Souvent plus discrètes que leurs cousines suisses, les marques horlogères françaises ont prouvé ces dernières décennies qu’elles pouvaient être aussi attractives qu’authentiques. Cette success-story typiquement française, la jeune marque Baltic en a fait l’expérience. En seulement 5 ans d’existence, elle s’est taillée une place de choix dans les cœurs des amateurs de belles montres aux designs subtilement retro et à prix contenus. Pour évoquer le parcours de Baltic, je me suis entretenu avec Étienne Malec, l’un des trois visages de la marque. C’est notre entretien que je vous restitue ici.
Une belle histoire de filiation
Alors qu’il est âgé de cinq ans seulement, Étienne perd brutalement son père. En grandissant, il découvre la passion de ce dernier pour les voitures de collection, les appareils photo argentiques et les montres. À l’adolescence, vers 15-16 ans, Étienne tente à sa manière de revenir sur les traces de ce parent perdu, pour mieux comprendre qui il était vraiment. Un jour, alors qu’il farfouillait dans de vieilles affaires, intouchées, il tombe sur une drôle de valise, visiblement remplie. Vous vous en doutez, la curiosité étant toujours plus forte que tout, il l’ouvre et tombe sur une centaine de montres, qui dormaient sagement là depuis toutes ces années. Il y a même un carnet, dans lequel son père inscrivait le nom des modèles, ceux qu’il avait vendus etc…
Face à cette découverte assez incroyable, Étienne va rapidement attraper le virus de l’horlogerie. Quoi de mieux pour tisser un lien avec son père que de se documenter et faire des recherches sur cet héritage si précieux. Grâce à internet et aux forums, il prend conscience que certaines montres ont plus de valeur historique que d’autres. Il faut dire que dans la valise sommeillaient une Omega Speedmaster, une Breitling Navytimer et une Zenith El Primero, parmi tant d’autres. Certains modèles plus modestes ont été chinés dans des brocantes et vide-greniers notamment. Au fur et à mesure que sa culture horlogère s’étoffe, il parvient à faire sienne la collection de son père. Il apprend à photographier les montres, il en vend même certaines pour faire réviser celles qui à ses yeux sont plus intéressantes. À ce moment là, il est loin de se douter que cette histoire folle l’amènera à lancer, quelques années plus tard, sa propre marque horlogère.
La naissance de baltic
Durant ses études de commerce international, passées entre Rouen, Istanbul et Prague, il fait la rencontre de Paul et Clément, qui deviendront ses amis et futurs associés. En guise de projet de fin d’études, ils fondent tous les trois une marque de lunettes en bois nommée Rezin lancée et financée via Kickstarter. Le projet durera de 2014 à 2021. Malgré un joli succès, Étienne sent que son amour pour les montres le rattrape et qu’il y a quelque chose à faire de côté-là. À la fin de l’année 2015, il imagine et fait réaliser des premiers prototypes, déjà très satisfaisants. Grâce au bouche à oreille et au showroom Rezin, un petit cercle restreint peut découvrir sur rendez-vous les futures montres Baltic. Il faut pourtant attendre le lancement officiel du Kickstarter en 2017 pour que le projet prenne vie. Deux montres, un chrono et une 3 aiguilles, sont présentées : la Bicompax 001 et la HMS 001.
Ces deux modèles s’inspirent fortement de l’esthétique des montres des années 40, fines, élégantes et épurées. Sur l’une comme sur l’autre, on retrouve un diamètre de 38mm, un boîtier stepcase, des aiguilles feuilles et un verre en hésalite. Les clients sont conquis, si bien que dès le premier jour de campagne, c’est pas moins de 300.000€ qui sont backées. Un record à l’époque ! Si ces modèles vous plaisent, sachez qu’ils ont subi par la suite quelques modifications très appréciables et s’appellent désormais Bicompax 002 et HMS 002. Un coup d’œil dans l’onglet Archives vous permettra de vous rendre compte des changements. Je trouve cette page vraiment utile d’ailleurs !
Par la suite, Baltic se plaît à imaginer sa propre plongeuse, l’Aquascaphe, dont le nom paraît tout droit sorti d’un roman de Jules Verne. Ce modèle, aujourd’hui emblématique du savoir-faire de Baltic, sera décliné dans plusieurs matières de boîtiers et coloris de cadrans, ainsi qu’en version super-compressor. Je ne parle même pas des collaborations exclusives avec des revendeurs, très réussies.
Plus récemment, la marque a fait parler d’elle en sortant la MR01, une petite montre mixte très raffinée alimentée par un mouvement micro-rotor. Avec son chemin de fer, ses index en chiffre Breguet appliqués sur un cadran grainé et sa petite seconde entre 7 et 8h, cette montre assume sa part d’originalité. Ce modèle a tellement cartonné qu’il s’est vite retrouvé en rupture dans ses 3 coloris. Patience, il finira par revenir.
Notre avis sur la marque baltic
Si elle doit son nom aux origines polonaises de son fondateur, Baltic a tout d’une grande marque française. Grâce à son positionnement tarifaire intéressant, la marque plaît autant à ceux qui veulent acquérir leur 1ère montre qu’aux amateurs de beaux garde-temps. Autre point très positif, Baltic joue la carte de la transparence sans tomber dans les travers habituels du marketing, qui abuse trop souvent de superlatifs creux pour tromper le consommateur. La conception est parisienne, l’assemblage et la logistique se font près de Besançon, les pièces viennent de Hong-Kong et les accessoires sont fabriqués en Italie. Tout est dit ! Comme vous, on a hâte de découvrir ce que la marque nous réserve dans les mois à venir. En attendant, n’hésitez pas à vous rendre au showroom Baltic dans le 10ème arrondissement, 29 rue du Château Landon.