UNE HISTOIRE DE CUIR

g lancelot maroquinerie

Je laisse ici la plume à Guillaume Lancelot, fondateur de la marque de maroquinerie éponyme G. Lancelot.

J’ai rencontré Guillaume durant la période de lancement de son projet de maroquinerie artisanale et sur-mesure, qui m’a beaucoup plu (et c’est peu dire !!).

Le travail de Guillaume est la quintessence du luxe, où se rencontre un savoir-faire ancestral, un style travaillé et un amour des belles choses.

Prendre rendez-vous avec Guillaume, c’est prendre le temps de réaliser un projet qui vous tient à cœur, une création introuvable ou un cadeau unique.

La seule limite est votre imagination !

Bonne lecture.

Arnaud


Sommaire

Une passion pour le cuir
Qu’est-ce qu’un bon cuir ?
Comment identifier une bonne couture ?
Comment imaginer une création sur mesure ?


LE CUIR, UNE PASSION

Le cuir est chez moi une passion ancienne. J’ai le souvenir de longues soirées passées à entretenir, nettoyer et graisser mes bottes ainsi que mon matériel d’équitation lorsque je n’avais pas encore dix ans.

Après être passé brièvement par le prêt-à-porter, je suis revenu à mes premières amours en décidant de créer il y a un an et demi ma marque de maroquinerie artisanale et sur-mesure, G. Lancelot.

cuir grainé accessoire maroquinerie sur mesureArtisanat et sur-mesure, deux mots qui interpellent à peine aujourd’hui pour peu que l’on s’intéresse à l’élégance masculine. « Fabrication artisanale » par-ci, « costume sur mesure » par-là, on ne compte plus les produits arborant fièrement ces qualificatifs, comme seuls gages de leur qualité.

Encore faut-il savoir ce qui fait un bon produit de maroquinerie. En discutant avec mes clients, j’ai remarqué que plus que dans n’importe quel autre secteur du vestiaire masculin, en maroquinerie il était très facile de se laisser avoir par une communication bien pensée et deux/trois termes techniques quelque peu obscurs.

Si j’essaye modestement, à mon échelle, tous les jours avec mes clients, de faire vivre un réel savoir-faire artisanal, VGL me donne ici l’opportunité de vous ouvrir une porte sur un métier et des produits réellement luxueux.

Mais qu’il soit en prêt-à-porter ou en grande mesure, un produit de maroquinerie s’il veut bien vieillir doit répondre à certains critères bien précis.
Avant d’aller plus loin, voyons donc pour commencer ce qu’est un bon cuir et comment l’identifier, et que signifient les différentes appellations (pleine fleur, fleur corrigée, refente ou croûte de cuir …)


Qu’est ce qu’un bon cuir ?

Le cuir est une peau, et à ce titre est composée de plusieurs épaisseurs : l’épiderme, le derme, et les tissus sous-cutanée. Seul le derme sera conservé après tannage.

Sa partie supérieure, appelée couche hyaline est la « fleur » du cuir. C’est elle qui lui confère durabilité, robustesse, imperméabilité, et aussi une supériorité esthétique indéniable.

schema structure cuir pleine fleur

La structure de la peau avant tannage.

Une fois tannée, la peau peut faire plusieurs millimètres d’épaisseur ; elle est donc refendue – comme un jambon ! C’est-à-dire qu’on fend le cuir dans la largeur pour réduire son épaisseur.

Résultat : Seule une tranche conserve la fleur (la partie noble), les autres seront de la croûte de cuir. Ne pouvant légalement être appelée cuir, cette croûte de cuir a besoin de sérieux arguments pour être vendue dans le commerce !!

On réimprime alors à l’aide de produits chimiques (souvent du polyuréthane) une fleur artificielle, et on l’affuble d’un nom vendeur : « croûte de cuir véritable » ! Le qualificatif véritable n’étant là que dans le but de tromper le client.

outil artisan cuir

Les outils nécessaires pour un travail de qualité

Un conseil donc, fuyez les produits portant cette mention ! (et puis qui voudrait acheter un produit qui s’appelle « croûte » !!)

