PIGANIOL

parapluie piganiol

Tout accessoire mérite une attention particulière. Il serait dommage d’être finement apprêté dans un superbe costume mesure, et d’avoir en main un jour de pluie, un vilain parapluie publicitaire en plastique. Voilà pourquoi je me suis récemment documenté sur cet accessoire qui ponctue notre vie au grès des saisons, et qu’on oublie trop souvent de choisir avec soin.

La capitale française du parapluie : Aurillac

Aurillac est connue pour être la capitale du parapluie depuis environ 1860. Au départ renommée pour sa production de cannes, la région s’est diversifiée pour plusieurs raisons, et notamment grace aux matériaux qui étaient à disposition localement : le cuivre qui servait à fabriquer les parties métalliques du parapluie était ramené de Saint-Jacques-de-Compostelle par les pèlerins, le bois nécessaire à la fabrication du manche venait des forêts locales, et la toile de coton venait d’Espagne avant d’être enduite d’huile pour l’imperméabiliser. En 1928, les manufactures de la ville d’Aurillac produisaient 1.1 million de parapluies par an, et employaient 750 ouvriers et ouvrières.

La création de la maison Piganiol

La création de la manufacture de parapluies Piganiol date quant à elle de 1884 quand un certain Jean-Baptiste Poignet, employé d’un négociant en parapluie, s’installa au 16 rue des Fossés à Aurillac pour lancer sa propre entreprise. Cette société fut un beau succès à cette époque où les parapluies aurillacois avaient le vent en poupe. Plusieurs années après avoir intégré la société, René Piganiol succéda à la tête de l’entreprise de son beau-père en 1931 pour poursuivre l’activité.

S’en suivra Henri Piganiol en 1953, qui déplacera l’usine au 9 rue Ampère à Aurillac pour lui permettre de s’agrandir, puis son fils Jean Piganiol en 1987, qui lancera en 1988 la société « Piganiol Diffusion », qui deviendra ensuite la « S.A. Piganiol ». Durant les années qui suivirent, Jean Piganiol et sa femme Martine développèrent beaucoup l’entreprise et notamment la partie export de la société en s’ouvrant au marché japonais et en proposant des parapluies publicitaires. Ils dynamisèrent cette société alors que de nombreux concurrent furent contraints de mettre la clef sous la porte.

piganiol parapluie

Depuis 2003, c’est Matthieu Piganiol (le fils de Jean et Martine) qui a repris la direction de l’entreprise, et qui est donc la 5ème génération de cette même famille à la tête de la société. Mathieu n’a pas cessé de faire évoluer l’entreprise depuis son arrivé, en modernisant la production, comme par exemple avec l’arrivée de la découpe laser ou d’un atelier d’impression numérique intégré dans l’usine.

Aujourd’hui, Piganiol emploie 30 personnes qui fabriquent chaque année 50.000 parapluies dans les ateliers de la manufacture toujours situés à Aurillac. L’atelier est désormais mécanisé, mais de nombreuses actions sont toujours réalisées à la main, avec une grande précision et des gestes issus d’un savoir-faire transmis depuis plus d’un siècle.

Le savoir-faire Piganiol

La chose la plus importante pour une entreprise très ancienne comme Piganiol, ce n’est pas d’afficher une date lointaine sous un logo et faire croire qu’elle est là depuis des décennies, mais plutôt de transmettre un véritable savoir-faire de générations en générations. Et ce savoir-faire, c’est notamment les ouvriers de l’entreprise qui le détiennent. La précision de leurs gestes est le résultat d’une transmission qui n’a jamais été interrompue depuis 1884.

usine piganiol parapluie

La coupe du tissu

La coupe du tissu est la première étape de la confection d’un parapluie. Comme pour un costume, c’est quasiment la plus importante. La toile la plus utilisée pour fabriquer des parapluies est le polyester, mais les deux modèles que j’ai testé sont fabriqués dans une toile 100% coton et 100% imperméable ! Ce tissu est épais est très robuste, on le sent rapidement quand on le touche.

Le carcassier

L’autre point très important dans la conception d’un parapluie, c’est la « monture ». Elle est composée du mât, de la poignée, des parties métalliques et des brins ou « baleines » (qui supportent la toile). C’est le « carcassier », qui assemble de manière entièrement artisanale ces différentes parties.

parapluie piganiol fabrication francaise made in France

Les « baleines » du parapluie étaient à l’origine des fanons de baleine (partie de la mâchoire), avant d’être remplacées par des brins de bois ou de jonc, qui sont plus souples. Aujourd’hui chez Piganiol seul le parapluie de berger que j’ai testé ici est encore fabriqué avec 9 baleines en brin de jonc, les autres ont des baleines métalliques.

parties parapluie 2parties parapluie 1

Pour me faire une idée du savoir-faire de la maison, j’ai choisi de tester le modèle emblématique de la marque, le parapluie de berger, et un modèle plus urbain appelé « L’Aurillac ».

parapluie de berge piganiol

L’immense parapluie de Berger.

Le parapluie de berger

C’est le premier parapluie que j’ai voulu tester, car c’est le plus artisanal. Son montage se fait à la main, avec des baleines en jonc, et quatre heures sont nécessaires rien que pour assembler ce parapluie. Il ne reste en France qu’une dizaine de personnes capables de fabriquer un tel produit, et la majorité travaille chez Piganiol.

