MAISON CORNICHON

test sweat maison cornichon

Retourner aux processus qui exigent du temps et du savoir-faire. Voilà un leitmotiv pour vivre le vêtement avec raffinement. Pour sûr, il peut être une commodité interchangeable, conçue à la chaîne, acheté 2 francs 6 sous, portée quelque fois puis tristement jetée. Ou il peut être un charme, fabriqué avec patience pour devenir une pièce vieillissant avec soi, exprimant son pan d’histoire. Le vêtement authentique, à vrai dire, c’est celui qui conte les péripéties vécues. Maison Cornichon fait partie de ces créateurs de récits. Jeune marque prêchant les vertus de la confection d’antan, elle a fait plusieurs paris :

  • Une fabrication française
  • Un savoir-faire textile traditionnel
  • Des vêtements intemporels

Made in France

C’est en Nouvelle Aquitaine (Sud-Ouest), dans le département de la Dordogne que Maison Cornichon a localisé sa fabrication. Installée en 2013 à Bordeaux, la marque travaille main dans la main avec un atelier de tissage opérant depuis 1949. Forte de ses 60 années d’expérience dans le textile, cet atelier a su perpétuer la maîtrise de machines industrielles datant des années 50. Il s’agit d’anciens métiers à tricoter circulaires, qu’on surnomme « les mailleuses » – en référence à la maille du tricot – qui reproduisent mécaniquement le travail de tricot manuel.

Un métier à tricoter circulaire.

Devenues rares dans l’industrie du textile, ces machines ont été abandonnées par l’industrie contemporaine, en quête d’un rendement toujours plus important, souvent au détriment de la qualité. De fait, ces anciens métiers à tricoter sont certes plus lents que les instruments actuels mais ils garantissent une qualité de fabrication exceptionnelle grâce à l’application d’une tension plus faible sur les fils de coton tricotés. La maille qui en résulte est volumineuse, solide et respirante : 2 à 4 fois plus épaisse que le tissu conçu à l’aide d’une machine moderne.

Savourez le bruit régulier de ces machines antiques.

Les mailleuses nécessitent des connaissances pointues et un entretien régulier pour garantir leur bon fonctionnement. Cet atelier français a su faire perdurer ce savoir-faire désormais rare en accumulant de nombreuses archives. Ce sont patrons, listes de fournisseurs de pièces détachées, manuels d’instruction et dessins techniques dont ils disposent pour mener à bien l’ouvrage. Au sein de l’entreprise, onze artisans des plus expérimentés supervisent la fabrication, la gestion des patronnages (l’équivalent des plans d’un vêtement) et l’entretien quotidien des métiers à tricoter.

C’est sur cette solide expérience que Maison Cornichon s’est appuyée afin de développer des vêtements hors-du-temps.

Des vêtements intemporels

Maison Cornichon a vocation de créer des pièces indémodables. Pour ce faire, la marque a concentré sa création autour des hauts de la garde-robe masculine. Ce sont d’authentiques t-shirts, marinières, sweatshirts, robustes polos rugbys ou encore cardigans qu’on retrouve dans sa collection actuelle.

C’est particulièrement grâce aux t-shirts d’aspect vintage que la marque a construit sa réputation. D’ailleurs, nos confrères japonais – reconnus pour leur exigence en terme de goûts et de qualité de fabrication – raffolent des pièces Maison Cornichon. Si bien qu’elle exporte auprès de nombreux distributeurs de l’Empire du soleil levant.

Le style est minimaliste, sans fioritures avec parfois quelques couleurs fortes. La valeur ajoutée de ces hauts se trouve dans la qualité de fabrication et le choix d’une matière très qualitative. De fait, la matière est le véritable coeur de métier de la griffe bordelaise. Chaque pièce naît d’un processus de fabrication traditionnel et est conçue avec un tissu de coton lourd (195gr, 290gr, 480gr) assurant une longévité certaine au vêtement.

Conquis par ces engagements pour le made in France et une confection à l’ancienne, c’est avec enthousiasme que j’ai passé Maison Cornichon au banc d’essai. Il y a plusieurs mois, je me suis procuré l’un de leurs sweatshirts dont voici le test.

