Il n’est pas fréquent de voir l’horloger suisse Oris s’encanailler avec une collaboration si anticonformiste. Habituée aux bonnes oeuvres, elle fait ici un premier pas dans l’univers de la mode. Mais ce partenariat se veut original. La marque n’encourage-t-elle pas à « suivre son propre chemin » (« Go Your Own Way« , comme le titre de Fleetwood Mac !) ? Au moins, elle montre l’exemple. La firme de Hölstein n’a pas choisi la plus connue ni la plus académique des marques de jeans pour cette nouvelle création. Elle s’est associée avec la marque japonaise Momotaro Jeans pour produire une version limitée de l’iconique Divers Sixty-Five. Revenons rapidement sur l’histoire passionnante de Momotaro avant d’en apprendre plus sur cette nouvelle tocante.
Momotaro : le meilleur du denim nippon
La culture du jean japonais est née dans les années 60 après presque un décennie de présence américaine dans le pays (1945-1952). En important leur culture avec eux dans un pays si différent du leur, les américains ont involontairement infusé le Japon avec des produits cultes comme le jean. C’était sans compter sur la réceptivité locale, et le goût des japonais pour l’excellence et la chose bien faite. Car après des années à importer du neuf et du vintage provenant du « nouveau monde », les japonais se sont finalement lancés dans la production. C’est dans les années 80 que les fabricants de tissu perfectionnent leurs techniques et arrivent au niveau du selvedge américain. Une époque qui correspond avec la création de la « Japan Blue Company », maison mère de Momotaro Jeans. L’élève à depuis dépassé le maitre. Les USA ne sont plus l’ombre d’eux même dans ce domaine et le japon produit aujourd’hui les plus beaux denim de la planète. Et toc !
Fondée en 2005 par Hisao Manabe, Momotaro prend racine dans la province d’Okayama, une région réputée pour produire les meilleurs jeans du Japon. Le nom de la marque est celui d’une des très célèbres histoires du folklore japonais appelée « Momotarō ». Elle fait partie des contes merveilleux comme « Kintarō », le garçon doté d’une force surhumaine, « Shoki » le tueur de démon ou « Issun-bōshi » le garçon de petite taille. Mais c’est « le garçon né d’une pêche » qui a été choisi par la marque. « Momo » signifie pêche en japonais et représente la longévité, alors que « Tarō » est un prénom très populaire dans l’archipel. L’histoire de Momotarō n’a pas été choisie au hasard. Elle est est directement associée à la ville d’Okayama, où cette histoire fantastique aurait été inventée. Une belle référence poétique pour cette marque ancrée dans cette région depuis des années.
Dès le départ, la vision de Hisao Manabe était claire : aucun compromis sur la qualité. Je vous assure que quand un japonais vous dit cela, il le pense ! Cette devise est même inscrite sur l’étiquette des jeans sur laquelle on peut lire en anglais : « Made by hand without compromise » (Fr. : Fabriqué à la main et sans compromis). Pour cela, les jeans Momotaro sont fabriqués à partir de coton zimbabwéen réputé pour sa qualité, sa durabilité, ses caractéristiques de décoloration uniques et sa capacité à retenir la teinture indigo. C’est d’ailleurs avec cette teinture naturelle que sont colorées les pièces de la marque. Elle offre une profondeur de couleur et une patine unique sur chaque pièce, en fonction des lavages, des habitudes de son propriétaire et du soin qu’il porte à ses jeans. C’est une véritable empreinte que chacun dessine sur ces jeans qui deviennent des compagnons de route auxquels on s’attache.
La montre : Black gold and green !*
Les passionnés parlent aux passionnés.
Cette collaboration entre Oris et Momotaro est une belle union entre deux marques qui partagent des valeurs similaires. Elle célèbre un esprit commun en réunissant le jean brut et une Sixty-Five, le modèle iconique de la marque.
