SEVENFRIDAY

test avis montre Sevenfriday

Parmi les montres que j’ai eu à tester ici, en voici deux que je ne vais pas oublier. Même si ce n’est pas un type de pièces que j’ai l’habitude de porter, j’ai laissé sa chance au produit. On se plaint souvent qu’on porte tous la même chose, et bien au moins ici ce n’est pas le cas. Je crois bien n’avoir jamais croisé une Sevenfriday au poignet de quelqu’un.

S-Series S1:01M Sevenfriday montre

L’histoire de Sevenfriday

La marque Sevenfriday a été fondée en 2012 par Daniel Niederer à Zurich, en Suisse. L’idée de base était de créer des montres originales qui gravitent autour d’un art de vivre décalé que le nom de marque résume : Sept Vendredis, sept fois la fin de la semaine. Yolo ! Dès son lancement, la marque a été largement plébiscitée par ceux qui ne se retrouvent pas dans le classicisme de l’industrie horlogère actuelle, et qui n’attendent que de pouvoir porter des pièces différentes de celles du voisin. À l’inverse de Daniel Wellington créée en 2011 avec un style totalement neutre, Sevenfriday propose un design clivant à l’extrême, des dimensions impressionnantes, des couleurs et des matières multiples sur un même boitier, et surtout des cadran surchargés où les composants s’empilent les uns sur les autres. Un feu d’artifice.

Sevenfriday S-Series S1:01M

La Seven Friday S-Series S1/01M

C’est le premier modèle que j’ai passé au poignet. Elle garde ce boitier carré qui est la signature de la marque. Celui-ci fait 47,6 mm sur 47mm. On parle d’une sacrée dimension pour une montre, sachant qu’en général un boitier de beau diamètre fait dans les 43mm, et je trouve personnellement que 39mm est un diamètre agréable à porter. On est donc bien loin de tout ça, et pourtant.

Sevenfriday acier
Sevenfriday S-Series S1/01M

Oui je dis bien, et pourtant, car ce n’est pas le diamètre qui m’a choqué dans cette montre. Vous l’avez peut être remarqué, mais c’est une montre sans cornes. Le bracelet s’intègre dans le boitier directement sans ces deux appendices qui ornent généralement les montres. Et c’est là toute la différence. Car même ma Oris Carl Brashear qui fait 40mm sur le papier, mesure finalement 48mm de hauteur si on compte les cornes. La place prise en hauteur et largeur sur le poignet n’est donc pas gênante sur ce point malgré ce qu’on aurait pu penser.

cadran Sevenfriday S-Series S1:01M
Sevenfriday S-Series S1/01M

Mais ce qui m’a vraiment interpelé par rapport à ce que j’ai l’habitude de porter, c’est bien l’épaisseur et le poids. On le sent tout de suite quand on la prend en main, mais c’est sur la balance que le couperet tombe. Cette S-Series S1/01M pèse 208 grammes, avec son bracelet acier réglé pour un poignet de 17,5cm. En comparaison, une Citizen NY084 – qui n’est pas un exemple de finesse – pèse 135 grammes sur un bracelet acier réglé à la même taille, et la Oris Carl Brashear sur son nato pèse quant à elle 80 grammes. Pour trouver une montre de poids similaire, il faut s’orienter vers une grande plongeuse, la Rolex Deepsea avec 215 grammes, prévue pour plonger à 3900m. C’est dire combien cette pièce est lourde.

boitier Sevenfriday

Quant à l’épaisseur, elle n’est pas flagrante sur le papier, car avec 15mm on pourrait croire que c’est une montre dans la moyenne. C’est comme pour la largeur, mais à l’opposé. La lecture d’une fiche technique ne remplacera jamais l’essayage. En effet, cette largeur est constante sur toute la surface de la boite, ce qui lui donne en réalité un effet très massif. Mais n’est-ce pas ce qu’on vient chercher chez Sevenfriday ?

Une construction impeccable

Généralement, dans le monde de l’horlogerie de « haut / moyenne gamme », il faut choisir entre la fantaisie et l’horlogerie. Je ne parle bien sûr pas des montres fantaisies de haute horlogerie, qui appartiennent à un autre domaine. Mais dans cette catégorie, il faut généralement choisir entre de la fantaisie principalement bas de gamme ou du classique très bien exécuté. Ce qui est totalement compréhensible, car ce marché de la montre autour de 1000/2000€ est très particulier, puisqu’il représente généralement un bel investissement pour le client qui cherche à se faire plaisir dans cette gamme, et qui veut donc se rassurer avec un modèle qu’il pourra porter longtemps sans le lasser voire même le revendre si besoin.

