Il y a encore quelques années, la surchemise était un vêtement qui n’avait pas la côte auprès des hommes. Elle avait une image très connotée »bûcheron canadien » qui ne plaisait pas à tout le monde. Mais au cours des dernières années, elle a fait un retour fracassant sur le marché, et ce pour notre plus grand plaisir.
Sans philosopher sur ce qu’est une surchemise, certains la considérant tantôt comme une veste tantôt comme une chemise épaisse, on admettra qu’il s’agit d’une chemise épaisse qu’on peut porter en guise de veste. D’ailleurs, vous pourrez croiser l’anglicisme « shacket » pour désigner une surchemise, qui est une contraction de l’anglais « shirt » (chemise) et « jacket » (veste).
Attention : Cette manière de jouer sur les mots ne vaut pas pour l’éternel débat pain au chocolat vs chocolatine. Chez VGL on est pro-pain au chocolat soit dit en passant.
Je suis très enthousiaste de la popularisation de ce vêtement car il a de nombreux atouts stylistiques et pratiques dans la garde-robe masculine. Puisqu’il se superpose sur et sous les autres vêtements, il permet notamment d’accroître les possibilités de tenues dans votre style et s’insère dans de nombreux looks.
De fait, c’est un vêtement d’une grande polyvalence qui, à mon sens, devrait être présent dans toutes les garde-robes. A la fois pratique et confortable, il joue autant le rôle d’un blouson fin que d’un pull.
C’est un vêtement qui se prête facilement au layering (superposition de plusieurs couches de vêtements), qui est très pratique pour se protéger du froid. En effet, les couches de vêtements emprisonnent chacune l’air chaud que produit le corps pour le maintenir à température, et permettent de ne pas avoir froid. C’est imparable !
En hiver, la surchemise est particulièrement intéressante car elle peut se porter en dessous d’un manteau et au-dessus d’un haut, donc créer des liens entre les différentes pièces de ses tenues. Pour cet hiver, je me suis mis à la recherche d’une surchemise suffisamment chaude et habillée et mes explorations m’ont mené vers la marque Office Artist, initialement réputée pour ses chemises formelles d’excellente facture.
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La marque Office Artist
Créée en 2014 par Olivier Cothenet, Office Artist part d’un constat simple : en France, on paie souvent cher pour des chemises de qualité moyenne.
Olivier a travaillé en tant que consultant en stratégie à Londres. Sommé de porter la chemise au quotidien, il découvre les maisons de chemises britanniques et leur offre pléthorique. Il se rend compte que l’offre de chemises françaises est relativement limitée. C’est ainsi qu’il décide de créer Office Artist, une marque spécialisée dans la chemise formelle. Le succès ne tarde pas à arriver car la marque sait se distinguer à son niveau de gamme. Elle est l’une des rares à proposer des caractéristiques originales telles que des boutons cousus en zampa di gallina, des coutures de 7 points au centimètre, ou encore des tissus provenant de filatures italiennes extrêmement réputées (Thomas Mason, Albini, Albiate), et ce pour moins de 100 euros.
Une offre limpide et des prix raisonnables pour ce niveau de qualité.
La personnalité du fondateur se ressent dans tout l’univers de la marque. C’est avec la même rigueur exigée par son ancien job qu’il s’occupe de ses clients. La communication est très aussi soignée, sans détours et toujours claire. Office Artist a désormais pignon sur rue. On peut se procurer les chemises depuis la boutique en ligne ou dans la boutique parisienne, située au 3 rue Coëtlogon, Paris 6. Arnaud avait d’ailleurs réalisé une vidéo avec Olivier il y a deux ans.
Par ailleurs, la marque s’attache à aider ses clients. En se rendant dans l’onglet « conseils » du site, on retrouve des articles et guides bien construits dans lesquels elle partage des conseils de style, toujours liés à l’univers de la chemise.
Les bons conseils d’Olivier.
Personnellement, je suis très sensible à ce point car une marque qui éduque ses clients sur ses produits prouve qu’elle maitrise son sujet, et qu’elle n’a rien à cacher. Bien sûr, il faut toujours vérifier si la qualité et/ou la véracité de ce qui est partagé est établie. C’est le cas ici et c’est à mon sens une manière élégante et discrète de se positionner en tant que marque transparente. En conseillant le client, il faut être prêt à ce que le vêtement soit à la hauteur des conseils prodigués.
