L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
Voilà un petit moment que je n’ai pas eu le plaisir de vous écrire, je profite donc de cette magnifique météo qui illumine Paris et qui lui donne ce cachet si particulier et unique pour partager avec vous, une dégustation que j’ai eu le plaisir de faire récemment.
Au détour d’une exposition d’artistes japonais organisée par la Gallery Jo Yana, nous discutons avec Arnaud et un jeune ami sommelier des dégustations qui nous ont marquées. Au cours de la conversation Arnaud partage le souvenir d’une dégustation que nous avions faite ensemble il y a presque 5 ans, celle d’un Louis XIII, un cognac d’exception, emblème de l’excellence de la maison Rémy Martin.
Une dégustation unique et hors du temps qui m’a profondément marqué, c’est pourquoi lorsque Arnaud me propose de l’accompagner une nouvelle fois à la rencontre de ce flacon d’exception, sans hésitation, j’ai dit oui.
Un cognac d’exception
Louis XIII est créé en 1874, le nom est un hommage au roi de France éponyme qui a participé et favorisé le développement de la région de Cognac.
La maison a vu se succéder beaucoup de profils différents de maître de chais, cependant leur mission en plus de maintenir le niveau de qualité du cognac est aussi et surtout de conserver au fil des transmissions, la signature unique de cette eau-de-vie.
Depuis 2014, c’est Baptiste Loiseau, qui est à la manœuvre au chai, il apporte une vision nouvelle et dynamique, tout en étant le gardien du savoir-faire de Louis XIII, une anecdote récente raconte qu’à l’occasion d’une dégustation au domaine entre les dernières générations de maîtres de chai, André Giraud (95 ans) à remercié et exprimé sa satisfaction auprès de Baptiste Loiseau pour avoir conservé le goût et le style de Louis XIII.
Il se chuchote pour les oreilles attentives qu’une seule carafe contiendrait jusqu’à 1200 eaux-de-vie différentes, les plus jeunes auraient une quarantaine d’années tandis que les plus anciennes dépasseraient parfois un siècle… mais personne – à part le maître de chai – ne sait vraiment.
La riche histoire du cognac Louis XIII
Louis XIII est plus qu’un cognac d’exception, il est une histoire, une histoire qu’on se raconte, qu’on s’imagine et qu’on goûte. Chaque carafe est une pièce unique, réalisée à la main par les artisans verriers de la cristallerie Saint Louis, ornée de fleurs de lys et sertie d’un bouchon majestueux.
On le déguste en 1900 à l’exposition universelle de Paris, mais aussi à la table du roi d’Angleterre George VI en 1938.
Encore plus tôt en 1929 à bord de l’Orient Express où ses arômes enchanteurs et complexes bercent le voyageur installé devant les fenêtres du wagon-bar.
En 1945 De Gaulle célèbre la libération de Paris et en 1951 Churchill fête sa victoire aux législatives, leur point commun ? Ils boivent tous deux du Louis XIII, pour fêter l’événement.
Ce cognac suscite et éveille les passions, il appelle au voyage et à la confidence, il est l’ami des soirs de grandes fêtes, mais aussi des moments intimes dont le seul témoin de nos confidences est le souvenir de nos verres vides.
Déguster Louis XIII ce n’est pas seulement « une dégustation », c’est une initiation. C’est un cognac dont chacune des carafes est un hommage aux artisans et à leurs savoir-faire qui font son exception et lui permettent de prendre vie dans nos verres depuis 1874.
Pour les amateurs et collectionneurs, avides d’exploration, certaines éditions limitées comme le Rare Cask ou la Time Collection viennent enrichir l’histoire d’une maison qui ne cesse de sublimer le cognac et le patrimoine français.
Une dégustation exclusive
Parlons un peu de cette dégustation.
Nous sommes au début du printemps, il fait beau, c’est l’effervescence dans les rues parisiennes, c’est la Fashion Week, les rues s’animent et fourmillent de touristes, de Parisiens et de fashionistas en quête de la photo parfaite pour Instagram et leurs books.
Je rejoins Arnaud sur le lieu du rendez-vous que je dois garder secret, je m’autorise tout de même à vous dire que le lieu était incroyable, à la hauteur de la dégustation, de grandes fenêtres, une belle hauteur sous plafond, un mobilier moderne qui se marie et souligne parfaitement l’espace de chacune des pièces, une tranquillité, un silence étonnant qui contraste avec l’agitation extérieure de cet endroit central dans Paris.
Nous sommes accueillies par Arnaud Longuent, Directeur France de Louis XIII (en photo ci-dessus), qui nous invite à le rejoindre dans le salon dédié à l’expérience Louis XIII. Un mot important sur notre hôte, en tant que sommelier, je suis habitué aux dégustations et aux événements dans des lieux particuliers et/ou exceptionnels, nous (sommeliers) y sommes choyés, mis à l’honneur bien souvent pour flatter nos egos (oui, je le dis, les sommeliers sont parfois orgueilleux), il est donc parfois difficile d’apprécier la sincérité et la simplicité des hôtes qui nous reçoivent.
Pourtant ici, j’ai été émerveillé à la fois par la « simplicité » du lieu, l’harmonie et le confort du mobilier et aussi et surtout par notre hôte, sa convivialité, sa franchise et sa bonhomie nous invitent à la confidence, nous suivons ses explications avec passion, plus qu’une simple explication ou un exposé, nous participons avec lui à l’écriture de ce moment, nous partageons nos ressentis, nous découvrons ensemble pas à pas, gorgée après gorgée les différentes structures aromatiques toujours plus loin dans l’analyse de ce magnifique spiritueux. Plus qu’une dégustation, une initiation à huis clos.
La dégustation du cognac Louis XIII
Laissez-moi vous parler de mon expérience en bouche.
Le rituel de dégustation du Louis XIII impose de prendre son temps. Le voyage sensoriel et initiatique commence alors par l’observation, dans le verre un liquide ambré et mystérieux renfermant l’héritage de plusieurs années de vieillissement, prêt à nous partager un secret, son secret.
Dès les premières notes, la magie opère, le premier nez est puissant, vif, ce sont les arômes floraux qui se distinguent le plus, je retrouve immédiatement cette sensation que j’ai ressenti la première fois que je l’ai déguster, du jasmin, du safran, la fleur d’oranger, la violette, un délicat arôme de fruits confits, d’abricot sec et de raisin muscaté. Tout est équilibré, les notes sont puissantes mais harmonieuses, elles ne dominent pas, elles s’accordent et se succèdent par vagues.
Une fois habitué, le second nez se fait plus souple et généreux, les fleurs laissent place aux épices et au boisé, délicate note de tabac et de boîte à cigare, bois de chêne, de bois de santal, parfois certains arômes surgissent et s’évanouissent si vite qu’on n’a pas le temps de les comprendre.
Tout est si dense et pourtant si délicat, les arômes nobles se dévoilent au fur et à mesure que notre nez et notre palais s’habituent, notes de fruits exotiques, de fruits secs, d’encens, de noix*, de cuir, de poivre viennent danser sous nos narines et sur nos papilles. (*il ne s’agit pas ici de la note oxydative qui est normalement un défaut)
L’évolution se fait par vagues, aucune ne se ressemble et chacune se fait plus riche et complexe que la précédente.
Louis XIII n’est pas un simple spiritueux, c’est une expérience hors du temps, une immersion dans l’histoire et le savoir-faire français. Chaque gorgée est un hommage à la patience, à la transmission et à l’excellence de ce cognac.
Un moment rare, suspendu, un souvenir impérissable.