Il y a quelques jours, mon comparse Arnaud et moi avons eu la chance, le privilège, que dis-je l’honneur d’être invités par Jaeger-LeCoultre à une visite privée de leur Manufacture. Une journée hors du temps, entre lacs et montagnes, où nous avons pu nous imprégner de ce savoir-faire si unique dont la réputation n’est plus à faire.
Mais cette manufacture, à quoi ressemble-t-elle au juste ? A vos aiguilles !
La blouse griffée que chaque visiteur porte.
Une forteresse perchée dans la Vallée de Joux
Après avoir sagement emprunté le col de la vallée de joux, être passé tel un pèlerin devant Audemars Piguet et Bréguet, me voilà chez Jaeger-Lecoultre. L’accueil se veut discret, feutré mais chaleureux. Ni une ni deux, on revêt nos blouses et en avant Guingamp. Un petit signe distinctif pour nous fondre dans la masse, sans trop osciller.
La découverte des étapes de fabrication d’une montre
On commence par un 1er atelier où sont conçues les platines en laiton, véritables plaques de base du mouvement de la montre, sur laquelle les différents composants vont venir s’insérer. Un bac dans lequel Yves Montand aurait pu plonger ses mains pour ravir Louis de Funès, mais ça c’est une autre histoire monseignor ! Difficile encore d’imaginer le mouvement final…
C’est dans l’atelier suivant que les mouvements commencent à acquérir leurs lettres de noblesse, lors de la phase de décoration. Petite particularité : que les mouvements soient visibles ou non – au moyen d’un fond transparent paré d’un verre saphir – tous sont finement décorés selon plusieurs procédés, en fonction des modèles.
La beauté intérieure, ça compte chez JLC.
La technique du perlage manuel sur la platine.
Le « perlage », l’une des décorations les plus communes, consiste à former des cercles concentriques sur la patine. J’ai pu m’atteler à la tâche, pour un résultat plus ou moins convaincant…nous sommes sans nouvelles de la platine malmenée, mais aucune plainte n’a toutefois été déposée.
Il existe une multitude de techniques : le soleillage, l’ajourage, les côtes de Genève, etc…
Je me suis essayé au perlage !
Il est maintenant temps pour notre platine de se parer de quelques rubis (de synthèse de nos jours). Des rubis ? Oui, oui, des rubis. Un mouvement, de par ses caractéristiques, est exposé à de nombreux frottements : ces rubis, extrêmement résistants, sont placés à différents endroits du mouvement afin de réduire au maximum ces phénomènes de frottement et donc d’usure, en agissant tels des coussinets pour les différents axes du balancier et des roues, augmentant la précision et la longévité de la montre. Promis, je ne vous assommerai pas (trop) de jargon horloger dans cet article…mais dans un prochain, vous n’y couperez pas!
Platines décorées attendant de recevoir leurs rubis.
…les rubis synthétiques, polis et percés
Pose de la platine…
Positionnement des rubis avant qu’ils soient enchâssés dans la platine
Les platines sont prêtes pour les prochaines étapes !
Ce qui fut frappant lors de cette visite, c’est la réelle segmentation des tâches, d’atelier en atelier. Un processus bien rôdé où chacun joue sa partition avec calme et précision : un travail avant tout artisanal, dans la plus pure tradition suisse.
La vue depuis les ateliers est tout simplement superbe.
De plus en plus de précision au cours de la visite
Nous assistons ensuite à une véritable opération à cœur ouvert : l’organe de régulation de la montre – le balancier spiral – nous est présenté, pièce d’une infime taille au rôle pourtant prépondérant. Cette pièce est composée d’un balancier et d’un spiral (vous l’aviez compris ? magnifique), sorte de ressort qui va venir se comprimer et se détendre pour effectuer un va et vient que l’on appelle oscillation, formant ainsi le fameux « Tic Tac » souvent associé aux montres.
On entend souvent parler de « fréquence » du mouvement, qui n’est autre que le nombre d’oscillations réalisées par le spiral en 1 seconde : entre 2.5 hertz (18 000 alternances/heure) et 5 hertz (36 000 alternances/heure). Plus la fréquence est élevée, plus le mouvement est précis. Cette énergie est ensuite transmise aux aiguilles, et le tour est presque joué. Vous voyez, ce n’est pas bien compliqué…
Au fur et à mesure de la visite on passe dans une multitude de salles, de celles des grandes complications à celle des métiers d’art, en passant par celle des horloges Atmos.
Trois nouvelles horloges Atmos attendent sagement.
Et puis vient le clou de notre journée : l’essayage…
L’essayage des modèles
C’est un peu comme la dégustation lors d’une visite de cave : on l’attend toujours avec impatience, avec plus ou moins de retenue, et surtout on lui fait honneur. Nous avons été servis…place aux photos !
Quelques modèles de grand prestige qui nous ont fait tourbillonner : spherotourbillon, tourbillon perpétuel, duomètre unique travel time, …un plaisir pour les yeux, le tout compté par un des principaux piliers de cet atelier des complications, où chaque spécialiste assemble de a à z la montre sur laquelle il travaille…entre quelques semaines et 1 an pour le modèle le plus compliqué.
Ces beautés qui nous attendent !!
La Duomètre unique travel time
La Spherotourbillon
Les explications d’un horloger « grandes complications »
Nous finissons notre journée avec quelques-uns des derniers modèles de la marque, sublimés par la lumière qui illumine la manufacture. Pourquoi ? Car à sa création, l’électricité n’existant pas encore, il était nécessaire d’avoir un nombre important de fenêtres pour que les horlogers puissent travailler, ce qui était donc gage à l’époque d’une manufacture de qualité.
Master Geographic, sobre et superbe.
Master Ultra thin en or gris, avec un cadran vraiment très réussi.
On ne pouvait partir sans essayer une mythique reverso (dans sa version en or rose tribune duoface…) ainsi qu’une sublime memovox des années 60, dont la sonnerie nous donnerait presque envie de nous lever le matin.
Gauche : Reverso Spherotourbillon 2 | Droite : Memovox Vintage
Gauche : tourbillon perpétuel | Droite : Reverso or rose tribune duoface
Mais c’est bien l’heure du départ qui arriva, inextricablement…nous reviendrons !
Watch yourself,
bonjour,
belle découverte de l’intérieur d’un atelier de haute horlogerie. Pour Thomas V : jaeger leCoultre est une marque de haute horlogerie mais il en existe bien d’autres dont deux déjà citées dans les premières lignes de l’article.
Sinon, petite erreur, il me semble, dans votre article, je cite : « Cette énergie est ensuite transmise aux aiguilles, et le tour est presque joué. Vous voyez, ce n’est pas bien compliqué… » ; ce n’est pas l’organe régulateur qui transmet l’énergie aux aiguilles mais le barillet; la roue d’échappement ainsi que le balancier n’arrive qu’en bout de mécanisme afin de dissiper l’énergie du mouvement et non l’inverse.
Salut Thomas. Je suis bien d’accord avec toi, c’est une belle maison horlogère, avec un héritage vraiment dingue !!
Ca donne envie les gars !! c’est vraiment la marque qui me fait envie parce que c’est de la VRAIE horlo, pas du made in china.
Et les photos sont dingues.
Merci Abdou 😉
Class !
Merci Loïc, on est heureux d’avoir pu te transmettre notre plaisir de visiter la manufacture.
Merci pour ce reportage. Cela donne vraiment envie d’aller visiter cette grande maison.