauté du geste, l’art de savoir transformer un conne de feutre en un magnifique couvre-chef. C’est savoir comprendre les besoins de clients exigeants et eux même passionnés et transposer quelques idées précises en un objet unique.
L’art du sur-mesure
Enigmatique, car j’imagine que comme moi vous n’avez aucune idée des techniques mises en oeuvre pour fabriquer un chapeau sur mesure ou encore des outils utilisés. Cette vidéo permet de pénétrer dans cet univers et de découvrir les talents d’une femme passionnante et passionnée, au caractère bien trempé.
Un atelier intimiste
C’est au fond d’une cour dans un atelier intimiste et discret que Pauline officie depuis 2010. Elle a fondé sa propre marque après un passage en apprentissage chez un chapelier de renom (Fernand Sebbah, ancien Directeur du département chapeau de chez Lanvin, appelé chapeaux « Gélot ») où elle apprendra toutes les ficèles du métier de chapelière.
De ce petit atelier sortent chaque année des dizaines de chapeaux, casquettes et autres modèles de couvre-chefs sur-mesure réalisés pour combler les envies d’une clientèle qui ne trouve pas ou plus son bonheur en prêt-à-porter.
Mise à jour : Pauline officie désormais dans sa boutique du 22 Rue Mayet, 75006 Paris
Du plus classique fedora en feutre de castor jusqu’à la casquette oversize multicolore, Pauline sait répondre à tous les besoins. Elle a récemment réalisé les casquettes de rappeurs français très connus ou les bibi des hôtesses d’une compagnie aérienne.
Comment réaliser un chapeau sur-mesure ?
1 – L’usage du « conformateur »
D’abord, Pauline utilise le « conformateur », cet outil étrange qui lui permet de retranscrire sur un papier calque la forme exacte du crâne pour créer un chapeau parfaitement sur-mesure. Car détrompez-vous, notre tête est loin d’être parfaitement ovale. Elle est faite de creux et de bosses qui ne sont pas pris en compte dans les forme standards du prêt-à-porter.
Le fameux « conformateur »
2 – Un feutre posé sur un moule en bois
Ensuite, pour un fédora classique, le travail commence d’abord avec un moule en bois sur lequel est posé un feutre de lapin ou de castor par exemple, qui est imbibé de vapeur d’eau et tiré pour lui faire doucement prendre la forme souhaitée. Vous l’avez vu dans la vidéo, cette opération nécessite de la force, de l’agilité et quelques aiguilles plantées au marteau pour faire tenir le feutre en place.
3 – Le chapeau est fixé à l’aide d’une ficelle
Une fois le feutre bien tendu, Pauline place une ficelle à l’endroit précis où elle souhaite réaliser la démarcation entre la calotte et le bord du chapeau. La chapeau sera donc fait d’une seule pièce pour garantir un confort optimal.
4 – Un petit coup de fer !
Il faudra ensuite aplatir le bord à l’aide d’un fer à repasser et encore une fois de beaucoup de vapeur, puis laisser sécher pendant quelques temps.
5 – La couture
Ensuite, il est nécessaire de passer à la machine à coudre pour assembler l’entrée de tête et la garniture qui seront ajoutées à l’intérieur du chapeau. Pour mon chapeau, Pauline a privilégie une garniture en soie sauvage pour ses propriétés isolantes et son excellente résistance.
6 – La découpe du bord : un moment stratégique
Après avoir découpé le bord du chapeau à la bonne largeur, c’est le moment d’ajouter un gallon (une bande de tissu appelé « gros grain ») et une boucle (le noeud) sur l’extérieur du chapeau pour l’agrémenter.
Détail important, n’oubliez pas que sur un chapeau pour homme la boucle est du côté gauche, alors que sur un chapeau pour femme elle est du côté droit.
7 – Le mascottage
Enfin, vient le moment du « mascottage », qui est la touche finale sur le chapeau. C’est lors de cette opération que Pauline donne à main levée sa forme à la calotte du chapeau (la partie supérieure), qu’elle soit en long, en rond ou encore fendue.
Et voilà, un petit coup de brosse à chapeau (comme celui-ci) et c’est terminé.
La boucle de mon chapeau sur-mesure en feutre de castor gris
Un fedora simple et efficace, que je peux porter toute l’année
Garniture en gros grain bleu et entrée de tête en soie sauvage rouge
Un résultat incomparable
De tous les chapeaux que j’ai pu avoir, c’est toujours celui de Pauline que j’aime porter le plus souvent. D’abord parce-qu’il est confectionné dans du feutre de castor résistant à la pluie, donc je peux le porter n’importe quand, et ensuite parce qu’il est entièrement fabriqué pour la forme bien spécifique de mon crâne, et ça n’a pas d’équivalent !
Et puis j’adore ce chapeau parce que je sais d’où il vient, et je connais les mains qui ont fabriqué les moindres détails de celui ci. Car l’affection qu’on peut avoir pour un objet vient aussi de l’histoire qu’il emporte avec lui. Les objets qu’on fait fabriquer sur-mesure et pour lesquels on prend le temps de réfléchir à ses besoins et goût ont une valeur qui dépasse de très loin le simple « prix ».
N’hésitez pas à passer voir Pauline Brosset pour discuter avec elle de votre prochaine envie de chapeau. Pour 420€ le feutre de lapin et 580€ le feutre de castor vous aurez un magnifique fedora sur-mesure que vous garderez toute votre vie.
Et croyez-moi, c’est aussi à son chapeau qu’on reconnait un homme élégant !
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