L’irremplaçable de l’hiver, c’est bien la bottine. Comme en ce moment j’habite dans une ville où il fait -10°C sans forcer, je me suis équipé avant de partir avec une paire qui tient chaud et remonte haut sur la cheville pour profiter de l’hiver sans avoir froid aux pieds. Mais qu’en est-il du style quand on décide d’opter pour une paire qui protège. On fait souvent le choix entre l’un ou l’autre, ce qui est franchement désagréable. C’est justement l’écueil qu’a su éviter Caulaincourt avec cette paire appelée « Verbier » qui est à la fois élégante et efficace.
L’histoire de Caulaincourt
La création de la maison remonte à 2008 quand Alexis Lafont décide de lancer sa propre marque de chaussures pour homme. Avec son style affirmé et sa passion pour les objets bien fabriqués, il trouve très vite sa clientèle et développe un le « style Caulaincourt » qui continue aujourd’hui de faire parler lui. Il s’est surtout fait connaitre au départ avec ses patines alors que ce n’était à l’époque que le début d’une tendance qui perdure.
C’est un résumé très rapide de l’histoire de la marque, mais si vous souhaitez en savoir plus je vous recommande vivement d’écouter mon dernier épisode de la Saison 1 de Radio VGL avec Alexis Lafont. C’est de loin le plus long, mais aussi l’un des plus passionnants. Vous en apprendrez énormément sur la marque, sur la conception d’une belle chaussure et aussi sur la pêche !
La bottine Verbier
Des détails piochés un peu partout
Cette boots, c’est un mélange savant de détails élégants ou pratiques qu’on retrouve sur plusieurs types de chaussures qui n’ont rien à voir entre elles. On peut d’abord remarquer la lanière en cuir empruntée à la chaussure bateau qui fait le tour de la bottine dans des oeillets. Elle emprunte aussi sa double couture juste en dessous à la « Duck Shoes », un modèle lui aussi emblématique. Ajoutez à cela des détails d’une boots de montagne rétro et on obtient cette chaussure totalement originale qui ne ressemble à aucune autre.
C’était d’ailleurs la volonté d’Alexis :
« Le contraste entre l’usage et l’objet en tant que tel me plaît beaucoup. C’est assez surprenant ce rendu à la croisée des chemins. J’adore ce genre d’objets. Je l’ai rehaussé avec ces piqures sellier décoratives de couleur qu’on trouve en haut et derrière.«
Coté forme, je la trouve très bien balancée avec un arrondi qui s’allonge doucement. Une forme plus ronde aurait certainement donné une boots plus « workwear » et moins chic, alors qu’ici elle équilibre bien l’ensemble. Ce qui aurait pu être sur le papier une bottine décontractée est en fait une chaussure assez chic.
Un cuir de qualité
Chez Caulaincourt les matières sont soigneusement choisies, comme on a pu l’évoquer lors du podcast. Alexis utilise pour ce modèle un cuir à tannage végétal appelé « Vegano » provenant des tanneries d’Annonay. C’est un premier choix, pleine fleur aniline qui a l’avantage de laisser le cuir respirer et se patiner. La tannerie décrit son cuir comme ayant une « main box et ronde », c’est à dire qu’il est ferme avec du ressort au toucher. Il a un grain naturel – le cuir, pas Alexis… – très fin et régulier, avec un toucher cireux. C’est vraiment une superbe référence de cette tannerie française réputée. Un bon choix de la part de Caulaincourt. Encore une fois, ce type de cuir équilibre très bien le rendu de cette bottine.
La partie haute est quant à elle doublée en mouton mérinos. On a une douceur incomparable et surtout une excellente souplesse sur cette partie. C’est aussi une manière de garder la chaleur du pied dans la chaussure tout en ayant une excellente mobilité de la cheville. Cette partie n’est pas doublée, car ce n’est pas nécessaire et elle est simplement renforcée avec une ganse en cuir pour la finition et la tenue.
Fidèle à ce qui a fait la réputation de la marque, le cuir est évidemment patiné à la main pour lui donner des reflets variables sur l’ensemble de la tige. Une patine discrète, presque invisible. Le haut de la chaussure est parsemé de petites croix cousues de fil jaune. Une référence à quelque chose de particulier Alexis ? Il faut nous expliquer ! Mais j’avoue que le résultat est plutôt cool. Ces chaussures n’auraient pas le même style sans ce détail.
Un montage « blake rapid »
Le montage est assez original pour une bottine de ce type. On s’attendrait à avoir un Goodyear classique, et finalement non. C’est un montage stormwelt crénelé (qui protège la tige) en Blake Rapid. Ce type de couture est un Blake doublé avec une couture trépointe en plus de la couture Blake classique. C’est moins lourd et plus souple par rapport à un Goodyear et ça donne un meilleur confort. Cependant, on perd l’avantage principal du Goodyear qui est l’étanchéité.
Mais est-ce bien grave quand on voit la semelle commando Vibram en caoutchouc recyclé qui protège cette chaussures. C’est d’ailleurs une semelle qui se fait assez rare, et pourtant elle est composée d’au moins 30% de caoutchouc recyclé. La planète vous dit merci.
Pour terminer, le soufflet – le petit nom de la “languette” quand elle est fixée sur les 3 côtés – est en veau velours et permet de protéger le pied du vent et des intempéries. C’est un réel avantage quand il fait vraiment froid.
La tige est dotée de 7 x 2 oeillets. De gros modèles, bien larges pour faire rentrer facilement les lacets en coton. J’aurais certainement mis des crochets sur les deux derniers du haut pour un laçage plus rapide, mais ça n’a pas été le choix d’Alexis. L’ensemble est fabriqué à Majorque, les meilleurs pour les boots avec les anglais.
Plus qu’une bottine de ville
Côté feeling c’est d’abord un 100% confort pour ce modèle. En l’enfile comme un chausson et la première fois que le pied frôle le mouton mérinos à l’intérieur c’est comme un caresse. Un vrai bonheur à chausser, même au début. Alors attention, je recommande toujours de porter ses chaussures neuves progressivement, petit à petit pour les faire en douceur et surtout pour ne pas souffrir. On ne part pas faire une journée de balade directement avec des chaussures neuves, ça va sans dire.
Cette paire est certes une paire de bottines qui semble bien rustique, mais ce n’est pas non plus des boots Quechua. C’est un cuir qui peut prendre des coup et qui – comme presque toutes les matières – n’appréciera pas la neige par exemple, qui brule absolument tout. C’est une paire plus urbaine que véritablement tout terrains, ne nous méprenons pas. Mais c’est quand même une paire solide et chaude. J’ai eu l’occasion de la tester sous -10/-20°C et je n’ai eu aucune sensation de froid en la portant avec une paire de chaussettes normales en coton.
Comme je vous le disais plus haut, le look est à la croisée des chemin, comme la destination de cette paire. Un équilibre en la boot pratique et la chaussure élégante. Les détails donnent une paire qu’on ne voit pas partout, sauf peut être bientôt à vos pieds ?