Il y a quelque chose de profondément satisfaisant dans cette nouvelle Concorde Titane. Une harmonie sourde, presque silencieuse, qui se lit dans l’évidence d’un design monochrome poussé jusqu’à sa plus subtile expression. Un parti pris que j’aime énormément en horlogerie. Le titane, matériau du futur, devient ici le support d’un propos horloger résolument contemporain. Et chez Pequignet, cette sobriété apparente cache, comme souvent, un niveau de raffinement insoupçonné.
Un minimalisme assumé
Le premier contact visuel est frappant. Tout est gris. Ou plus exactement : tout est dans la nuance. Et je dois dire que j’aime particulièrement les montres monochromes. De la boîte au bracelet, en passant par le cadran, l’ensemble joue sur les variations d’un seul et même métal. Mais là où d’autres auraient pu tomber dans la froideur ou la monotonie, Pequignet compose une pièce aussi technique qu’élégante. Ce n’est pas une montre ton sur ton, c’est un manifeste esthétique sur la nuance.
Le titane comme signature
Le titane grade 5 utilisé ici n’est pas simplement un choix technique – bien qu’il le soit indéniablement – c’est une matière au discours. Microbillé, traité anti-traces, d’un gris mat presque soyeux, il donne à cette Concorde une allure industrielle raffinée, une robustesse silencieuse. Et surtout, il tranche radicalement avec les finitions polies plus classiques de cette même collection, offrant un contre-pied visuel très réussi. Plus que jamais, cette Concorde est une montre urbaine, architecturée, structurée. Un style inhabituel chez Pequignet.
La boîte de 36 mm conserve la silhouette coussin si caractéristique de la gamme, et l’ensemble forme un bloc monolithique, indissociable. Le bracelet, lui aussi en titane et traité de la même manière, prolonge le boîtier dans une continuité rare, presque sculpturale. Le cadran, sans guichet, sans fioritures, affiche une sobriété exemplaire. Juste le logo de la maison. Rien de plus. Une page presque blanche, mais qui dit tout. Je dis bien « presque ». Le brossage dans la continuité du bracelet est particulièrement bien pensé et démontre la belle reflexion qui se cache derrière cette nouveauté.
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Un mouvement qui suit le propos
Ce dépouillement apparent est cependant contrebalancé par un soin obsessionnel du détail. Les aiguilles noircies, dotées d’un Super-Luminova gris à luminescence verte, ajoutent une touche furtive, presque militaire, à l’ensemble. Même le mouvement a été revu pour coller à cette partition monochrome. Le Calibre Initial®, conçu, développé, décoré et assemblé à Morteau, a reçu un traitement au ruthénium anthracite pour s’accorder parfaitement à l’ambiance visuelle de la pièce.
Et c’est là que la Concorde Titane étonne encore : dans cette capacité à aller jusqu’au bout de son idée. Même invisible au poignet, même vu uniquement à travers le fond saphir vissé, le mouvement suit le thème avec une rigueur impressionnante. La masse oscillante ajourée, ornée d’un lys en relief, est elle aussi traitée en ruthénium. C’est cette exigence dans les détails qui témoigne d’une maturité nouvelle chez Pequignet, d’un vrai cap franchi en termes de direction créative.
Une montre qui change de ton
On est loin des modèles plus traditionnels qui ont fait la réputation de la marque. Ici, tout respire l’avant-garde tranquille. Même la couronne, légèrement surdimensionnée, semble faire écho à cette volonté d’ouvrir un nouveau chapitre : plus technique, plus affirmé, presque futuriste. Pourtant, rien ne choque. Tout reste d’une cohérence absolue.
Ce n’est pas juste une nouvelle déclinaison d’un modèle existant. C’est, à bien des égards, une nouvelle proposition de la maison Pequignet. Une pièce qui ose conjuguer patrimoine et modernité, savoir-faire et minimalisme. Et au fond, une montre qui illustre probablement mieux que toute autre ce que peut être une vraie montre made in France.
Une montre française au sens noble
Pas une étiquette marketing, mais une montre pensée, dessinée, usinée, assemblée et réglée à Morteau, avec des composants français à 72 %, et une vision singulière de l’horlogerie indépendante. Labelisée EPV « Entreprise du Patrimoine Vivant », Pequignet maîtrise tout en interne, du mouvement à l’assemblage, en passant par les finitions et la décoration.
La Concorde Titane est une montre rare, au sens noble du terme. Non pas par son tirage – elle intègre la collection permanente – mais par sa proposition. Elle ne cherche pas à séduire tout le monde. Elle s’adresse à ceux qui savent lire entre les lignes du métal brossé, à ceux qui apprécient une élégance sans ostentation. À ceux qui, finalement, comprennent qu’il y a parfois plus de force dans le silence que dans le bruit.