CROCKETT AND JONES CONISTON

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J’ai coutume de dire qu’il ne faut pas épuiser son stock de rêves trop rapidement car il serait dommage de ne plus avoir aucune envie simple dès 40 ans. En ce qui me concerne, une paire de boots Coniston de Crockett and Jones trônait en bonne place dans la liste de ces rêves.

Même si je ne suis pas attaché aux « choses », mais plus à leur histoire et leurs qualités intrinsèques, je me suis surpris à rêver de cette paire depuis la première fois que je l’ai vue. C’était aux pieds d’un des frères Joachim. Délicatement posée sur un pantalon en flanelle gris qui n’a pas non plus quitté mon esprit depuis. (c’était cette photo)

Mais comme le meilleur moyen de résister à une tentation est encore d’y céder, j’ai récemment poussé la porte de la boutique de la rue Chauveau Lagarde à Paris pour voir si la réalité est plus belle que le rêve.

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L’histoire de la maison Crockett and Jones

Ce fabricant de chaussures fait partie de cette petite famille des artisans anglais qui cultivent depuis des décennies un savoir-faire précieux dans la confection d’un produit de qualité, dessiné pour plaire et créé pour durer. Je pense notamment à Barbour, Ede & Ravenscroft ou Mackintosh.

Fondée en 1879 à Northampton par Charles Jones et son beau-frère James Crockett, la maison est toujours détenue par la 5ème génération de la famille fondatrice.

Fidèle à sa réputation depuis des décennies, la marque produit des chaussures exceptionnelles dans des peausseries minutieusement sélectionnées. Chaque paire est confectionnée à la main par des artisans hautement qualifiés, et nécessite plus de 200 opérations manuelles. Au final, il faut entre 8 et 10 semaines de travail pour produire entièrement une seule paire.

Ce n’est donc pas uniquement des « chaussures » qui sortent des ateliers de la marque, mais le résultat d’un savoir-faire centenaire, transmis de génération en génération. C’est un concentré de compétences réuni dans une paire de souliers.

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Une société familiale depuis 5 générations

Des bottines pour homme résistantes

Pour moi, une paire de boots est un objet du quotidien.

Comme ma toolwatch que j’emporte partout – la Seiko Diver 200 36mm – sa première qualité est qu’elle doit être pratique. Ça passe par une semelle en caoutchouc qui résiste à la pluie, aux frottements, et qui donne une stabilité permanente sur toutes les surfaces.

Ca passe aussi par l’utilisation d’un cuir grainé marron qui apporte une résistance supplémentaire aux chocs, que n’aurait pas un cuir lisse, beaucoup plus fragile. J’aime ce type de cuir pour cette raison et pour la texture qu’il apporte sur une tenue ou un accessoire. Le cuir lisse manque souvent d’un petit supplément d’âme qui donne à un objet cet indéfinissable charme, cette petite flamme.

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Ma montre et mon bracelet jonc en argent, deux accessoires dont je ne me sépare jamais

Une rencontre choc !

Entre elle et moi, l’histoire ne fut pourtant pas si simple. Une fois l’essayage effectué, j’ai attendu quelques jours avant de recevoir ma paire, comme pour toute production artisanale de qualité.

Une fois la boite vert forêt arrivée en lieux sûrs – c’est à dire mon dressing – est venue l’étape de la confrontation entre deux fortes têtes : mes boots et mes pieds.

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Au premier jour, je dois avouer qu’elles ont gagné. La première fois que j’ai porté mes Coniston, je pense avoir pris moins de plaisir que lors de mon dernier détartrage chez le dentiste… vous voyez l’ambiance.

Mais je n’ai pas planté le drapeau blanc au premier combat. Si le créateur s’était arrêté au premier jour, il n’y aurait sur cette terre qu’un peu d’eau, de la lumière et les ténèbres. Après une pause de quelques jours bien méritée, le second port fut plus paisible, mais toujours viril. Elle n’avait pas décidé de plier aussi facilement.