LE SWEAT RAGLAN LOTUS V1

Caractéristiques techniques

  • Sweatshirt en molleton non gratté fil bleu/fil blanc
  • Molleton épais (350gr) 100% coton
  • Bords côtes bleu marine
  • Épaules raglans
  • Coupe ample

Aux origines, le sweatshirt (contraction des mots « sueur » et « chemise » en anglais) est un vêtement du vestiaire des sportifs américains du début du XXème siècle. Au cours des trois dernières décennies, ce vêtement d’allure décontractée s’est démocratisé à travers le monde en devenant notamment un symbole du mouvement streetwear.

La matière

Ce sweatshirt est conçu dans un molleton 100% coton d’un poids de 350gr. C’est un type de tissu réalisé en tricotant deux fils de longueurs différentes. Habituellement, sur un sweatshirt, on gratte l’un des côtés afin d’obtenir une matière duveteuse et chaude. Ici, la marque a volontairement opté pour un tissu non-gratté pour que le rendu conserve un aspect brut et d’éviter que le sweatshirt ne tienne trop chaud.

La matière s’adoucit au fur et à mesure des ports et des lavages. Dès le premier port, la main était déjà agréable et après plusieurs mois, le toucher est devenu encore plus moelleux. On remarque de légères peluches en surface du tissu offrant une texture que j’apprécie particulièrement.

Tricoté dans un fil bleu et blanc, le corps de ce sweatshirt a un rendu lumineux, laissant apparaître toutes ses aspérités lorsqu’on regarde le tissu de près. Le molleton est dit « visible » car il est composé de rangées de mailles tricotées par deux fils qu’on distingue à l’oeil. A l’endroit du sweat, ces rangées forment des points d’accrochage offrant une texture unique à la matière.

Les rangées de maille sur l’endroit du sweatshirt.
Les fils de chaîne.

A l’envers , on remarque les fils dits de chaînes car ils forment de longs flottés horizontaux. Par ailleurs, ce molleton est dense grâce à un coton de poids lourd (350 gr), ce qui permet d’obtenir une maille très solide et également respirante grâce à l’aération du tricotage.

Personnellement, je le considère idéal pour toute l’année : en hiver, il fait office de couche en layering (la fameuse technique de l’oignon !) et a l’avantage de ne pas tenir trop chaud une fois en intérieur. A la mi-saison, c’est un vêtement qui accompagne avec brio un blouson et en été, je le porte dès la tombée de la nuit, lorsque les températures se rafraîchissent. En outre, il me faut souligner l’excellente thermorégulation du tissu.

D’aventure, le coton est une matière réputée pour sa bonne respirabilité et sa capacité à évacuer la transpiration. Dans la pratique, on remarque cependant suée sur un t-shirt peut prendre plusieurs heures à sécher. Et pour les moins chanceux, c’est parfois une mauvaise odeur qui peut accompagner cette désagréable sensation d’humidité.

Une étiquette minimaliste et un discret drapeau de notre beau pays.

Avec ce sweatshirt Maison Cornichon , je n’ai jamais eu le moindre de ces problèmes C’est surprenant pour un vêtement en coton car d’expérience, il me faut les laver au bout du deuxième port. Ici, même en le portant plusieurs fois R.A.S.

La coupe

Pour conserver un certain confort, Maison Cornichon a construit ce sweatshirt avec une coupe ample et des épaules raglans.

La silhouette est assez généreuse et le tissu épouse à peine le buste et le ventre. A mon sens, c’est une coupe intéressante lorsqu’on souhaite un rendu légèrement « loose » ou qu’on est costaud (athlétique ou embonpoint). De la sorte, le sweatshirt est très agréable à porter car il ne tient pas trop chaud.