On retrouve la Sixty-Five qu’on connait bien, avec sa lunette fine et son boitier en acier de 40mm sur 13mm d’épaisseur. Elle est toujours équipée d’un verre saphir bombé traité antireflet, d’une couronne vissée, et d’une lunette graduée unidirectionnelle. Identique à l’originale et pourtant bien différente. Déjà par son cadran vert pâle qui évolue en dégradé de noir sur sa périphérie. Ce fumé – déjà croisé sur cette Aquis – renforce sa profondeur, ce qui donne un tout autre visage à ce modèle qu’on connait pourtant déjà bien.
Une finition qui rehausse le chemin de fer blanc des minutes et les index dorés qui ne font aucune concession, tout comme les aiguilles, glaive pour les heures/minutes et « Lollypop » pour les secondes, elles aussi de la même couleur et traitées au Superluminova « Light Old Radium« pour une lecture parfaite dans le noir. Le cadran n’est pas bombardé de texte, avec juste le logo Oris à 12h, le Swiss Made à 6h et un discret « Water Resistant 10 bar/100m ». On remercie les deux marques de n’avoir pas scellé leur union par un double logo sur le cadran. Sage décision.
La lunette graduée unidirectionnelle est dotée d’une échelle des minutes, imprimée gris sur fond noir. Elle dispose d’un insert traité au luminova à 12h pour connaitre, même dans le noir, le point de départ de la rotation. Détail important, la lunette en bronze laisse apparaitre un fin liseré doré cranté sur son pourtour. Une belle finition qui fait écho à la couleur des index et des aiguilles.
Au dos, la collaboration entre Momotaro et Oris est gravée sur le fond vissé en acier. Un gravure discrète qui entour le logo Oris. Le mouvement n’est pas apparent, vous ne pourrez donc pas voir la masse oscillante rouge du calibre automatique « Oris 733 » construit sur une base de Sellita SW 200-1, mais sans date. Il est doté d’une réserve de marche correcte de 38 heures, et fonctionne à 28’800 alternances par heure. C’est un mouvement précis et éprouvé dans lequel on peut avoir confiance.
Un belle place au tissu selvedge
La collaboration prend toute sa force dans le bracelet et la marmotte en tissu de jean selvedge de chez Momotaro qui sont agrémenté des deux bandes blanches du « Battle Label » de la marque, sa signature la plus connue.
C’est donc une toile indigo qui est utilisée pour ce bracelet cousu de fil écru sur une doublure en cuir marron et doté d’un renfort en simili cuir noir au niveau des perforations. Un renfort nécessaire pour éviter que le jean ne s’effiloche. C’est le point majeur de cette pièce, mais si l’envie vous prenez de le changer, notez que c’est une entrecorne de 20mm.
La marmotte utilise le même tissu que celui du bracelet mais avec des coutures orange qu’on retrouve sur les jeans, et surtout le fameux liseré rose et blanc distinctif de la marque. Cette partie est le bord de la laize de tissu selvedge qui est renforcé de cette manière pour ne pas s’effilocher. La carte de garantie fournie avec la montre est elle aussi dans une pochette en jean selvedge imprimée avec le logo de Momotaro. De très jolis « goodies » qui complètent bien cette collaboration.
Un vraie cohérence
C’est ce qui m’a frappé quand on m’a appris la nouvelle de cette collab. C’était l’évidence. Deux marques qui partagent des valeurs similaires. Une cohérence de positionnement et d’expertise. Et finalement un modèle osé comme résultat de cette union. Osé, mais pas délirant. Osé, mais pas importable.
Je trouve ce cadran magnifique, et je ne suis pourtant pas un amateur de finitions originales quand il est question de montres. Je suis d’ailleurs certain que le boitier irait parfaitement sur d’autres bracelets, comme sur un marron… à tester !
Cette pièce est disponible dès maintenant en ligne, même en confinement, chez Ocarat pour 2000€, soit 100€ de moins qu’une version classique sur bracelet acier et 50€ de plus qu’une version bracelet cuir avec lunette bronze.
*Rien à voir avec le drapeau de la Jamaïque ni avec le magnifique titre de Ken Boothe !
Création pour Oris. Voir notre charte éthique.