À première vue, l’Attitude Poinçon Vipère de Pequignet semble d’une simplicité désarmante. Cadran opalin immaculé, trois aiguilles en acier facettées polies, chemin de fer subtil et indices délicatement dessinés. Trop simple diront certains. Pourtant, derrière cette sobriété se cache un trésor de précision horlogère : la certification “Poinçon Vipère” de l’Observatoire de Besançon.
Une certification rare et exigeante
Non loin des célèbres COSC ou METAS suisses, cette certification française, qu’on croise très rarement, est l’une des plus strictes et des plus complètes du monde horloger. L’Observatoire de Besançon teste les montres dans leur intégralité — mouvement emboîté, boîtier, cadran et aiguilles inclus (ce que le METAS fait aussi, mais pas le COSC). L’objectif ? Évaluer la montre dans des conditions réelles d’utilisation, prenant en compte la dilatation thermique du boîtier et le poids des aiguilles.
Notons d’ailleurs que l’observatoire de Besançon est un des trois organismes au monde habilités à délivrer, sous son label « Vipère », le titre de chronomètre mécanique. Un examen exigeant, qui dure pas moins de 16 jours et suit la norme internationale ISO 3159.
Voici les 7 critères impitoyables qui sont scrutés pour obtenir le « Poinçon Vipère » :
- La marche moyenne sur 24h : mesure simple de la variation quotidienne moyenne de la montre. Jusqu’ici, tout va bien.
- La variation moyenne de la marche sur les 5 positions de contrôle : La montre est ici testée dans cinq positions (cadran haut / bas, couronne gauche / droite / haut) pour vérifier la stabilité du mouvement quelle que soit la position. C’est à mon sens indispensable, car une montre n’est pas un objet statique, mais bien en mouvement.
- Les plus grandes variations de marche entre les 5 positions de contrôle : Cette mesure quant à elle évalue l’écart maximal de précision entre les différentes positions pour détecter d’éventuelles irrégularités.
- La différence de marche entre position horizontale et verticale : Comparaison des variations de marche entre les positions horizontales (cadran haut/bas) et verticales (couronne gauche/droite/haut) pour vérifier l’impact de la gravité sur le mouvement.
- La plus grande variation de marche entre les 10 premières mesures : Analyse de la stabilité de la montre sur une période courte pour s’assurer de sa fiabilité dès le début de son utilisation.
- Le comportement à différentes températures : Test à trois températures (8°C, 23°C, 38°C) pour garantir que la précision reste stable malgré les variations thermiques.
- Et enfin la reprise de marche : vérification de la régularité de la montre après avoir été arrêtée puis redémarrée, pour s’assurer d’une remise en marche fluide et précise.
Seules les montres atteignant une précision redoutable, avec un écart de marche compris entre -4/+6 secondes par jour, décrochent ce précieux sésame.En comparaison, le COSC est un test plus traditionnel mais tout aussi strict sur la précision, avec une tolérance également comprise entre -4 et +6 s/j. Seul le METAS impose des standards plus exigeants à 0/+5 s/j et teste la montre complète dans des conditions plus proches de l’utilisation quotidienne, mais il est Suisse !
Le choix de l’excellence Made in France
En choisissant l’Observatoire de Besançon plutôt que le COSC ou le METAS, Pequignet renforce son ancrage dans le savoir-faire horloger français. Et ce n’est pas un hasard. La marque, véritable étendard du “Made in France”, est la seule du paysage horloger hexagonal à concevoir et produire ses mouvements dans ses ateliers de Morteau, au cœur du Jura, bastion historique de l’horlogerie française.
Le Calibre Initial® qui anime cette Attitude Poinçon Vipère est un chef-d’œuvre de technologie et d’ingéniosité, entièrement réalisé à base de composants produits dans un rayon de 80 km autour de Morteau et à 72 % d’origine française. À l’heure où le label “Swiss Made” s’épanche parfois sur des composants venus d’ailleurs, Pequignet prône une transparence et une authenticité qui forcent le respect.
Une marque qui continue de progresser
Depuis sa reprise en 2021 par Hugues Souparis, Pequignet avance à son rythme, solidement ancrée dans ses racines franc-comtoises. Fondée en 1973 par Émile Pequignet, la manufacture reste fidèle à son berceau historique de Morteau, au cœur de la Franche-Comté. Cet attachement à son terroir participe à l’authenticité de la marque, qui puise son inspiration et son savoir-faire dans cette région emblématique de l’horlogerie française.
Hugues Souparis a su insuffler un nouvel élan tout en respectant l’héritage de la marque. Pequignet continue de progresser sereinement, en consolidant ses fondations locales et en perfectionnant ses mouvements maison. La maîtrise de toute la chaîne de production permet à la manufacture de rester indépendante et d’afficher fièrement son label “Made in France”.
Un design d’une sobriété évocatrice
L’Attitude Poinçon Vipère séduit par sa simplicité calculée. Pas de surplus, pas de fioriture inutile. Le cadran opalin met en avant les trois aiguilles, glissant sur un chemin de fer précis. Les index en finesse apportent une élégance intemporelle. À 6 heures, l’inscription “chronomètre certifié” rappelle fièrement l’exploit technique caché sous ce design épuré. Certains pourront dire que c’est peut-être trop simple pour eux. Mais je pense que la marque raison de ne pas oublier qu’une gamme classique constitue un bon socle de base pour une collection permanente.
Derrière le fond en saphir transparent, on admire la masse oscillante ajourée du Calibre Initial®, décorée d’un colimaçonnage raffiné et du lys en relief, emblème de la marque. Le boîtier en acier poli de 39 mm reste discret, avec une épaisseur contenue de 9,05 mm, assurant un confort au poignet inégalé. Je n’ai pas encore eu cette montre au poignet mais je suis curieux de voir ce qu’elle donne. La longueur de ses cornes lui donne sûrement une présence un peu plus importante qu’une 39mm à cornes courtes.
Un éloge à la véritable horlogerie française
En produisant cette série limitée à 50 exemplaires, Pequignet ne cherche pas le volume, mais l’excellence. Avec un prix affiché à 3 500 € (seulement, si je puis dire) l’Attitude Poinçon Vipère s’adresse aux amateurs éclairés, ceux qui apprécient la véritable horlogerie Made in France, loin des artifices marketing. A titre de comparaison – à vue de nez – une montre avec mouvement de manufacture, certifiée COSC et fabriquée en Suisse, serait sûrement vendue entre 4000 et 6000€ minimum, et ne serait sûrement pas fabriquée à 72% en Suisse. Je dois dire qu’à 3 500€, c’est un très bon positionnement.
Pequignet réaffirme ici son indépendance, son savoir-faire et son engagement pour une production locale et durable. Et face à une concurrence souvent mondialisée, la marque de Morteau rappelle fièrement que l’horlogerie française a encore des choses à dire, et à mesurer, à la seconde près.
