Quand il est question de vêtements, le premier pays qui nous vient à l’esprit n’est pas l’Europe du Nord la plupart temps. Et pourtant, les labels norvégiens, suédois ou danois sont très dynamiques. C’est le cas de Scandinavian Edition, une marque lancée en 2010 par Eystein Cato Wang à Oslo en Norvège. L’histoire raconte qu’à cette époque il rendait visite à des amis à Stockholm et s’est rendu compte en discutant avec eux que les beaux manteaux techniques manquaient sur le marché. Je ne vais pas le contredire. J’ai lancé le blog en 2012 et nous étions encore aux débuts de la vague des petites marques dynamiques qu’on connait aujourd’hui. Le choix était vraiment plus restreint. On ne se rend plus trop compte de la chance qu’on a d’avoir toutes ces marques et ce dynamisme qui traverse le monde de la mode masculine aujourd’hui.
Bien motivé par l’idée de combler ce manque, Eystein s’est associé avec 2 amis pour créer et faire fabriquer 400 vestes qu’ils ont vendu autour d’eux à leurs familles et amis. L’idée n’était pas de créer une marque à l’origine, mais plutôt de créer un produit. Leur première veste ayant eu un bon succès, les clients se demandaient qu’elle était la suite. Ce n’est qu’en 2015 que la marque a finalement véritablement décollée avec la première production à grande échelle. Elle est aujourd’hui vendue dans plus de 130 magasins dans le monde. Un beau succès.
J’ai profité d’un passage à New York pour tester et photographier ce manteau dans des conditions de froid moyen autour de 0°C. Il n’y avait pas trop de vent et je portais un t-shirt en coton sous un sweat à capuche en coton. Comme ça vous savez tout et vous pouvez vous faire une bonne idée de la performance de ce manteau.
Un « Loft » minimaliste
J’ai choisi le modèle Loft pour tester la marque et me faire une idée ce que ça vaut. Ce modèle est un manteau long avec une capuche non amovible et deux poches zippées sur les côtés. Il est très sobre, surtout en bleu marine. C’est un manteau passe-partout et minimaliste. La doublure est en nylon doux et agréable au toucher. Le tissu extérieur est en 100% polyester déperlant, imperméable, coupe vent et respirant. Je n’ai pas plus de détails sur ce tissu malheureusement. La couleur rend très bien sur cette matière qui est mat avec des reflets légèrement satinés, sans être jamais brillante. Le montage de ce manteau semble simple, mais les coutures extérieures sont toutes soudées. Cela assure d’avoir un manteau imperméable, même sur ses coutures. C’est un détail qui rend la fabrication onéreuse, et qui permet de comprendre le prix de cette pièce qui est proposée à 549€.
Il est composé de 4 poches intérieures dont 2 zippées au niveau du thorax, et 2 au niveau du bassin dont l’une seulement est zippée. Il est certain qu’on ne manque pas de place dans cette veste. L’avant est doté d’une fermeture éclair double sens non étanche, mais doublée avec un rabat à pressions qui permet de l’isoler de la pluie. Les pressions de type « Cobrax » sont très élégantes et surtout faciles à utiliser. Je ne sais pas si ce sont exactement des Cobrax de chez Riri, mais ça y ressemble fortement.
Les deux poches latérales cousues dans le prolongement de la couture de la veste sont équipées de fermetures éclairs YKK et sont cachées derrière un rabat en tissu qui les rend presque invisibles. Le genre de détail qui donne un look encore plus sobre et minimaliste. L’extrémité des manches est équipée de bords côtes qui bloquent le vent et d’une découpe qu’on voit rarement et qui permet de couvrir un maximum le dessus de la main sans pour autant entraver la préhension. C’est un détail qu’on retrouve généralement sur les vestes techniques légères comme les surcouches souples imperméables par exemple.
La capuche n’est malheureusement pas amovible. J’aime bien pouvoir l’enlever personnellement. Dans tous les cas elle est vraiment efficace et grande et j’ai pourtant une très grosse tête. J’ai même pu la porter avec un bonnet ou une casquette sans problème. Elle est doublée avec la même matière isolante que le reste du manteau. C’est un avantage sachant que jusqu’à 30% de la déperdition de chaleur du corps passe par là. Cette capuche est aussi imperméable, comme le reste et sa découpe légèrement incurvée en forme de casquette offre une protection parfaite contre la pluie. J’ai pu la tester sous une pluie battante en sortant de l’aéroport à New York, et je vous confirme qu’elle est réellement efficace.