caseback dos Sevenfriday S-Series S1:01M

Sevenfriday se situe donc dans une zone particulièrement spéciale, de la montre fantaisie « haut / moyenne de gamme » (1000/2000€ – d’ailleurs je ne suis pas très à l’aise avec cette définition du « haut » ou « bas » de gamme, mais il faut bien trouver les mots), mais avec une construction sérieuse. Sur cette S1/01M, le boitier est en acier inoxydable poli, agrémenté d’une fine ligne noire qui parcourt la face avant pour la structurer. Un verre minéral antireflet de type K1 durci protège l’ensemble. Une couronne oversize qui va bien avec le reste du boitier permet le réglage de l’heure. Le fond de boite est gravé avec plein d’informations un peu comme une fiche descriptive, pour renforcer le côté « industriel » de la pièce. Il y a même une puce NFC placée sur ce fond afin que vous puissiez vérifier l’authenticité de votre montre.

S-Series S1:01M Sevenfriday

La bracelet est lui aussi en acier, et de bonne facture. La qualité de sa conception et de sa boucle déployante correspond à ce que j’ai l’habitude de voir chez les montres de cette gamme de prix. Côté mouvement, elle embarque un calibre automatique japonais « 8215 » de chez Miyota. Un mouvement totalement connu et éprouvé, dans lequel on peut avoir confiance compte tenu de l’excellent recul qu’on a dessus.

La qualité de la fabrication de cette montre en fait une pièce totalement respectable dans le monde de l’horlogerie. Elle n’est pas « cheap » comme une montre fantaisie. On parle bien ici d’une véritable montre solide, destinée à durer dans le temps. D’ailleurs, le club des « heureux propriétaires de Sevenfriday » du forum « Forumamontres » n’a pas l’air de dire le contraire.

La Sevenfriday P3C/04 Red Carbon

Autre itération de la forme classique de Sevenfriday, mais bien plus originale encore. Les proportions et spécificités techniques restent presque les mêmes mais l’allure change totalement. L’acier et le polymère de l’extérieur sont remplacés par de la fibre de carbone. Cette dernière est décorative et on ne peut pas dire que c’est un boitier en carbone, même si le rendu est très beau. Ce modèle perd un peu de poids et ne pèse « que » 130 grammes sur la balance, ce qui la place dans la catégorie des montres moyennes. Le mouvement « 82S7 » n’est pas exactement le même que celui de la S-Series S1/01M, mais il vient toujours de chez Miyota et dispose en plus d’un stop seconde et d’une réserve de marche de 40 heures.

Sevenfriday cadran Montre P3C:04 Red Carbon
La P3C/04 Red Carbon

Le boitier de la P3C/04 Red Carbon est équipé d’une couronne vissée, ce qui permet de l’emmener sous l’eau, contrairement à la S1/01M qui n’est protégée que contre les éclaboussures. Le bracelet en tissu de ce modèle allège l’ensemble pour lui donner une allure plus sportive. Je me dis d’ailleurs que la S1/01M serait sûrement très sympa avec un bracelet cuir ou tissu. Cela permettrait de l’alléger aussi, tant sur le poids que sur le visuels.

Dos Sevenfriday P3C:04 Red Carbon
P3C/04 Red Carbon

Et la question que vous allez me poser …

« Mais alors Arnaud, qu’est-ce que tu en penses ? »

Bonne question. Mais la réponse n’est pas binaire. Vous le savez, si j’en parle ici c’est que la proposition ne m’a pas totalement repoussée, bien entendu. Je trouve le concept vraiment interessant car il apporte une touche d’originalité là où la plupart des marques récentes ne savent que revisiter des modèles vintage ou bien des classiques sans aucun risque. On tourne d’ailleurs un peu en rond à certains moments. On cherche l’originalité sans vraiment la trouver. Il faut dire que ce n’est pas simple de créer le classique de demain.

Montre P3C:04 Red Carbon Sevenfriday
P3C/04 Red Carbon

Alors je ne dirai pas que Sevenfriday se positionne comme cela, car les volumes de ces montres ne peuvent malheureusement pas convenir à tous, mais je dois admettre que cela permet à ceux qui le veulent de se rapprocher du style des maisons originales comme Urwerk ou Richard Mille, sans revendiquer leur excellence en horlogerie ni le prix qui va avec, de pouvoir porter une « vraie montre » originale.

Ces Sevenfriday ont le mérite de sortir de l’ordinaire, d’apporter une touche d’originalité et une vraie proposition là où certaines marques se contentent de vouloir séduire un spectre le plus large possible. Ce n’est pas le cas ici. On va chercher les originaux et les grandes silhouettes qui peuvent porter ce type de pièce, en leur proposant une véritable montre mécanique, et c’est ainsi que la marque fait le lien entre le monde de l’horlogerie classique et les montres « fantaisies ». Ceux qui aiment l’originalité n’ont ici pas à choisir entre le fun et une bonne fabrication. C’est à mon sens la grande qualité de cette marque.

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