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Pour mettre à l’épreuve une marque, rien de mieux que d’essayer une nouvelle sortie. Cela est bien tombé car en grand passionné de surchemises, j’ai pu tester la nouvelle surchemise d’Office Artist.
Après s’être illustré pendant plusieurs années sur les chemises formelles, Olivier a décidé de diversifier sa gamme en proposant sa version de la surchemise. L’idée était de proposer un vêtement décontracté, qui répond au problème que nous rencontrons tous : les variations de température. En hiver, on porte souvent un pull épais et un manteau mais une fois arrivé au boulot ou à l’école (ou tout autre endroit passionnant où nous sommes censés nous réaliser…) ces vêtements nous tiennent trop chaud à cause d’un radiateur souvent réglé sur le maximum. Même rengaine lors des soirées fraîches d’été où un simple t-shirt ne suffit pas.
En ce sens, la surchemise a un intérêt pratique : c’est un entre-deux efficace entre le pull épais et la chemise plus fine.
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Test de la surchemise OAK
Détails techniques
- 100% laine
- tissu fabriqué par Vitale Barberis Canonico (Italie)
- motif carreaux
- col classique
- coupe semi-slim
- boutons en corozo teint
- poches plaquées à la poitrine
- couture 7 points au centimètre
le motif se révèle harmonieusement grâce à un tissu italien d’excellente facture.
La marque a opté pour un tissu en 100% flanelle de laine fabriqué en Italie par une filature qu’on ne présente plus, Vitale Barberis Canonico. Le grammage est de 340 g/m2, ce qui est un tissu lourd. Cela garantit une parfaite densité de la matière et tissu suffisamment chaud. C’est d’ailleurs un grammage qu’on retrouve régulièrement sur les pantalons en flanelle, ou les costumes, qui se doivent aussi d’être confortables et chauds.
Le tissu est particulièrement doux au toucher et ne pique pas, même porté avec un t-shirt en dessous. J’apprécie son épaisseur qui est un excellent compromis pour bénéficier de chaleur et de confort.
Le modèle que j’ai testé arbore un joli motif à carreaux bleu et noir, qui se marie parfaitement avec la flanelle de laine. Visuellement on a une pièce qui de loin semble presque unie mais révèle subtilement toute sa nuance de près. J’apprécie particulièrement sa couleur. Avec du bleu et du noir on s’attend à un rendu plutôt sombre mais le résultat final est vraiment lumineux, avec beaucoup de nuance selon l’exposition à la lumière.
Les boutons marrons sont en corozo, une matière naturelle issue du fruit d’un palmier d’Amérique tropicale. Le corozo est souvent décrit comme l’équivalent de « l’ivoire naturel » : il est réputé pour sa robustesse. Sur ce vêtement tous les boutons sont cousus en croix pour plus de solidité. On retrouve ces boutons sur chacune des deux poches poitrine ainsi qu’au niveau du boutonnage des poignets simples.
Ces boutons ont une belle couleur marron clair qui donne du cachet à la pièce : ils se patineront avec le temps. Pour certains ils paraîtront un poil trop imposant. Personnellement, j’en suis très satisfait : généralement on utilise des boutons de chemise classiques sur la plupart des surchemises qu’on retrouve ailleurs. Ici au contraire le parti pris des boutons larges convient mieux à cette chemise conçue en flanelle de laine épaisse qui mérite donc des détails à l’aspect plus brut.
Les poches poitrines boutonnées permettent de différencier cette surchemise d’une chemise « classique ». Assez pratiques, on peut y glisser sa carte bleue par exemple. On aurait aussi pu retrouver des poches latérales au niveau du corps, pour y mettre ses mains lorsque qu’on porte cette surchemise en guise de blouson, voire une poche intérieure pour un portefeuille, mais Olivier n’a pas fait ce choix.
La marque a opté pour un col dit « classique », ni trop grand, ni trop petit. La tenue du col est parfaite et on sent qu’il est suffisamment rigide tout en conservant une certaine souplesse.
Un col qui tient parfaitement grâce à un excellent thermocollé.
