En ces jours de confinement chacun gère le temps comme il peut. Entre la session de sport en live sur Instagram et celle de jardinage quotidien, j’aime me replonger dans mes notes de dégustations, m’exercer à la mixologie et bien sûr ouvrir certaines bouteilles qui dorment dans ma cave. J’ai retrouvé récemment des notes prises lors d’une soirée passée avec Arnaud. Un moment d’exception….
Nous avions été conviés au Crillon par Caroline Sarrot directrice de la communication de Louis XIII, célèbre marque de Cognac qu’on ne présente plus, prisée des connaisseurs comme des célébrités. J’ai retrouvé Arnaud devant cet hôtel, où l’on nous a chaleureusement conviés à attendre notre hôte au bar, Les Ambassadeurs.
Je tiens à écrire quelques mots au sujet de ce bar. C’est un lieu qui m’a tout de suite frappé par son style particulier, mêlant une architecture du 18ème siècle avec ses colonnes et ses fresques de chérubins à un mobilier moderne et chic. Le bar a pour toile de fond la place de la Concorde illuminée. Les Ambassadeurs est un très beau bar que je me suis empressé d’ajouter à mon carnet d’adresse épicurien. Il est réputé pour la qualité de ses cocktails et une très belle carte de champagnes de plus de 100 références où les « petits » vignerons indépendants – Selosse, Egly-Ouriet, Bérêche, Pierre Peters, et tant d’autres – côtoient les grandes maisons historiques comme Krug, Salon, Laurent-Perrier, Pol Roger.
Après quelques minutes au bar de l’hôtel, nous avons traversé le hall principal en direction de l’un des salons particuliers de l’hôtel qui n’est ouvert qu’à une poignée de personnes. La dégustation s’est déroulée dans un lieu qui suscite les fantasmes et les désirs, avec des fauteuils confortables, une décoration épurée, un mobilier soigné. Sur une table basse, au milieu de la pièce, une carafe et ses verres. Louis XIII nous invitent à découvrir ses secrets.
J’étais plus qu’impatient de pouvoir porter à mes lèvres cette coupe de cristal où s’éveillaient doucement les arômes du cognac. Je ne cacherais pas avoir eu quelques inquiétudes, pour avoir vécu l’expérience désagréable de rester sur ma faim. Je redoutais d’être déçu, ce qui arrive souvent lors de dégustations de grands spiritueux trop encensés. C’est comme une licorne, un graal, un sommet dont on entend parler mais qu’on ne pense jamais atteindre. On imagine, et l’imagination dépasse parfois la réalité. Elle trompe nos sens en créant une utopie. « Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier » a dit un jour Georges Clemenceau.
Mais pour mon plus grand bonheur, la destination fut aussi belle que le voyage.
Un assemblage hors normes
Louis XIII est l’héritage du savoir-faire de plusieurs générations de maîtres de chai. Une transmission de savoir qui dépasse une vie. Une temporalité qui submerge l’humain. Ce cognac est prestigieux avant-tout car il est issu exclusivement des parcelles de « Grande Champagne Premier Cru», les plus nobles terroirs de cognacs. Il est le fruit de l’assemblage de plus de 1200 Eaux-de-vie sélectionnées par plusieurs générations de maître de chais.
Mais la finesse et l’élégance ne se cantonnent pas seulement au contenu. L’habillage est aussi source de plaisir. Chaque carafe en cristal est soufflée à la bouche, ornée, numérotée et nécessite l’intervention de onze artisans travaillant avec minutie et rapidité afin de parfaitement contrôler la température du verre en fusion. C’est une oeuvre d’art à elle seule.
Selon la légende, la forme de cette carafe est inspirée d’une flasque de métal retrouvée sur le site de la bataille de Jarnac (13 mars 1569) et acquise par Paul-Emile Rémy Martin en 1850. Quelques années plus tard, en 1874, ce dernier fit répliquer la flasque pour créer une carafe en verre qui abriterait des cognacs exceptionnels. C’est en hommage au roi Louis XIII qui favorisa le commerce des eaux-de-vie sous son règne que ce cognac fut par la suite baptisé « Louis XIII ».
Depuis sa création, Louis XIII – le cognac – s’est illustré à bien des occasions, tout au long de son histoire et de la nôtre. On le déguste à Paris, lors de l’Exposition Universelle de 1900. Il est servi en 1929 aux voyageurs de l’Orient Express. On le retrouve en 1935 à bord du Normandie et trois ans plus tard, à la table du Roi Georges VI. Parfait compagnon de voyage il est aussi présent lors des grands évènements. En 1945, Charles de Gaulle en commande plusieurs caisses pour fêter la Libération de Paris et en 1951, Winston Churchill célèbre sa victoire aux élections législatives en buvant du Louis XIII.
Ce cognac suscite les passions, il appelle au voyage et à la confidence, il est l’ami des soirs de grandes fêtes ou des petits plaisirs hors du temps. Sa dégustation est une initiation.
La dégustation du Cognac Louis XIII
Je tiens à préciser en préambule qu’une dégustation est un exercice subjectif et de surcroit celle d’un cognac qui n’est pas un exercice facile. Si celle-ci vous intéresse voici, pour ne pas vous perdre, la roue simplifiée des arômes présents dans le cognac.
La première chose qui interpelle, c’est la douce couleur acajou légèrement filtrée par le verre en cristal. Elle est une première invitation à découvrir la complexité des arômes qui nous attendent.
Le premier nez est puissant, en plus de l’éthanol, il se dégage de fortes notes florales, le jasmin et le safran dominent laissant place peu à peu à des notes plus complexes d’épices, de pain grillé et de très belles notes de boite à cigare – le cèdre notamment – et de tabac.
Une fois le nez imprégné, le second nez se fait plus souple, des fleurs aux épices, les arômes nous amènent sur des notes de fruits exotiques, de fruits secs, d’encens, de noix* et de cuir (*il ne s’agit pas ici de la note oxydative qui est normalement un défaut). L’évolution des arômes se fait par vagues successives. Aucun ne se ressemblent et chacun se fait plus enivrant et complexe que le précédent.
Vient alors la découverte du palais, les premières notes ressenties sont les fruits secs, la figue, le raisin, mais aussi des notes plus subtiles comme le bois de santal ou encore le poivre. On pourrait s’attendre à une bouche rugueuse ou l’alcool est omniprésent. Bien au contraire, la surprise de ce cognac est sa rondeur et son moelleux.
La dégustation a été accompagnée de deux pairing (accord). Le premier, un incroyable jambon Bellota dont la référence m’échappe, pour souligner la finesse et la tendresse du cognac. Le second, un Cohiba Behike 52, qui apporte avec ses délicates notes de tabac et d’épices, une toute autre dimension et profondeur à la dégustation du Louis XIII.
Partir, puis revenir
Louis XIII est une invitation au voyage, à la découverte des plus beaux terroirs de Cognac. Son histoire, son élaboration et la beauté de sa carafe suscitent le désir et la passion. Il ne laisse et ne laissera jamais personne indifférent.
Il y a peu de dégustations qui vous transforment. Je parle de celles qui vous apportent une émotion si pure, qu’elles changent votre perception et votre manière de déguster. Celles qui vous laissent en souvenir des sensations puissantes, vives et précises qui ne se dissipent pas, ou peu. Louis XIII fait partie de celle-ci. Elle ouvre une parenthèse où la pesanteur du temps s’oublie pour ne laisser place qu’au plaisir.
Louis XIII – Voir chez Vinatis | Lavinia.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.