A l’opposé de cette matière se trouve le cuir pleine fleur. La couche hyaline est gardée intacte, ce qui peut laisser apparaître les piqûres, griffures ou cicatrices de la bête, mais permet de conserver l’âme de la peau, le tout étant de trouver des peaux avec un minimum de défaut.

Plus l’animal est jeune, moins la peau aura de défauts, c’est pourquoi le veau et le taurillon sont supérieurs aux cuirs de vachette (appellation regroupant les cuirs de vache, bœuf, taureau). Vous vous en doutez, comme tout le monde les veut, elles sont chères et utilisées principalement sur des produits haut de gamme.

cuir Taurillon Orange pleine fleur

Un superbe cuir de taurillon

Pour pallier ce problème, il existe des fleurs « corrigées ». La surface de la peau a été légèrement poncée avant d’appliquer le finissage. Cela donne des cuirs un peu moins nobles qui vieilliront moins bien, mais supprime le problème des peaux non-uniformes. C’est ce que l’on trouve le plus couramment sur les produits moyens et haut de gamme.

Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur le tannage, sur les cuirs précieux, etc. mais ce n’est pas le propos ici. Essayez dans un premier temps de détecter à quel cuir vous avez affaire lorsque vous achetez un produit, et prenez le temps de questionner le vendeur/fabricant/artisan maintenant que vous en savez un peu plus (peut être plus que le vendeur lui-même !! ).

Vous vous rendez compte que l’on trouve par exemple des sacs à main en toile synthétique enduite (que les clientes prennent souvent pour du cuir) vendus au-delà du millier d’euros …

Chez G. Lancelot, le client choisi ses cuirs, mais je refuse de travailler autre chose que des cuirs pleine fleur. Ces cuirs sont les meilleurs, et ils viennent des meilleures tanneries comme Degermann, Haas, Roux … Si vous entendez ces noms dans la réponse de votre vendeur, c’est déjà très bon signe !


Comment identifier une bonne couture ?

Un autre élément majeur d’un produit de maroquinerie est son montage et en particulier le type de couture utilisé.

S’il en existe une grande variété, les deux principaux sont le piqué sellier et le point sellier (ayant eux même leurs propres variantes).

schema dessin point sellier main

Point sellier, réalisé à la main.

schema piqué sellier machine

Piqué sellier, réalisé à la machine.

Le piqué sellier

Le piqué sellier est une couture à deux fils faite à la machine (ci-dessous un fil rouge et un fil vert). Cela peut être fait en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire par un système entièrement automatisé.

C’est le cas de bien des produits bas/moyen de gamme. Cela peut aussi être fait par une machine à coudre maitrisée par un artisan expérimenté, avec une finition à la main. C’est déjà beaucoup plus rare.

La couture machine a une faiblesse principale : par sa structure, si un des fils casse, toute la couture se défait. Peut-être l’avez-vous déjà observé sur certains de vos produits.

Ce problème est d’autant plus important que les fils utilisés en machine sont souvent en matière synthétique, très fins, et donc moyennement résistants.

En revanche, cet effet est grandement diminué sur des produits dits « cousus-retournés », que l’on trouve beaucoup en bagagerie. Le sac est monté à l’envers avant d’être retourné comme une chaussette.

La couture se retrouve donc à l’intérieur du sac, et par conséquent mieux protégée de l’usure. C’est le seul cousu machine que je propose à mes clients.

En outre, l’utilisation de deux fils permet d’avoir une couture ton-sur-ton de chaque côté, ce qui esthétiquement parlant est un avantage. C’est bien pratique sur un produit avec une doublure contrastée par exemple.

Autre avantage indéniable, son coût qui reste modéré. Pour un artisan expérimenté, la différence de prix entre un cousu machine et un cousu main peut être de 200% ou 300% !!