C’est un parapluie qui fait 130cm d’envergure. C’est donc un très grand modèle, qui est plus destiné aux balades dans la nature qu’à une promenade dans les étroites rues de nos villes ! Il est fabriqué avec une toile de coton très épaisse qui est imperméable, et dont on sent qu’elle pourra résister à bien des hivers capricieux. Une longue bride en tissu similaire à la toile permet de ceinturer le parapluie pour le transporter ou le ranger.

parapluie de berger piganiol

Son mât est constitué d’une seule pièce de bois de châtaignier et d’une poignet droite en boule en bois de hêtre gravée avec le logo de la maison. C’est un gage de solidité. Plus on limite les pièces, moins on aura de risque qu’elles ne se désolidarisent.

Les baleines (ou brins) sont fabriquées en bois de jonc, c’est qui est une rareté dans le monde du parapluie. Les sous-baleine (aussi appelée « fourchettes », en référence à leur forme), la noix (pièce qui réunit les baleines au sommet du mat), les aiguillettes (extrémité des baleines) et le coulant (partie qu’on tient entre ses doigts pour ouvrir le parapluie) sont en métal (cuivre), alors que les éléments de liaison entre la noix et les baleines sont en plastique.

manche parapluie berger piganiol

Le coulant est surmonté d’une pièce de tissu cousue autour des « fourchettes », appelée « rosette », pour améliorer le confort lors de l’ouverture. C’est un détail anecdotique mais très agréable à l’usage, car les doigts ne viennent pas butter contre les fourchettes.

choupette parapluie de berger piganiol

La rosette, cousue à la main.

La pointe du parapluie est appelée « tape à terre ». Sur ce modèle de berger, elle est en bois, et n’est pas recouverte de métal contrairement au modèle Aurillac. Sa conception le rend par conséquent anti-foudre. N’ayez pas peur de sortir votre parapluie, même en plein orage.

tape a terre bois piganiol

C’est un modèle de parapluie très lourd et costaud. Ce n’est pas un pépin qu’on balade dans son sac à dos en permanence. C’est le parapluie des balades en campagne, celui qu’on prend les jours de grosse pluie pour être bien protégé quoi qu’il se passe. On peut facilement s’asseoir en dessous en attendant que l’orage s’éloigne, et accueillir trois voire quatre personnes. Ce parapluie de berger est un superbe objet, en plus d’être une accessoire entièrement fabriqué en France par les meilleurs artisans dans ce domaine. Il est vendu 195€ et fabriqué dans 8 couleurs, toute magnifiques.

Le parapluie « L’Aurillac »

Pour mon second test, j’ai choisi un parapluie plus urbain et moins rustique, tout en sélectionnant un modèle très élégant. Sur ce modèle iconique de la marque appelé « L’Aurillac », le mât est aussi constitué d’une seule pièce de bois de châtaignier.

aurillac piganiol

C’est un parapluie qui fait 115cm d’envergure, c’est à dire une taille raisonnable adaptée pour la ville, et pour une à deux personnes. Il existe une version « femme » un peu plus compacte qui fait 100cm d’envergure. Il est fabriqué avec une toile en 100% coton enduit épaisse et robuste, totalement imperméable. Son mât est prolongé par une superbe poignet courbe en bois de châtaignier, agrémentée d’un écusson en laiton gravé au logo de Piganiol.

manche parapluie piganiol

Les baleines sont en métal, tout comme les sous-baleines, la noix, les aiguillettes, et le coulant. Ce dernier est – comme sur le modèle « Berger » – surmonté d’une pièce de tissu cousue autour des « fourchettes » appelée « rosette », encore une fois pour améliorer le confort lors de l’ouverture.

choupette parapluie piganiol

La « tape à terre » (pointe du parapluie) est métallique, contrairement au modèle Berger qui est en bois brut. Cela renforce cette partie du parapluie, et évite qu’elle ne soit trop vite usée si vous l’utilisez comme une canne lorsque la pluie vient à cesser. Une bride en tissu dotée d’un bouton pression permet de ceinturer et fermer le parapluie une fois qu’il ne sert plus. Ce détail est bien plus qualitatif que les brides en velcro qu’on voit bien trop souvent sur les parapluies d’aujourd’hui.

aiguillette cuivre piganiol

L’aiguillette métallique de L’Aurillac.

C’est un modèle de parapluie plus léger et maniable que le modèle de Berger. C’est celui de tous les jours, qu’on peut avoir dans son entrée ou dans le coffre de sa voiture. Il est élégant, notamment grâce à sa poignée courbée qui donne une allure sophistiquée, sans pour autant en faire un objet trop raffiné. N’oublions pas que le parapluie doit avant tout rester un objet pratique et robuste. Un compagnon de tous les jours qui ne doit pas craindre de se faire malmener, ce que certains fabricants de parapluies très précieux à poignée en cuir ont trop vite oublié.

tape a terre parapluie piganiol

Ce modèle est vendu 150€, et il existe dans 7 couleurs (à voir ici), et aussi en version « femme » de 100cm de largeur et plus allégé, à 135€. Cela est très raisonnable pour un produit fabriqué en France par la meilleure entreprise dans son domaine. C’est un parapluie que vous garderez, cela va sans dire, plusieurs décennies.

Un parapluie certifié « Made in France »

Que ce soit le parapluie de Berger ou L’Aurillac, ces deux modèles représentent le meilleur du savoir-faire français dans ce domaine. L’industrie française du parapluie a certes été malmenée ces dernières décennies, pourtant le savoir-faire est toujours là, et il ne cesse de se transmettre.

Mettre la main sur un parapluie de cette qualité, c’est avant-tout mettre en oeuvre la maxime que je ne cesse de répéter : « acheter moins, mais acheter mieux ». Et c’est aussi faire vivre une entreprise qui entretien le patrimoine français. Et ça, ce n’est pas rien.

A bientôt,

Arnaud

 

Si vous souhaitez en apprendre plus, je vous recommande la lecture de ce livre écrit par Jean Piganiol pour les 125 ans de la maison Piganiol

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