Le seul logo apparent est un médaillon en métal qui reprend le dessin du drapeau Norvégien, le pays d’origine de cette marque, qui est appliqué sur l’épaule gauche. Deux lanières recouvertes d’un tissu 3M® réfléchissant sont fixées à l’intérieur du manteau au niveau des fesses avec un bouton pression. Il suffit de défaire le bouton pour que les lanières apparaissent sous la veste et permettent rester visible de nuit à pied ou en vélo. Je ne sais pas qui a eu l’idée, mais c’est très malin et sécurisant comme détail.
Un manteau chaud, mais sans duvet
La marque a fait le choix du EVOdown® de chez Thermore comme isolant dans cette veste. C’est une variante non animale qui permet de ne pas utiliser de duvet de canard (ou d’oie), qui reste le meilleur isolant mais qui est à la fois très onéreux – car très demandé – et sujet à controverse de la part des associations de défense des animaux.
Face à cela, certains industriels utilisent des fibres alternatives synthétiques libres qui ressemblent à des fibres naturelles et qui sont injectées dans les vêtements comme ces dernières. Seulement, ces fibres synthétiques n’ont pas le même comportement que leurs cousines naturelles, et ont tendance à s’agglomérer à un seul endroit en créant des boules de fibres, et surtout des zones très froides dans la veste. On voit ça généralement sur les doudounes bas de gamme.
Pour résoudre ce problème, la société italienne Thermore a inventé le « EVOdown« , une fibre synthétique qui s’inspire de la souplesse et du gonflant des fibres soufflées, sauf qu’elle n’en a pas les inconvénients. Les fibres libres ne le sont pas vraiment puisqu’elles sont emprisonnées dans une double couche qui permet de les stabiliser dans un tapis, qui ressemble d’ailleurs à un tapis de Yoga, pour créer une couche isolante uniforme et stable. Ces deux couches réduisent donc le problème de migration des fibres dans la veste, les zones froides et surtout les « déformations ». Au toucher le EVOdown donne une belle souplesse et du gonflant, avec presque une sensation d’avoir du duvet.
Cette matière est disponible dans 4 poids qui permettent d’avoir 4 niveaux de protection contre le froid. Du 80gr/m², 115gr/m², 170gr/m² et enfin 250gr/m². Scandinavian Edition a fait varier la densité d’isolant EVOdown dans cette veste en utilisant deux poids pour faire un modèle ultra léger et facile à porter même toute une journée. Elle a concentré l’isolation dans la partie haute du corps, là où il est important d’être bien protégé. Il y a donc du EVOdown 170g/m² dans toute la partie haute et dans les manches. A contrario, on a rarement besoin d’une grosse isolation en dessous de la taille qui n’est pas un endroit où la déperdition de chaleur est importante. Ici, le plus important est d’avoir une bonne longueur et une isolation du vent et de la pluie. Il y a donc du EVOdown 80g/m² en dessous de la ceinture, dans les 20 derniers centimètres de la veste.
C’est une construction intelligente qui permet de gagner des grammes sur le poids final sans altérer l’efficacité de la veste. Très malin comme détail encore une fois.
A porter
La marque garantie que cette veste permet de supporter une température de -15°C, même si elle précise que cela dépend de chaque personne et qu’il faut toutefois porter des vêtements chauds en dessous. Ayant testé sous -6°C en rentrant à Chicago, je vous confirme qu’il n’y a pas de soucis. C’est un manteau protecteur et chaud. Il est parfaitement imperméable et coupe vent, comme le promet la marque.
Etant habitué à ma grosse Yatesi, je dois dire que ce modèle a bousculé mes idées-reçues. La Loft en « small » fait 830 grammes à vide, alors que ma Yatesi « x-small » fait 2kg à vide. Plus du double ! C’est énorme quand il est question de marcher plusieurs heures. On ressent vraiment la différence à la fin de la journée.
La construction et le type de doublure permettent d’avoir un manteau souple, léger et peu imposant, qu’on peut rouler dans sa valise si besoin. Une pièce de tous les jours qui, à défaut d’être originale, est terriblement efficace.
Création pour Scandinavian Edition. Voir notre charte éthique.