Dans ma précédente vidéo, je parlais de la manière dont la forme d’une montre affiche parfois sa fonction et surtout combien j’aimais ça. J’aime quand un objet s’impose par son utilité. C’est le cas de cette RADO Captain Cook Over-Pole, cru 2022. Bien entendu, si parle de ce nouveau cru, cela veut dire que ce n’est pas le premier. En effet, cette Over-Pole est une réédition d’un modèle des années 60 qui a rencontré un beau succès, sans pour autant devenir incontournable à l’époque. Pourtant, cette montre en version Worldtimer est aujourd’hui un carton chez RADO.
Je vous raconte tout ici, dans cette vidéo.
Un héritage respecté
Le terme « Over-Pole » était à l’époque une famille de montres chez RADO. Cette version des années 60 était notamment disponible en version “WorldTimer” avec une lunette en acier qui affichait les 24 grandes villes du monde et ses 24 fuseaux horaire. Elle avait des index facettés sur son cadran et une superbe lunette incurvée.
Avec un diamètre de 35,5 mm et une épaisseur de 12 mm, c’était une montre assez large à une époque où il était courant de porter des montres étroites. Son fond vissé et son étanchéité de 220 mètres en faisait une montre baroudeuse et suffisamment étanche pour plonger. Déclinée jusque dans les années 70, elle fut arrêtée pour laisser place à plus de technicité dans les matériaux.
Elle est de retour en 2022 avec un boitier acier d’un diamètre de 37 mm. Cela lui fait prendre peu de poids, mais uniquement 1,5 mm de plus alors que les dernières sorties de chez RADO ont tendance à dépasser les 40mm. C’est une excellente chose d’avoir respecté les proportions « vintage » du modèle d’origine.
L’épaisseur est aussi une surprise sur cette nouveauté. Grâce au mouvement à remontage manuel, le boitier le dépasse pas 10,3 mm d’épaisseur. L’absence de rotor de remontage sur ce calibre R862 (dont je vous parle plus bas) permet d’obtenir une montre fine et une superbe vue sur le calibre au travers du fond vissé doté d’un verre saphir. Le verre principal est aussi un verre saphir, quant à lui traité anti-reflets.
Une montre pleine de détails
Cette nouvelle mouture de la Over-Pole est étanche à 100 mètres, ce qui est 120 mètres de moins par rapport à l’originale. RADO à eu la volonté de ne pas en faire une plongeuse car une telle étanchéité signifie que la montre supporte une douche tout au plus.
La nouvelle lunette incurvée bidirectionnelle est désormais en céramique alors qu’elle était avant en acier. Elle est gravée du nom des 24 villes mettant chacune en avant un fuseau horaire. A noter que le fuseau de Paris est celui de Genève.
Cette montre n’est en fait pas un vrai Worldtimer car il n’y a pas d’affichage instantané de l’heure sur chaque fuseau, mais cela permet quand même de connaitre l’heure qu’il est dans le monde.
Mais comment ça fonctionne ? Imaginons que je suis à Paris, il est 2h du matin. J’aligne sur la couronne l’aiguille des heures avec la ville de Genève (comme Paris a été rayée de la carte !), et je peux connaître l’heure des différentes villes avec l’échelle 24h qui est alignée en dessous. Il sera dont 4h du matin à Bagdad, 8h à Bangkok ou encore midi à Nouméa. Simple !
Un superbe cadran fidèle à l’original
Ce cadran soleilé gris dégradé est aussi beau en vrai qu’en photo. L’ancre rotative et le logo RADO à 12h ne le surchargent en rien. Le logo vintage à 6h a gardé sa police d’écriture vintage « Over-Pole ». L’échelle 24 heures discrètement peinte sur le pourtour est très fonctionnelle sans être envahissante.
Très beau travail sur les index facetés eux aussi repris du modèle d’origine, tout comme les aiguilles dauphine et les points luminescents à côté de chaque index.
La fine date rouge est désormais libérée de la loupe qu’il y avait sur l’originale. Je ne vais pas regretter cette disparition qui n’est souvent pas nécessaire à une lecture agréable de la date.
Un mouvement bien travaillé
J’aime cette prise de risque sur le mouvement. Les calibres mécaniques à remontage manuel peuvent rebuter certains client. Mais on s’en fiche finalement ! RADO a fait l’usage du calibre R862, qui est une base retravaillée de ETA 2804 doté après quelques évolutions d’une réserve de marche 80 heures, soit 40 heures de plus que le mouvement de base. C’est énorme.
Le mouvement est équipé d’un spiral en Nivachron™, un alliage compensateur amagnétique à base de titane, breveté par le Swatch Group, permettant de limiter l’impact du magnétisme sur les performances et la précision du mouvement. L’usage du 2804 et non du 2824 (son cousin à remontage automatique) permet de gagner 1,3 mm.
Le mouvement est totalement décoré avec des vis bleuies, une finition Côte de Geneve, des gravures dorées. On comprend mieux l’usage d’un fond saphir !
Une superbe réinterprétation
On ne va pas se mentir, dans l’industrie horlogère toutes les réiterprétations ne sont pas bonnes à prendre. Certaines marques inventent ou galvaudes des modèles d’antan pour les rendre plus « sexy ». Mais chez RADO il n’en est rien.
La marque a pris le parti de coller au modèle d’origine, en s’autorisant simplement le changement de lunette acier à céramique comme clin d’oeil au savoir-faire de son groupe et de son usine « Comadur », experte dans le domaine de ce matériau ultra résistant. Et cela donne au final un belle réussite.
Elle est proposée à seulement 1962 exemplaires pour un prix de 2550€ et livrée dans un écrin en cuir avec un bracelet acier « grain de riz » et un bracelet cuir.
Voir ma vidéo pour en savoir en plus sur cette montre et sur RADO.