L’année dernière à la même période, je prenais la résolution de sortir de ma zone de confort, d’affronter la paresse et la peur en m’ouvrant à la dégustation de rhums. Je peux d’ores et déjà vous l’affirmer, aujourd’hui, après un an de découvertes, je me dirige plus naturellement et spontanément vers cette eau-de-vie tant appréciée.
À l’occasion des fêtes de fin d’année, je me suis dit que j’allais vous présenter cinq rhums qui ont retenu mon attention. Certains noms peuvent vous sembler familier, c’est tout à fait normal, certains étaient déjà présents dans mon article précédent. Rassurez-vous, je ne suis pas resté sur mes acquis, il y aura des petits nouveaux.
Grâce à cette sélection de cinq cuvées, j’espère vous emmener avec moi sur la route du rhum.
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*dès 50€ d’achat
a1710 renaissance
52° – 70 cl – 65 €
https://www.dugasclubexpert.fr/a1710-renaissance
L’an dernier, je vous avais présenté l’une de leur cuvée, « bête à feu » (en photo ci-dessus). Par la suite, j’ai naturellement découvert la cuvée Renaissance, qui n’a fait que confirmer les bonnes impressions que j’avais des produits de cette distillerie.
A1710 est un rhum blanc agricole, produit en Martinique. Les cannes à sucre, une fois coupées à la main, sont ensuite acheminées au moulin afin d’être pressées. Un jus frais et pur est alors extrait. Seuls les jus présentant une qualité optimale sont distillés par la suite. Le jus de canne frais est ensuite placé en cuve de fermentation pendant 5 à 6 jours puis est distillé dans un petit alambic à colonne.
J’ai été surpris par la simplicité et la complexité avec laquelle cette eau-de-vie se dévoile lentement sur le palais. Ce sont les arômes de jus de canne frais qui sont les plus marqués. Lentement, la simplicité laisse place à la complexité et des notes plus florales et épicées prennent place peu à peu sur le palais grâce à la finition rapide en fûts de cognac. La finale est gourmande et généreuse.
Parfait aussi bien en apéritif qu’en guise de digestif, j’ai pris plaisir à l’accompagner de chocolat dit « grand cru », propice à magnifier la palette aromatique de ce rhum.
la favorite cœur de canne 4 ans
50° – 70 cl – 23,20 €
https://www.dugasclubexpert.fr/la-favorite-coeur-de-canne-4-ans
Voici une autre distillerie que nous avions découverte ensemble. La Favorite est implantée au cœur de la Martinique depuis 1842 et fait partie des deux dernières distilleries familiales et indépendantes de l’île qui défendent encore ce savoir-faire ancestral. Elle produit des rhums certifiés AOC.
Au début du processus, les cannes à sucre sont coupées manuellement puis pressées par une machine à vapeur datant de 1906. Par la suite, le jus de canne subit une étape de fermentation de 72 heures, à la suite de laquelle on obtient un vin de canne titrant entre 3.5° et 4.5°. C’est ce vin qui sera ensuite distillé.
La distillerie la Favorite est quasiment autonome puisqu’elle produit 60 % de la canne qu’elle distille et qu’elle réutilise les déchets du broyage et du pressurage afin d’alimenter la machine à vapeur ainsi que les fours qui chaufferont par la suite les alambics pour la distillation. Quoi de plus écologique et économique pour une distillerie ?
La cuvée Cœur de canne 4 ans est un rhum d’AOC Martinique, vieilli en fûts durant quatre années. C’est un rhum souple et rond, qui souligne la qualité et le savoir-faire de la distillerie.
Niveau aromatique, c’est un rhum généreux et festif, avec des notes de bananes flambées, des notes pâtissières et de caramel au beurre salé. La bouche est gourmande, la vanille fond sur la langue et une très subtile note toastée vient égayer la finale. C’est un rhum persistant en bouche avec beaucoup de générosité gustative.
o reizinho blanc
45° – 70 cl – 45 €
https://www.dugasclubexpert.fr/o-reizinho-blanc
O Reizinho est un rhum agricole blanc élaboré sur l’île de Madère. Située à Santa Cruz, la distillerie familiale O Reizinho presse la canne aussitôt arrivée sur site et bénéficie d’une « Denominação de Origem Protegida ».