Gardez à l’esprit que tout vêtement en coton rétrécit légèrement au lavage. Cela peut être problématique sur une pièce « slim » ou ajustée, tandis que sur une coupe plus ample comme celle-ci, le rendu sera plus harmonieux après lavage.

test sweat maison cornichon

Les épaules sont raglan, c’est-à-dire qu’elles ne comportent pas de couture. Un peu comme sur un blazer aux épaules déstructurés (sans padding, à l’italienne), ce sont les épaules du porteur qui structurent le sweatshirt.

crédits image : Stiff Collar, par l’excellent Julien Scavini

A titre personnel, je suis un grand amateur d’épaules raglan sur ce type de pièce car elles offrent un confort inégalable en permettant toutes les amplitudes de mouvement sans contraindre l’épaule.

Last but not least, les fameux bords-côtes. Il s’agit d’une bande de tissu – le plus souvent extensible – utilisée pour finir un vêtement. Sur ce sweatshirt, les manches et le bas sont munis de bords-côtes en coton bleu marine non extensible.

Si j’apprécie leur régularité et le choix judicieux de leur couleur, ces bords-côtes restent pour moi le point faible de ce sweatshirt. En effet, conçus en 100% coton, ils ne reviennent pas en place une fois distendus. Lorsqu’on remonte les manches aux avant-bras puis les déroule, celles-ci deviennent « bouffantes ». Le rendu est alors peu esthétique et aurait pu être compensé par le choix d’une matière mélangée ( coton/élasthanne ou lycra).

Par ailleurs, la longueur de manches est vraiment juste sur cette V1 du sweatshirt Maison Cornichon. En effet, malgré mon petit mètre soixante-quatre et mes bras « normalement » longs, j’ai choisi le sweatshirt en taille 3 (équivalent du Medium) et les manches sont devenues un trop courtes suite aux lavages.

Le style

En accord avec l’esprit heritage de ce sweatshirt, j’ai choisi de le porter avec un pantalon en velours côtelé écru Uniqlo, une paire de moc’ noires comme on devrait en avoir tous, de la marque Meermin, un bandana vert chiné pour 2 euros et un brin de décontraction. Cela donne ce résultat :

Je vous recommande vivement de jouer sur l’aspect authentique de ce vêtement, en l’associant par exemple avec un jeans bleach type Levi’s 501, une paire de derbys marrons ou encore des Converses 1970s.

Le Sweatshirt V2

La longueur de manche et les bords-côtes non extensibles étaient les défauts de la V1 du sweatshirt. C’est pourquoi Maison Cornichon a corrigé ces détails sur la nouvelle version de leur sweatshirt, où la longueur de manche et du corps ont été allongées. Quant aux bords-côtes, leur poids est passé de 350gr à 480gr pour assurer une meilleure tenue.

J’ai un véritable coup de coeur pour le sweatshirt V2 écru Maison Cornichon. Je le porterais volontiers avec un jeans brut bien délavé, voire troué. Toujours dans la robustesse, je ferais appel aux derbys Michael du chausseur français Paraboot.
Pour couronner le tout, une montre à la rigueur militaire de chez Hamilton et une casquette vieillie en fut de chêne Coca-Cola pour ouvrir la saison de l’apéro !

Tenue sweat écru jeans délavé Paraboot Maison Cornichon
Une tenue décontractée.
Hamilton Khaki | Paraboots Michael | Jean délavé | Casquette beige

Conclusion

Pour conclure cet article, abordons la question du prix. Afin de se procurer un vêtement Maison Cornichon, il faudra débourser 60 euros pour un t-shirt et 105 euros pour un sweatshirt sur le site de la marque. C’est plus cher que ce qu’on a l’habitude de payer dans les grandes enseignes du prêt-à-porter, surtout pout le t-shirt. Alors ces vêtements valent-ils leur prix ?

Personnellement, je suis convaincu que le tarif est cohérent pour des pièces fabriquées en France, dont la matière est très robuste et qui présentent un style à l’épreuve du temps. Envisager de dépenser un peu plus pour une pièce qu’on va porter plusieurs décennies avant de la donner à un proche, sa fille ou son fils, c’est ça le charme ultime.

Bref, cette marque vaut bien son pesant de cornichons !

A très bientôt chers lecteurs,

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