Côté finitions, on retrouve des coutures de 7 points au centimètre, gages de solidité. C’est un type de finitions utilisé sur les chemises d’excellente facture et il est très appréciable ici car les coutures se « fondent » littéralement dans le tissu et laissent la vedette au beau motif carreaux.
Au niveau des longueurs, c’est un sans faute. Malgré mon mètre soixante-quatorze, la chemise est à la bonne longueur et couvre le haut des fesses. Cette longueur travaillée n’est pas le fruit du hasard. Olivier me partageait qu’il est difficile de trouver des chemises à la bonne longueur sur le marché, surtout lorsqu’on mesure en dessous d’1m80. Il a donc ajusté la longueur des chemises Office Artist pour qu’elles puissent convenir à ces profils de taille moyenne.
La longueur idéale pour ce vêtement décontracté !
Personnellement, je rencontre souvent ce problème d’excès de longueur chez d’autres marques et force est de constater ici qu’elle est tout simplement parfaite. Idem pour la longueur de manches qui s’arrête un peu après le poignet et est légèrement plus longue (65,5 cm en taille M) que celle d’une chemise classique.
La petite étiquette bleue claire, signature de la marque sur tous ses vêtements.
La coupe est considérée comme semi-slim. Elle suit les formes de la silhouette sans toutefois mouler le buste. Il y a donc de la place pour porter une chemise en dessous comme je l’ai fait avec cette chemise denim qui vient aussi de chez Office Artist. Pour tester le confort, j’ai déjà associé cette surchemise à un col roulé en mérinos : le résultat est impeccable et très élégant.
Le dos est joliment dessiné et on voit qu’il y a de la marge.
La couture des épaules tombe bien sur l’acromion et je suis surpris par le confort qui s’en ressent. Finalement, la surchemise se révèle très agréable à porter et on croirait presque que le tissu comporte de l’élasthanne tant la laine est souple. Pas de surprise au niveau du choix de la taille, j’ai pris une taille M comme j’en ai l’habitude.
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Comment porter cette surchemise ?
Les détails de cette surchemise en font un excellent allié pour tous les styles. Sur les photos, je la porte sur une chemise en denim et une cravate bleue à motifs. Je souhaitais montrer combien ce vêtement est polyvalent en vous proposant un style chic et décontracté. C’est un vêtement de tous les jours à porter en toute saison.
N’ayez pas peur de l’associer avec une autre chemise. Jouez sur le type de col !
On peut aussi varier la manière de porter cette surchemise en retroussant les manches avec un t-shirt en-dessous ; boutonnée ou non ; boutonné sur les boutons du haut et ouvert sur le bas pour un look plus streetwear. Je soulignais la polyvalence de ce vêtement en introduction car c’est une pièce qui s’intègre dans toutes vos tenues, quel que soit votre style. Libre à vous de choisir une manière de la porter qui vous correspond le mieux.
Pour l’hiver, voici quelques idées de look pour homme :
- col roulé en mérinos + surchemise
- chemise oxford (+ cravate) + surchemise
- t-shirt blanc + foulard + surchemise + gilet sans manches
- t-shirt épais + surchemise + manteau
Bref, les combinaisons sont innombrables et ça ne tient qu’à vous d’en créer de nouvelles !
C’est un vêtement qu’on s’approprie et c’est exactement le sens que je donne à l’élégance masculine : les porter et vivre dans ses vêtements.
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Mon avis sur la surchemise Office Artist
Office Artist n’en est pas à son coup d’essai et on ressent tout le savoir-faire qu’elle a injecté dans cette surchemise. En discutant avec Olivier, j’ai aussi réalisé ce qui fait le succès d’une marque de vêtements dans le prêt-à-porter : elle s’affaire constamment à répondre aux besoins de ses clients. C’est ce genre de marques qu’on aime vous présenter chez VGL. Celles qui s’attachent à vous apporter de la valeur, tout en style et qualité.
Vendue à 129 euros, cette surchemise est un excellent rapport qualité/prix. C’est un vêtement qui respire la qualité et qui est fait pour durer. Ayant eu quelques déboires sur des pantalons en flanelle de laine par le passé, je craignais une éventuelle fragilité sur le tissu. Il n’en est rien, cette surchemise est solide et va vous durer des années.
Et c’est ce que j’aime dans l’élégance masculine : avoir un vêtement pratique et élégant qu’on patine à travers le temps.