Il y a des montres qui marquent, non pas par leur extravagance, mais par leur capacité à redéfinir les règles du jeu. En 2016, Frédérique Constant frappait un grand coup en dévoilant un quantième perpétuel manufacture à un prix jusqu’alors inimaginable. Presque une hérésie dans les salons feutrés de la haute horlogerie genevoise. Moins de dix ans plus tard, la marque remet le couvert avec une nouvelle itération encore plus accomplie de sa Classic Perpetual Calendar Manufacture. Une pièce élégante, technique, mais surtout fidèle à l’ADN d’une maison qui n’a jamais oublié que l’émotion horlogère devait rester accessible.
Une élégance millimétrée
Premier changement notable et sûrement le plus interessant : la nouvelle boîte de 40 mm, contre 42 précédemment. Ce simple ajustement redonne à la montre une élégance presque académique, parfaitement dans l’air du temps. On pense aux garde-temps des années 50, à ces proportions savamment dosées, à une époque où le 39mm était « oversize ».
Découvrir les Frédérique Constant
Les cornes redessinées, plus fines, accompagnent cette silhouette plus fluide. L’ensemble respire la justesse. Un peu comme si Frédérique Constant avait voulu démontrer que la simplicité – lorsqu’elle est bien maîtrisée – n’a rien de banal.
Un cadran saumon subtile
Mais c’est sans doute le cadran qui séduira en premier. Une teinte saumon subtile que j’adore retrouver sur un cadran. C’est si chic ! Un soleillage finement travaillé, des index facettés, un chemin de fer discret, et des aiguilles dauphines polies à la main : tous les codes de la belle horlogerie sont réunis, dans une mise en scène sans esbroufe.
La disposition des complications est limpide :
- À 3h, la date,
- À 9h, le jour,
- À 12h, le mois et l’indicateur d’année bissextile,
- Et à 6h, une phase de lune poétique
Chaque sous-cadran est légèrement en retrait, créant un jeu de niveaux subtils, presque imperceptibles, qui anime le cadran sans le surcharger. Ici, rien ne crie. Tout suggère.
Le cœur : un nouveau calibre maison
Frédérique Constant profite de cette refonte pour introduire son tout nouveau mouvement : le calibre manufacture FC-776. Conçu, développé et assemblé en interne à Plan-les-Ouates, il s’appuie sur la base éprouvée du calibre FC-775, mais y ajoute une réserve de marche portée à 72 heures. Un gain non négligeable au quotidien.
Ce calibre bat à une fréquence classique de 4 Hz (28’800 alternances/heure) et chaque pièce étant ajustée en six positions, la marque assure une précision remarquable, sans pour autant nous donner d’informations précises à sujet. A suivre.
Le fond saphir laisse admirer une décoration soignée, avec perlage et Côtes de Genève circulaires, rappelant que même dans les pièces les plus sobres, le souci du détail mécanique reste essentiel.
L’accessibilité comme philosophie
Proposée à 9 995 €, cette montre réussit l’exploit de rendre le quantième perpétuel Swiss Made accessible, sans trahir les exigences esthétiques et techniques de cette complication. Une forme de démocratisation de la haute horlogerie, mais dans le sens noble du terme. Celle qui ne sacrifie rien à la qualité, mais qui choisit simplement d’ouvrir la porte un peu plus largement.
On pourrait presque y voir une forme de militantisme horloger. Une volonté, depuis les débuts de la marque en 1988, de bousculer les hiérarchies établies sans jamais tomber dans la provocation gratuite.
Une montre à vivre
Avec son bracelet en alligator brun à boucle déployante, cette Frédérique Constant est pensée pour accompagner les grands moments, mais aussi les plus anodins. Une montre qui ne se contente pas d’afficher l’heure et la date, mais qui incarne une certaine idée du temps bien vécu, du goût juste, et d’un luxe sincère.
En redonnant vie à son quantième perpétuel sous une nouvelle forme, Frédérique Constant ne se contente pas de rééditer un succès. Elle renforce son positionnement unique dans l’univers horloger : celui d’une maison à la fois audacieuse, respectueuse de la tradition, et toujours tournée vers ceux pour qui une belle montre n’est pas un trophée, mais un compagnon. Et ce n’est pas tous les jours qu’on peut dire cela d’un quantième perpétuel.