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Bien décidé à donner à ces boots la forme de mon pied, j’ai continué à les porter, par période de quelques heures espacées de 2 jours.

Et arriva le jour que j’attendais. Celui où mes boots comprendraient que le roseau qui se courbe a plus d’avenir que le chêne qui résiste. Depuis ce temps, nous vivons en harmonie, elle, mes pieds et moi.

Finalement, rien de surprenant ni d’inquiétant. C’est simplement l’histoire classique des premiers ports d’une paire de chaussures de qualité, conçue dans un cuir résistant, et qui nécessite une petite période d’adaptation avant d’être parfaitement confortable.

Une confection de qualité

La beauté est subjective. La qualité, elle, se mesure.

Une chaussure, c’est d’abord une forme. Un « moule » sur lequel elle vient se construire. Comme le châssis d’une voiture de course. Ici, on est en présence d’une forme 325 créée en 1995, issue de la « main line » de Crockett & Jones (C&J). C’est cette forme moyennement arrondie qui donne tout son équilibre à la chaussure. Elle oscille entre élégance et décontraction avec subtilité. Voilà pour la beauté.

Mais la qualité vient sublimer cette beauté. Elle l’a rend durable, respectable et l’installe dans le temps. Cette paire est montée en cousu goodyear, aussi appelé cousu trépointe, et permet à C&J de garantir qu’elle sera à la fois résistante et ressemelable au fil des années. Le cuir grainé est issu des meilleurs tanneries, et je peux noter qu’il est parfaitement homogène sur toute la chaussure, sans aucune veines ni traces.

Enfin, pour la semelle, C&J utilise des Dainite Made in England de la Harbourough Rubber Co, qui est la référence dans le domaine de la semelle en caoutchouc. Normal pour une société qui fabrique des semelles depuis 1894 !

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La paire de bottines ultime

Je n’ai pas peur de le dire, cette paire est pour moi un modèle essentiel et indétrônable. Certains cherchent à le copier, mais les passionnés sauront le reconnaitre.

Ce n’est pas un jugement de valeur que je vous donne ici, mais un avis scientifique. L’excellence n’est pas une variable avec laquelle j’aime plaisanter ! Si je ne devais garder qu’une seule paire de boots, ça serait celle-ci.

Alors loin de moi l’idée de vous donner encore plus envie de porter cette paire … je pense qu’elle est suffisamment forte pour en devenir rapidement insupportable !

* * *

Infos : Modèle Coniston de Crockett and Jones, 560€


Pour aller plus loin :

Voir les commentaires (6)
  • Hello Arnaud,

    J’aime énormément les souliers anglais, et tout spécifiquement ceux de la Maison Crockett & Jones !
    Ce modèle en particulier est superbe ! Avec quoi les entretiens-tu ?
    Quelle marque de crème et quel coloris ?

    Merci !

  • La Skye3 c’est aussi une boots de folie. Excellent choix !
    Le problème avec ce genre d’achat, c’est que tu te dis « celle-ci c’est la dernière », et en fait tu craques sur une autre paire 6 mois plus tard !!

  • Super reportage qui retranscrit bien la rencontre et l’amour du produit. J’ai failli tomber amoureux de la meme que toi, mais je voulais vraiment un esprit brogue fleurie, et pas grainé. J’allais partir du magasin apres 1h30 d’essais, avec la coniston qui avait vraiment séduit mon pied, quand la vendeuse m’a sorti la Skye3, en chestnut …. et là, craquage total! Un tel achat déraisonnable m’a rarement fait autant plaisir et je n’ai absolument jamais regretté…je sais que je l’aimerai longtemps….

  • Très beau reportage sur un article de qualité, rare aujourd’hui…
    Je garde quelque part dans ma tête ce nom, « Maison Crockett and Jones »… aux côtes de « Weston » et autres élites.
    Merci
    Tit

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