À l’occasion de son 160e anniversaire, que nous fêtons en 2025, la marque Zenith signe une pièce rare à l’occasion de Watches and Wonders, à la fois ancrée dans son histoire et pourtant pleinement contemporaine. Baptisée « G.F.J. » – en hommage aux initiales de son fondateur Georges Favre-Jacot – cette montre incarne un pan entier du patrimoine horloger de la marque : la renaissance du calibre 135, probablement le mouvement le plus légendaire de l’âge d’or des concours de chronométrie.
Une réinvention magistrale du calibre 135
Lorsque Zenith présente pour la première fois le calibre 135 en 1948, l’objectif est clair : concevoir un mouvement chronomètre de 30 mm, spécifiquement taillé pour briller dans les concours de chronométrie des observatoires – et notamment celui de Neuchâtel. Il faut dire que les concours, c’était la grande spécialité de Zenith au XXème siècle et les mouvements Zénith ont remporté plus de 2 300 prix de chronométrie au fil des ans.
La version de concours, le calibre 135-O, légèrement différente de la version commerciale notamment au niveau de la raquette de réglage, se distingue par des performances exceptionnelles. C’est d’ailleurs avec ce mouvement que Zenith remporte cinq années consécutives, de 1950 à 1954, le premier prix de série du concours de chronométrie de Neuchâtel – un record absolu.
Produite à environ 11 000 exemplaires jusqu’en 1962, la version commerciale du calibre 135 fut toujours positionnée comme un modèle « haut de gamme ». Zenith en a décliné des séries très limitées, jamais officiellement annoncées comme telles, avec des variations de cadrans, d’aiguilles et de boîtiers en acier, or, ou parfois plaqué or.
À cette époque où l’esthétique comptait moins que la performance, la G.F.J. réinterprète aujourd’hui cet esprit avec finesse.
Un mouvement historique, sublimé pour notre époque
En 2025, la maison du Locle redonne vie à ce mouvement mythique à travers une interprétation contemporaine. Le nouveau calibre 135, entièrement repensé mais fidèle à son héritage, introduit des composants modernes tout en respectant l’âme du modèle d’origine. La roue de centre décalée permet d’intégrer un balancier plus grand, améliorant encore la stabilité du mouvement. Le spiral est désormais un Breguet, la raquette double flèche emblématique est toujours là, et un stop-seconde a été ajouté pour un réglage à la seconde près. Je sais que ce détail est très important pour certain d’entre nous.
La réserve de marche grimpe à 72 heures, contre 40 heures pour les modèles historiques. Le mouvement bat à 2,5 Hz, et chaque exemplaire est ajusté pour une précision de +/- 2 secondes par jour, certifiée par le COSC. Le tout est visible à travers un fond saphir, qui révèle un superbe décor guilloché “brique” inspiré de la façade de la manufacture Zenith. Je dois dire que pour avoir visité cette manufacture, cette partie est une vraie réussite.
Pour finir, le barillet satiné, la roue de couronne polie noir et les rubis oversize participent à cette chorégraphie horlogère d’une grande noblesse.
Une silhouette sculptée, au charme vintage
La montre G.F.J. se pare d’un boîtier rond de 39 mm en platine, à la silhouette élancée. Les cornes à paliers, la lunette étagée et les jeux de finitions brossées et polies traduisent un souci du détail admirable. La couronne crantée, discrètement enchâssée dans la carrure, reprend les initiales G.F.J., un beau clin d’œil au fondateur de la manufacture.
Inspirée des modèles des années 1950, cette G.F.J. s’inscrit dans la tradition tout en s’autorisant quelques libertés esthétiques bienvenues. L’élégance vintage n’a jamais semblé aussi actuelle.
Un cadran étoilé, en nuances de bleu
Sous le verre saphir bombé, le cadran se déploie en trois niveaux. L’anneau extérieur, guilloché du motif « brique », rend hommage aux murs de la manufacture, comme pour les décorations du mouvement. Des index facettés en or blanc ponctuent ce décor structuré, accompagnés d’un chemin de fer composé de perles en or blanc appliquées à la main.
Au centre, un disque de lapis-lazuli d’un bleu profond incrusté de pyrite dorée suggère un ciel étoilé, en écho au nom de la maison. À 6 heures, une petite seconde en nacre, légèrement oversize, apporte éclat et poésie. D’ailleurs, cette « petite » seconde un peu trop grande est peut être le seul détail que je pourrais reprocher à cette montre, même si l’ensemble – animé par des aiguilles bâtons en or blanc – reste d’une sobriété absolue.
Une élégance jusque dans la boucle
La montre est livrée avec trois bracelets interchangeables : un alligator bleu profond, un veau noir classique et un veau bleu “Saffiano” à finition texturée. Tous sont fermés par une boucle ardillon en platine gravée des initiales G.F.J. et une nouvelle fois du motif “brique” décliné un peu partout. Pour les amateurs d’exclusivité, un bracelet en platine à sept rangs peut être commandé séparément.
Une pièce rare, pour collectionneurs éclairés
C’est une belle surprise que Zenith nous fait ici avec un lancement inhabituel pour la marque qui nous avait plus habitué à des modèles très « sport » ces dernières années avec sa gamme Defy ou Pilot.
Avec la G.F.J., Zenith ne se contente pas de rééditer une icône. Elle la réinvente pour notre époque, tout en conservant l’essence même de ce qui en a fait une référence horlogère. Cette montre célèbre une époque où la précision n’était pas qu’un atout marketing, mais une obsession technique quasi indispensable. Elle rend hommage à un calibre qui, par sa conception, ses performances et sa rareté, incarne l’excellence horlogère et a façonné l’image de Zenith au XXème siècle.
Limitée à seulement 160 exemplaires, la G.F.J. sera disponible exclusivement dans les boutiques Zenith et auprès de détaillants agréés. Une opportunité rare de porter au poignet un morceau de l’histoire de la chronométrie, sublimé par la lumière du présent.
