Comme chaque année, Czapek revient à Watches & Wonders avec une pièce qui ne laisse personne indifférent. Et cette fois encore, la marque frappe fort : un tourbillon, un tout nouveau calibre maison, un cadran hypnotique et une symétrie à faire pâlir les architectes. On est où là ? Je pense qu’on est dans le sublime Mesdames et Messieurs.
Un tourbillon en lévitation
Comme disait Calogero : « en apesanteur ». Toutes mes excuses pour cette référence musicale. Mais ce qui capte immédiatement le regard, c’est ce tourbillon volant qui semble flotter au cœur du cadran. La cage, usinée en titane convexe, est suspendue entre la platine et le cadran comme en lévitation. Elle est traversée par un long pont des minutes, délicatement incurvé, qui vient aussi saisir le rouage central. Au sommet, le barillet trône avec majesté, suspendu à un pont ajouré. L’ensemble donne une impression d’harmonie, de légèreté mécanique et de pureté visuelle. C’est de la mécanique à coeur ouvert, mais avec élégance.
Une architecture fascinante
La beauté de cette Antarctique Tourbillon ne se limite pas à son mouvement. Le boîtier a été redessiné pour suivre les courbes et les élans du calibre 9. Les glaces saphir, légèrement bombées à l’avant comme à l’arrière, créent un effet de transparence saisissant. Et de la transparence, on peut dire qu’on en manque pas. Au verso, les gravures d’habitude visibles sur le fond sont ici présentées sous la glace. Résultat ? Une montre qui semble flotter dans son propre écrin d’air. Une profondeur qu’on retrouve rarement à cet endroit dans une montre. Une originalité qu’on attendait pas ici.
Le Calibre 9 : élégance mécanique
Cœur battant de cette nouvelle création, le Calibre 9 incarne la vision de Czapek : une recherche de pureté visuelle et d’intégration mécanique. Dessiné, conçu, usiné et assemblé en interne – mais sans renier l’esprit d’établissage cher à la maison – ce mouvement est un manifeste d’indépendance intelligente. Il aligne verticalement les trois organes clés : tourbillon, rouage, barillet. Chacun est mis en scène comme suspendu, sans artifices superflus, pour créer une lecture limpide de l’architecture du temps. Une symétrie qui ne me laisse pas indifférent et qui donne tout son sens à l’affichage des éléments internes d’une montre.
Ce calibre est aussi une prouesse technique : une cage de tourbillon en titane finement usinée, une roue de couronne dotée d’une denture brevetée, et une finition soignée jusque dans les moindres courbes. On en attendait pas moins de Czapek. Chaque pont est élancé, chaque surface polie à la main, chaque ligne pensée pour sublimer la lumière et le vide. Une mécanique qui se fait esthétique, et inversement. Ce n’est plus de l’horlogerie, c’est de la poésie.
L’art du guillochage
Czapek rend une nouvelle fois hommage aux métiers d’art avec le motif « Singularité », un guillochage en trompe-l’œil développé avec Metalem, un cadranier qui officie en Suisse depuis 1928. L’effet vortex qu’il produit est tout simplement captivant. Chaque passage de l’outil déplace son point de départ, créant une illusion de profondeur infinie, presque cosmique. On regarde le cadran comme on contemple un trou noir – avec fascination et un soupçon de vertige.
Une montre qui se regarde autant qu’elle se porte
Czapek propose l’Antarctique Tourbillon dans trois déclinaisons chromatiques, chacune limitée à 50 pièces. Désolé, il n’y en aura pas pour tout le monde. D’abord, Glacier Blue, peut-être la plus séduisante à mes yeux, avec ses aiguilles et index bleues qui dansent sur un fond bleu-gris guilloché, rappelant les reflets d’une banquise sous le soleil. Ensuite, Photon Sphere, une variation précieuse aux teintes or « 5N », chaude et lumineuse comme une sphère solaire. Enfin, Secret Alloy, un gris profond et métallique, presque minéral, qui joue avec la lumière comme une surface lunaire.
Ces trois cadrans, tous travaillés avec le même guillochage « Singularité », offrent des ambiances radicalement différentes. Mais dans chaque version, la symétrie parfaite de l’ensemble, la légèreté du mouvement et la précision des finitions restent constantes. Quelle que soit la couleur choisie, on porte au poignet une montre rare, cohérente, et profondément habitée. J’espère que les chanceux qui pourront la porter sauront apprécier ces détails.
L’Antarctique Tourbillon n’est pas simplement un exercice de style horloger. C’est une montre que l’on prend plaisir à observer, à scruter sous tous les angles, puis à passer au poignet pour la faire vivre. Elle incarne la capacité de Czapek à conjuguer héritage et avant-gardisme, en offrant une pièce à la fois élégante, innovante et profondément horlogère.
Limitée à 50 exemplaires pour chaque coloris, cette montre marque aussi les dix ans de la renaissance de Czapek & Cie (2015-2025). Une décennie célébrée en beauté, avec une création qui semble défier les lois de la gravité. Et du bon goût.