En résumé, le piqué sellier – ou le cousu machine dans son ensemble – n’est pas un « gros mot », et certains types de produits s’y adaptent très bien.

En revanche, les pièces à coutures apparentes susceptible de s’user rapidement (portefeuilles, porte cartes, ceintures, etc.) auront toujours – en plus de l’aspect esthétique – une durée de vie bien plus limitée en cousu machine par rapport à un point sellier.

Le point sellier

Le point sellier lui, utilise un fil de lin ou de coton poissé, bien plus résistant, mais qu’on ne peut pas utiliser en machine. Le risque que le fil se rompe est donc bien plus faible.

L’autre différence fondamentale vient de la structure même de la couture. Si un point casse, il reste un point en opposition qui n’est pas affecté et continue de maintenir le cuir en place.

De plus, le fil reste sous tension et pris dans le cuir, il ne ressort donc pas comme sur le piqué sellier. Cela permet donc de contacter le fabricant afin de réparer la pièce.

point sellier

(Crédit : gentlemanchemistry)


Comment imaginer une création sur mesure ?

Quand on est à la recherche d’un produit de maroquinerie, la première question qui se pose est la suivante : de quoi a-t-on besoin exactement ?

Souvent mes clients me répondent par un type de produit : un portefeuille, un porte-document…

Sans doute influencés par notre mode de consommation, je trouve que nous sommes focalisés sur l’offre des marques plus que sur nos propres besoins.

gravure cuir sur mesure

Partant de ce constat, je repose alors la question en précisant : quels sont vos envies, vos besoins, vos contraintes ? Voulez-vous partir en voyage sans avoir à « plier » votre veste au milieu de vos caleçons ?

Echangez-vous des cartes de visite à longueur de journée ? Voulez-vous pouvoir avoir le nécessaire pour la journée dans votre poche sans déformer votre pantalon ?

C’est à partir de besoins précis que l’on choisit (ou dessine) un produit, et non l’inverse. Et si ces éléments ne débouchent pas sur un produit déjà existant, n’hésitez pas à passer au sur-mesure !

Les détails à prendre en compte

Bien sûr un beau produit de maroquinerie, c’est un beau cuir, un beau travail à la main, une belle couture … Mais c’est aussi bien plus que ça.

C’est l’ensemble des petites choses invisibles ou presque qui font la différence entre un produit correct et un très beau produit. Regardez les petites poches à l’intérieur du portefeuille : sont-elles doublées, et si oui, est-ce en cuir ou en tissu ? (Vous verrez que les produits où toutes les poches sont doublées en cuir se font de plus en plus rares).

Les tranches de cet étui iPad sont-elles bien finies, avec une belle teinture et un filetage régulier ? Cette ceinture a-t-elle une tenue suffisante pour traverser les années, ou sa finesse exagérée laisse-t-elle présager une fin de vie prématurée ?

Ces petits détails sont importants car ils permettront à un produit de maroquinerie de bien vieillir. Ne les négligez pas. « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail », disait Léonard de Vinci.

maroquinerie sur mesure paris

Je finirai en deux mots sur G. Lancelot, que j’ai créé cette année.

En passant par quelques grandes maisons, j’ai été frustré de voir que le savoir-faire bien réel de ces maisons n’était pas exploité au maximum.

Le cousu main a disparu des collections, les processus de fabrication sont de plus en plus mécanisés, la relation client est laissée à la charge des vendeurs, dont les connaissances sur les produits sont parfois sommaires.

Mon envie de remettre de l’humain, que ce soit dans la relation avec le client, dans la fabrication, ou avec les fournisseurs a été au cœur de ma démarche, et continue de l’être aujourd’hui.

Je crée des pièces uniques pour des hommes et de femmes que je prends le temps de rencontrer, avec l’ambition qu’ils puissent un jour les transmettre à leur tour. Telle est la motivation de G. Lancelot.

A bientôt,

Guillaume

Contact : [email protected]

www.g-lancelot.com

maroquinerie sur le mesure

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