L’élaboration de ce rhum passe par un pressage de la canne sans ajout d’eau lors de ce processus, sauf si le taux de Brix de la canne est supérieur à 18. Le Brix est la mesure permettant de calculer la concentration en sucre dans un sirop.
À 18 Brix, ce taux serait trop élevé pour démarrer la fermentation qui s’étend sur 3 à 4 jours. Le vin de canne obtenu est ensuite distillé en alambic traditionnel portugais. Le rhum blanc agricole O Reizinho est un rhum blanc assez expressif.
L’aromatique est fraîche. Le nez s’ouvre sur des arômes frais et gourmands. Les agrumes citronnés laissent peu à peu place à des notes plus complexes et persistantes de baies et de poivre noir.
En bouche, le rhum est souple et est dans la continuité du nez, frais, rond et doux. La canne fraîche devient plus briochée. Le citron poivré évolue vers des saveurs plus épicées, poivrées. En finale, la fraîcheur du réglisse parachève ce déroulé aromatique frais et élégant.
J’aime l’employer lors de la préparation de cocktails. Sa fraîcheur apporte un joli twist à certaines recettes parfois un peu trop chargées.
naga edition anggur
40° – 70 cl – 49 €
https://www.dugasclubexpert.fr/naga-edition-anggur
Créée en Indonésie par des bordelais, la distillerie Naga produit des rhums à la croisée des genres. Son nom était tout trouvé. En effet, un Naga est une créature mythologique hindouiste mi-homme mi-serpent. D’autre part, Anggur signifie « la vigne », « le vin » en indonésien. Ce détail rappelle subtilement l’origines des propriétaires de la distillerie.
Naga Anggur symbolise la réunion des origines bordelaises des créateurs des rhums NAGA et leur passion pour les rhums et les voyages, qui les ont conduit à découvrir le Batavia Arrack, le Rhum Indonésien. Observez cette magnifique couleur ambrée, qui laisse place à des reflets rouge rubis empruntés aux barriques de vin.
Le nez est un parfait équilibre entre les notes épicées du rhum et celles fruitées et boisées du vin. En bouche là encore, c’est le rhum que l’on reconnaît d’abord avec ses arômes de fruits confits. Les tanins élégants du vin ressortent ensuite. Les fûts proviennent d’un très beau Saint-Emilion-Grand-Cru 2018, marqué par les fruits rouges et noirs typiques du terroir. C’est lors de la finale que nous retrouvons l’alchimie de cette cuvée. Le rhum et le vin se perçoivent distinctement et se marient harmonieusement, donnant à celui qui le goûte des envies de voyage.
Chamarel xo pedro jimenez
43° – 70CL – 75 €
https://www.dugasclubexpert.fr/chamarel-xo
Voici l’un de mes plus gros coup de cœur de l’année, le rhum qui m’a le plus durablement marqué. Distillé sur l’île Maurice, ce rhum est pour moi la perle de l’océan Indien. Au sud-ouest de l’île Maurice se trouve une exploitation entourée par des hectares de canne à sucre. Il s’agit de la distillerie Chamarel. Pour élaborer son rhum, la distillerie travaille à partir de trois variétés de canne à sucre : bleue, rouge et jaune.
Après la distillation de la canne à sucre, ce Chamarel va être mis en fût pendant six ans dans d’anciens fûts de chêne d’origine française, six années durant lesquelles il prendra la mesure du temps, pour s’imprégner et s’assagir. En plus de ce premier vieillissement, la distillerie décide de pratiquer un finish : une période de vingt-quatre mois en anciens fûts de Xérès Pedro Ximenez permettant d’apporter de la diversité et de la subtilité à sa palette aromatique.
Bien sûr, ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas tant ce processus de production, mais bien sa dégustation. Le nez est particulièrement expressif, il ne dévoile pas immédiatement ses secrets et incite le dégustateur à se concentrer d’avantage. Peu à peu la figue, le raisin sec et les senteurs de cuir entament une douce valse pour titiller nos narines. Les arômes de vanille et de caramel prédominent en bouche, lentement suivis par l’abricot, la poire et le chocolat noir qui apportent une longueur et une complexité déroutante. La finale est tout en finesse, suave et longue. J’espère que cette découverte vous touchera autant qu’elle m’a touché.
